Désespérés, n’ayant plus un toit, les «expropriés» se trouvant dans le périmètre du site du palais présidentiel de Gasenyi ne savent plus à quel saint se vouer. Vivants dans des conditions déplorables, ils se demandent quand ils auront leurs indemnités.
«Mes enfants ne vont plus à l’école car ma famille s’est dispersée. Ils vivent désormais loin de leurs établissements», indique une maman, la quarantaine, les yeux noyés de larmes. Cette mère de quatre enfants n’est pas la seule dans cette situation.
«J’ai eu du mal à trouver une autre école pour mes enfants», raconte P.S, un père de 5 enfants qui loue une maison à Kinama. «Louer alors que j’avais ma propre maison, ça fait mal et ça me met en colère», indique-t-il.
P.S a trouvé un logement mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. «Nous n’avons pas tous les moyens de louer une maison. Nous avons trouvé refuge chez des amis», confie Pierre Claver. C’est aussi le cas de Claudine. «Avec mes trois enfants, nous dormons dans le salon d’un ancien voisin. Nous attendons nos indemnités pour pouvoir partir.» C’est ce qu’attend également Joseph Kirusu.
Assis dans les ruines des maisons en démolition, ce vieux de 82 ans indique qu’il ne sait pas à quel saint se vouer. «Je n’ai pas où aller. Qu’on me donne mes indemnités et une autre parcelle alors je partirai.» Joseph Kirusu affirme avoir acheté cette parcelle en 2005.
Laissés à eux-seuls
«C’est une injustice sans nom. On nous accuse d’avoir reçu des indemnités alors que c’est faux. Seuls ceux qui possèdent les parcelles en haut de la route les ont perçues», ajoute ce vieux.
Les propriétaires des 23 maisons démolies le 11 avril dernier se disent traumatisés par ce qui s’est passé ce jour-là. «Amener un bulldozer pour détruire une maison alors qu’on aurait pu s’entendre c’est vraiment cruel», s’insurge l’un d’entre eux.
«Même si on avait reçu nos indemnités, ça aurait été inhumain d’utiliser une telle force. Nous avons perdu beaucoup. C’est comme commencer une nouvelle vie», se lamente un autre.
«Etre chassé sans savoir où aller, c’est traumatisant. Même si on nous donne nos indemnités, ce traumatisme restera toujours», confie une autre propriétaire.
Ces «expropriés» de Gasenyi se disent aussi délaissés. «Depuis notre calvaire, aucune autorité n’est venue nous voir. La dernière fois que nous avons vu le gouverneur, c’est le jour de la démolition. Nos députés, on n’en parle pas», soulignent-ils.
Ces propriétaires aimeraient au moins savoir quand ils auront leurs indemnités. Toutefois, ils sont conscients de la délicatesse de leur dossier. «Il y a des gens puissants impliqués dans ce dossier. Le président de la République doit prendre en main cette question».
Nadine Gacuti, gouverneur de la province Bujumbura, assure qu’elle suit de près ce dossier. «La population pense toujours que les choses se fassent au tic-tac. Qu’ils restent tranquilles, on ne les a pas oubliés. Eux aussi ont une part de responsabilité dans ce dossier car ils étaient au courant depuis 2009 qu’il était interdit de construire dans ce périmètre».
Selon Nadine Gacuti, le gouvernement est en train de chercher où est passé l’argent destiné à les indemniser. «Une personne qui était chargée de distribuer ces indemnités est pour le moment devant la justice mais je ne suis pas habilitée à m’exprimer sur ça».
Omer Niyonkuru, porte-parole du ministère de l’Environnement, demande aux 23 propriétaires de rester patients. «Ce que nous savons au niveau du ministère, c’est qu’ils n’ont pas reçu leurs indemnités».
