Mardi 28 janvier 2025

Société

Les enseignants affiliés à la FLE usurpés

Les enseignants affiliés à la FLE usurpés

La Fondation pour le logement du personnel de l’enseignement (FLE), instituée pour la promotion du personnel de l’éducation a suspendu l’octroi des crédits aux affiliés. Mais c’est au moment où les membres continuent à s’acquitter de leurs cotisations. Les enseignants s’interrogent sur la destination de leur argent.

Un enseignant adhérant à la FLE témoigne des pratiques douteuses constatées après l’intégration à la FLE : « J’ai adhéré depuis 2012 à cette fondation venue aider pour permettre aux enseignants d’avoir leur logement. Après les grèves des enseignants de 2010, l’État a autorisé les syndicalistes à mettre sur pied cette organisation. Avant les cotisations étaient de 6 000 francs, mais il y a eu par après des changements et en 2015, les responsables ont mis les cotisations à 12 000 francs sans consultation. En mars 2023, les affiliés ont été surpris par un communiqué interrompant les crédits ».

Les enseignants se lamentent et se demandent où vont leurs épargnes, avec 2 ans sans accès aux crédits. « Les lamentations ne peuvent pas manquer. Il y a 2 ans, la FLE ne fonctionne plus. Comme fondation. Les lamentations ont essentiellement trait au retrait de 12 000 francs à la source chaque mois, alors qu’on ne connaît pas ce que font ces frais. Il est vrai, auparavant ils disaient que les 10 000 francs nous appartenaient et que les 2 000 francs étaient destinés au bon fonctionnement de la fondation », raconte un enseignant affilié à la FLE.

« Comme la FLE ne fonctionne plus comme Fondation, où vont les 2000 francs ? Que font-ils ? Quand on va demander cette épargne, on nous fait attendre 2 ans, alors qu’ils ne nous donnent pas de bénéfices. On nous fait toujours comprendre que personne ne peut se retirer. Ont-ils des doutes qu’on ne peut pas rembourser les crédits, alors que ce dernier se fait à la source ? il y a des informations qui font état d’une introduction de la FLE Microfinance, allons-nous adhérer par force, pour qu’ils nous fassent de l’épargne à contrecœur ? », ajoute cet enseignant contacté.

Les affiliés accusent les responsables de la FLE du non communication. « Les responsables de la FLE ne donne pas d’éclaircissements. Ils disent que si on a un crédit à liquider, il faut attendre les 2 ans pour avoir accès à l’épargne. Et avant, cette condition n’y était pas. Si on demande un crédit, il était octroyé avec un intérêt juste de 5 % ».

La FENASEB appelle à la mise en place d’un organe autonome

« La FLE, instituée pour la promotion du personnel de l’éducation, a suspendu l’octroi des crédits aux affiliés, il y a deux ans », alerte Antoine Manuma, le président de la Fédération nationale des Syndicalistes du secteur de l’enseignement de l’éducation du Burundi.
Pourtant, déplore-t-il, le prélèvement mensuel des cotisations opéré par la fonction publique se poursuit. « Au départ, l’ensemble des cotisations collectées constituait un fond de garanti auprès des banques pour accorder à la FLE des prêts destinés aux crédits des affiliés », explique ce syndicaliste.

Au début de l’année 2017, rappelle-t-il, est né la Coalition des syndicats des Enseignants pour la Solidarité Nationale (COSSESONA). « Les ténors de la COSSESONA sont devenus les maîtres de la FLE. Dès lors, des irrégularités ont commencé à se manifester dans la gestion de cette institution ».

Il donne des exemples : « Il y a eu manipulation des textes qui la règlemente avec l’implication directe de la ministre de l’Education de l’époque, qui a permis aux responsables de la COSSESSONA d’avoir une mainmise sur la gestion de la FLE, après avoir écarté le gouvernement du conseil d’administration, qui est devenu actuellement, le conseil de fondation ».

Malgré cela, rappelle-t-il, le gouvernement a été un acteur important dans le démarrage de la FLE avec sa contribution annuelle de 200 millions de francs. « La totalité des appuis accordés par le gouvernement s’élève à près de 3 milliards de francs ».

Il énumère les conséquences de cette gestion par le COSSESSONA, notamment « la discrimination dans l’accès au crédit et aux autres avantages à certains membres de la FLE qui n’ont pas voulu adhérer à la COSSESSONA ».

Selon le président de la FENASEEB, les lamentations liées à cette situation ont été exacerbées par la hausse unilatérale de la cotisation mensuelle qui est passé de 6 000 à 12 000 francs.

La FENASEEB demande au gouvernement la suspension du conseil de fondation actuel, qui a failli à sa mission de gérer efficacement la FLE, de mettre en place un organe autonome pour mettre en marche cette institution paralysée. Autre requête : « la suspension provisoire des cotisations tout en maintenant le paiement et la suspension du processus menant vers la création de la FLE Microfinance parce que ses membres l’ont contesté ».

Aucun projet n’a été réalisé

« Il y a eu l’introduction de la FLE Microfinance sur laquelle aucun enseignant n’a été informé sauf ceux qui ont eu la chance de faire le suivi dans les communes et les provinces. Même les élections du 4 juin 2023 étaient douteuses. De plus, la construction d’une infrastructure de la FLE a pris un montant considérable, mais on ne connaît passe l’étape franchie par le processus du projet », ajoute un enseignant rencontré.

Il souligne qu’il y aurait des crédits octroyés aux particuliers qui ne seraient même pas affiliés à la FLE, tel que démontré par l’Inspection générale de l’État. Et d’ajouter un autre fait : « Certains projets ont démarrés, mais sans succès. À titre d’exemple, le projet prêt maison ».

Un enseignant membre de cette fondation crie au secours : « Nous sommes fatigués. Nous sommes spoliés. Depuis notre adhésion à la fondation, nous avons signé pour un montant de 6 000 francs, mais on nous retient 12 000 francs. C’est trop triste, imagine 19 000 membres qui cotisent cette somme chaque mois, c’est 228 millions de francs burundais, une somme énorme et nous ne savons pas où elle va, c’est honteux ».

« Nous nous sommes rendus à la BRB pour exposer nos craintes et à la primature, nous avons envoyé des lettres pour revendiquer nos droits bafoués par la FLE. Nous avons été menacés. Nous demandions d’arrêter les cotisations pour une institution qui ne fonctionne pas. Il fallait aussi ne pas accorder l’agrément à la microfinance, puisque nous n’allions pas bénéficier des dividendes. On nous avait promis une réponse, jusqu’à aujourd’hui, rien n’a été fait. Ils continuent plutôt de retenir nos 12 000 francs », se désole-t-il.
Nous avons essayé de joindre le président du Cossessona, Victor Ndabaniwe et son adjoint de la CONAPES, Emmanuel Mashandari sans succès.

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