L’année scolaire inclusive 2011-2012 a été ouverte ce lundi 12 septembre à l’école primaire de Kanyosha III, sous le thème : « Que les enfants handicapés aillent à l’école ordinaire aussi. » C’est l’ONG Handicap International, le ministère de l’enseignement de base et secondaire et l’Union des Personnes Handicapées du Burundi (UPHB) qui ont organisé ces activités.
Selon Augustin Ergouze, directeur des programmes à Handicap International Burundi, 42 enfants handicapés étudiaient à l’Ecole Primaire Kanyosha au cours de l’année scolaire 2010-2011. Egalement, souligne-t-il, 56 enseignants ont appris le langage des handicapés. De plus, 51 administratifs à la base ont été formés pour sensibiliser les parents à envoyer les enfants handicapés souvent marginalisés par leurs parents, voisins et enseignants. Ainsi, des émissions de Handicap International ont été diffusées à cet effet.
« Au Burundi comme dans beaucoup d’autres pays, malheureusement, les enfants handicapés ont un accès limité à l’enseignement », regrette Augustin Ergouze. Selon lui, cette observation a poussé son organisation à monter un projet d’éducation inclusive dénommé « Un pas vers la promotion et le développement de l’éducation inclusive au Burundi : pour une réelle Education Pour Tous », qui date de 18 mois.
Ce projet pilote d’éducation inclusive au Burundi, poursuit-il, vise la scolarisation des enfants handicapés au sein des écoles primaires publiques ordinaires en prenant en compte les besoins individuels et/ou spécifiques de chacun d’entre eux : « En adaptant au mieux la méthodologie d’enseignement, les contenus, les locaux, les équipements et supports pédagogiques aux diversités de la classe », souligne Ergouze pour qui l’école est un miroir de la société : « Elle a des fonctions sociales dont aucun enfant ne devrait être privé. »
Durant ces 18 mois, Handicap International dresse plutôt un bilan positif : Six écoles pilotes de Bujumbura et Gitega ont enregistré des enfants handicapés dans leurs écoles, et réussissent comme les enfants normaux.
Une attention particulière à ce projet
« Tous les enfants, handicapés et non-handicapés, ont les mêmes doits à l’éducation », a annoncé le ministre de l’Enseignement de base et secondaire, Séverin Buzingo. D’après lui, le gouvernement est conscient que ce n’est pas facile pour les enseignants de s’adapter à l’enseignement des sourds-muets, par exemple : « Nous allons progressivement former des enseignants en langage des handicapés. » Le ministre Buzingo a également souhaité intégrer ce projet à l’école secondaire.
La directrice de l’Ecole Primaire Kanyosha III a demandé au gouvernement de tenir en considération les besoins des handicapés en construisant des écoles : « Il faut surtout installer des toilettes à siège convenables aux handicapés. » Elle a aussi demandé à Handicap International et aux autres organisations de fournir de l’internet et un cyber à son école pour l’ouverture des élèves au monde.
Les cérémonies se sont clôturées par l’attribution de matériels scolaires aux enfants handicapés.
_____
Des chiffres : l’Afrique plus handicapée
Dans leur rapport du 9 juin 2011 sur le handicap dans le monde, l’OMS et la banque mondiale estiment que plus d’un milliard de personnes vivent avec une déficience, soit environ 15% de la population mondiale. Pour les enfants de 0 à 14 ans, ce rapport estime que le handicap concerne 95 millions d’enfants (5,1%) dont 13 millions (0,7%) avec « un handicap sévère ». L’UNESCO affirme, quant à elle, que 72 millions d’enfants demeurent exclus de l’école et 7/10 vivent en Afrique sub-saharienne ou en Asie du Sud-est et de l’Ouest.
Les enfants en situation de handicap, pour leur part, représentent un tiers des enfants non scolarisés. Et moins de 10% des enfants handicapés sont scolarisés (UNESCO, 2010). Plus particulièrement pour les enfants handicapés, estime Handicap International, nous sommes donc encore loin des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui voudraient que tous les enfants en âge scolaire aillent à l’école d’ici à l’an 2015