Sept mois après la destruction de leurs maisons et la confiscation de leurs parcelles, les expropriés de Gasenyi dénoncent une lenteur dans le traitement de leurs dossiers.
« Nous sommes désespérés. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. C’est déjà plus de six mois que nos maisons ont été détruites par ceux qui étaient censés nous protéger », se lamente une mère, expropriée de Gasenyi, en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura. « Nous avons trouvé refuge chez une famille amie, tout en espérant que la question des indemnisations sera vite résolue.» Elle supplie les autorités de vider cette question dans l’urgence.
J.L. abonde dans le même sens : « Après la destruction de nos maisons, nous nous sommes adressés au ministère de l’Environnement. Et ce dernier nous a demandé de patienter tout en promettant que la question sera vite résolue.» Ce chef de famille ajoute que, par la suite, le dossier a été soumis au bureau de l’ombudsman. Une commission mixte composée des représentants des expulsés et ceux du ministère de l’Environnement a été mise en place. Sa mission : statuer sur la question des indemnisations et établir la véritable liste des concernés. Son rapport été transmis audit ministère. « Actuellement, nous attendons que l’indemnisation soit donnée.» Bien qu’il ne se fasse guère d’illusions : « Ils nous ont dit que c’est la loi de 2008 sur les indemnisations qui sera appliquée. Cette dernière les fixe à 250.000Fbu par are, ce qui signifie que celui qui avait quatre ares n’aura qu’1 million de Fbu ». Ce qui est très injuste, estime-t-il, au vu du coût des parcelles.
Il fait savoir qu’il avait une parcelle de 5.5 ares. « Je l’avais achetée à neuf millions de Fbu. Et avec ce calcul, ils vont me donner seulement 1.280.000Fbu.» Et de confier ne pas être optimiste quant à un déblocage rapide de la situation.
Le gouvernement tranquillise
« Les moyens pour les indemnisations sont déjà disponibles. Nous nous sommes concertés avec le ministère des Finances », réagit Célestin Ndayizeye, ministre de l’Environnement.
Pour plus de transparence, le ministre a ajouté que la justice doit d’abord vérifier s’il n’y a pas de personnes enregistrées deux fois ou figurant sur la liste frauduleusement. « Ainsi, nous éviterons que des centaines d’autres viennent réclamer des indemnisations prétextant que d’autres irréguliers ont été indemnisés.» Et de conclure : « Cela peut prendre une ou deux semaines. Mais l’essentiel, c’est que cela se fasse dans l’intérêt des concernés.»
Pour rappel, dans une lettre du 14 mars 2017, le ministre de l’Environnement a décidé que toutes les infrastructures et cultures situées, dans un périmètre de 40 ha, sur le site Gasenyi du palais présidentiel en chantier, doivent être dégagées.
Mardi 11 avril 2017, un bulldozer, sous la supervision de la police, a détruit des maisons. Et 23 ménages se sont retrouvés sans-abri.