Des enseignants venus de tous les coins du pays ont assiégé, ce jeudi 2 janvier, les locaux du siège national du Fonds de logement du personnel de l’enseignement (FLE) à Bujumbura. Ils veulent quitter ce Fonds qui ne leur sert pas et récupérer leur mise.
12 heures. Nous sommes au siège du FLE dans la zone Rohero de la Commune Mukaza en Mairie de Bujumbura. Un vent de fraîcheur, un gazon bien taillé et des fleurs magnifiques au pied d’un arbre ombrageux. Une nature calme qui contraste avec la tension qui règne ici.
Depuis le matin, des groupes d’enseignants venus de tout le Burundi occupent l’arrière-cour des bureaux de la Fondation. Rompre avec celle-ci est leur mot d’ordre. La colère est palpable. La lassitude se lit sur les visages.
« Ce Fonds de logement ne nous est d’aucune utilité. On peut attendre jusqu’à deux ans pour une demande de crédit. », se désole R.P, un enseignant originaire de la province Karuzi rencontré sur les lieux. Il révèle que l’engagement de restituer l’argent épargné au bout de cinq ans n’a pas été tenu par le Fonds. « Cinq années ont passé avant que le délai soit ramené à sept ans. Après cela, certains se sont vu octroyer leur épargne et à d’autres, il leur a été signifié que leur argent leur sera remis à la retraite! ».
R.P ajoute que leur mécontentement est d’autant exacerbé que les autorités centrales du FLE ne les associent aucunement dans toutes ces prises de décision les concernant. A la fin, il demande que soit respectée la volonté des enseignants qui veulent résilier leur adhésion au Fonds dédié au logement du personnel enseignant.
« Nous passerons la nuit ici s’il le faut. » Emmanuel Havyarimana, petite taille, chemise à carreaux et pantalon noir, exprime tout haut son exaspération. « Lle Fonds avait pour objet d’aider les enseignants à obtenir un logement décent, une mission qu’elle n’a jamais remplie en ce qui me concerne. » L’instituteur exerçant dans la commune Gihogazi en province Karuzi témoigne qu’il a intégré le FLE en 2008 et qu’aujourd’hui, presque douze ans après, il n’a toujours pas de maison d’habitation. « C’est pour cette raison que nous nous sommes donné rendez-vous ici aujourd’hui pour marquer notre retrait de ce Fonds et exiger la restitution de nos épargnes respectives. » Les enseignants sur place n’obtiendront pas gain de cause. Le personnel du FLE est absent. « S’il faut que nous passions la nuit ici pour être régularisés, nous sommes prêts à le faire », affirme M. Havyarimana avec détermination.
Dans un communiqué de presse publié ce lundi 30 décembre, le dirigeant national du FLE, Victor Ndabaniwe, a balayé d’un revers de main les accusations portées par ces enseignants. Il a expliqué que tous les enseignants bénéficient d’un crédit logement sans entrave. Il a confié que le syndicat qui gère le Fonds de logement a accordé la chance à tout enseignant qui ne veut plus continuer avec la Cossesona de signer une fiche de désengagement.