L’association des victimes ’’Amepci-Gira Ubuntu’’ a organisé ce jeudi 14 juillet un atelier pour commémorer le 21eme anniversaire des massacres survenus à l’Université du Burundi. Objectif : éclairer la CVR et surtout la jeunesse.
Le politologue Denis Banshimiyubusa trouve que les massacres de juin 1995 sont le résultat de tout un ensemble de facteurs internes et externes. Dans son exposé, il cite les événements malheureux qui ont secoué le Burundi depuis la veille de l’indépendance. Il souligne qu’ils avaient comme base les divergences politico ethniques.
A côté de cette situation délétère qui prévalait à l’intérieur des frontières nationales du Burundi, il y a le contexte régional. Celui-ci était dominé par le génocide rwandais et l’arrivée au pouvoir du FPR (Front Patriotique Rwandais).
Pour arriver à ces événements tragiques de 1995, il y a eu une forte instrumentalisation des étudiants par leurs aînés politiques. Les participants à cet atelier ne comprenaient pas comment une telle machination a pu s’installer dans un milieu hautement intellectuel.
Partout au monde, explique ce politologue, les campus universitaires sont considérés comme des centres de rayonnement intellectuel. Normalement, insiste-t-il, un étudiant doit analyser toute information reçue en tenant compte du passé et de la situation du moment. «Il doit faire un examen de conscience avant de s’engager. Un intellectuel devrait d’abord raisonner avant d’agir».
Dans des milieux intellectuels, indique Denis Banshimiyubusa, des manipulations existent et réussissent. «C’est incompréhensible mais possible».
Au-delà de la science et de la conscience, note-t-il, il y a d’autres sentiments notamment identitaires qui prédominent. Des fois, souligne ce politologue, un intellectuel peut se retrouver dépassé par son appartenance identitaire, il se laisse alors emporter par la manipulation.
Paul Banderembako, professeur à l’Université du Burundi présent lors de ces échanges a prodigué quelques conseils. «Le milieu universitaire est un milieu académique, l’objectif est de former, de faire des recherches et de rendre service à la communauté».
Au sein des campus universitaires, poursuit-il, il devrait y avoir moins d’activités politiques. «Il peut y avoir quelques dérapages dans un milieu universitaire parce que justement des politiciens sollicitent cette jeunesse pour leurs intérêts».
Ce professeur pense que ce qui s’est passé doit servir d’une leçon à la jeunesse. Selon lui, les sollicitations pour une activité politicienne ne sont que des mensonges. Quoi qu’il arrive, explique-t-il, ils ne peuvent espérer un poste sans qu’ils aient leurs diplômes. De surcroit, ajoute-t-il, ce sont eux qui répondront des actes ignobles qu’ils pourraient commettre. « Il faut éviter d’être embrigadé par les mauvaises idéologies et voir l’avenir comme la lumière de leur vie».