La protection du droit de propriété est mal gérée au Burundi. Pour le cas présent, c’est l’état lui-même qui a laissé les gens s’installer sur sa propriété : il a laissé faire, péchant ainsi par omission volontaire (c’est grave) ou involontaire (c’est la négligence). Résultat, il doit maintenant détruire des biens et des vies alors que sa mission est de sauver des biens et des vies. Pour les biens des particuliers, vous avez sûrement entendu que certaines parcelles avec des documents en bonne et due forme – titre foncier notarié- ont été frauduleusement vendues par des gens se présentant comme des propriétaires (avec des faux documents). Résultat : les litiges entre les vrais propriétaires et les nouveaux acquéreurs (souvent de bonne foi) encombrent les tribunaux. Ne parlons pas des conflits fonciers sur les collines, il y en a trop. Tout ceci parce que l’état n’arrive pas à s’imposer comme garant de la protection de ses biens et celle des particuliers en général. Les fraudeurs de toute espèce s’engouffrent dans la brèche. Et c’est le chaos.
En plus l’argent avait été débloqué pour les indemniser (sic) selon le Gouverneur de Province qui ne souhaite pas s’exprimer là-dessus!
« Il y avait des arbres ; il y avait des oiseaux. Le blé devait se moissonner bientôt. ….. C’est triste de se réveiller en pleine nuit et de se dire que la paix est finie!!! ». » Patienter?! Dans ces conditions? Ce mot est amère!
Rama
Tu viens d’attirer l’attention aux acheteurs des parcelles et ce qui est une bonne chose mais est-ce que la responsabilité première n’est pas des services de l’état qui attribuent ces parcelles aux endroits interdits? Parce que quand un chercheur de parcelle s’adresse en bonne et due forme aux services de l’urbanisme et qu’il reçoit une parcelle, lui a confiance aux services de l’état et n’a même pas ni les prérogatives ni les outils de savoir si la parcelle est à un endroit interdit pour la construction. A moins que les constructions l’ont été faites en dehors des attributions des services de l’urbanisme ou autres services de l’état habilités.
C’est très triste et nous compatissons avec eux.
Néanmoins, nous aussi il nous faut une réflexion pour voir si nous n’aurions pas tort lorsque nous achetons des parcelles dans des espaces interdites. N’y en a t il pas qui auraient construit dans cet espace en connaissance de cause?
A titre d’exemple, moi j’ai vécu à Kibenga depuis les années 2002. Les Services de l’Etat ont toujours communiqué que l’Avenue du Large sera en voix double (boulevard) tout droit en passant par Kibenga rural vers Gisyo et c’est déjà commencé du Musé vivant au pont Muha. Mais cela n’empêche pas que des gens continuent à construire dans l’espace de la route. Il faut voir après l’Auditorat militaire vers Kibenga rural ce qui se fait. Est ce que demain si les bulldozers se mettent en marche pour détruire ces constructions montées illégalement nous allons crier aux indemnisations?
Qui donne les autorisations de batir?
La logique de Rama est extraordinaire.
Il y a des endroits où il est strictement interdit de vonstruire.
Il y a des services de l’Etat qui attribuent quand même ces parcelles et reçoivent des pots de vin.
Et toi Rama tu conclues « Si les buldozer viennent détruire ces maisons », ces acheteurs n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux mêmes.
Mbega munistre de l urbanisme,DG et la myriade de Directeurs ntaco bajejwe?
Et les chefs de l’opposituon alumentaire que sont Gashatsi,Concilie,Jacques et Mutabazi se taisent pour continuer à brouter.
Pauvre Burundi
C’est en partie la vérité ce que vous dites Monsieur Rama . Cependant , on est tous sans ignorer comment notre ville est en désordre ( je veux dire les constructions ) . Il est anormal de voir une ville qui se dit capital d’un pays dont les maisons sont construites comme si c’étaient des champignons qui poussaient . Tous ces problèmes quant à moi sont les conséquences des services de l’urbanismes qui sont incompétents . À un certain niveau l’état et certains de ses services sont trop mous et laissent faire pour finalement créer toute cette anarchie . Pour mieux comprendre mes idées , allez voir à Gihosha , Kanyosha (Gisyo , ….) . Pour moi la meilleur façon serrait que tous les nouveaux quartiers soient un projet de l’état . Il faut premièrement viabiliser l’endroit bien avant les constructions .