Dans la plupart des bureaux de vote dans la ville de Gitega, la population vote pour les notables mais sans grande engouement comme elle le fait souvent dans les autres scrutins. Pour la plupart des électeurs, les notables ne seront pas totalement indépendants.
Sur les bureaux de vote des quartiers comme Yoba, Magarama, force est de constater qu’on a constaté qu’il n’y avait qu’un seul bureau de vote. A Magarama où il fallait plus de 12 bureaux au cours des élections précédentes, il n’y avait qu’un seul ce matin. Même constant à Yoba, dans les enceintes de l’Ecofo Yoba, une seule salle de classe était réservée à ce scrutin, ce qui a incité les électeurs à se poser de nombreuses questions. Pour les uns, ces élections ont été négligées par les organisateurs car il fallait ouvrir beaucoup de bureaux pour que les électeurs ne passent pas beaucoup de temps sur les files d’attente.
« C’est la même population du quartier qui vote. Je ne comprends pas pourquoi on a mis à notre disposition un seul bureau. Pendant les élections présidentielles il a fallu 6 salles de classe ici et personne ne prétendra que tout le monde a voté », explique une femme qui affirme attendre les heures de l’après-midi pour aller voter. D’après cette dame qui accompagnait sa petite fille de la maternelle pour son premier jour de classe, il ne faut pas perdre tout son temps sur les files d’attente car elle a des autres obligations à la maison. Même son de cloche pour un homme d’une quarantaine d’années qui nous a avoué ne pas avoir compris cette tactique utilisée pour ces élections. Il reconnait que la place des notables est essentielle dans la société et qu’il fallait mobiliser plus de moyens comme dans les autres élections. Selon lui, il ne faut pas de chercher de midi à quatorze heures pour voir que ce scrutin est négligé ou mal préparé.
« Regardez, pas d’observateurs indépendants, ce sont les responsables collinaires qui font tout, pas d’isoloirs dans la salle », souligne un chauffeur qui venait de voter.
Même constat à Magarama, là aussi, les critiques ne manquent pas. La seule salle de classe utilisée pour cette activité importante est loin derrière des autres salles de cours. Il fallait demander pour savoir exactement où se déroule les élections. Pas d’affichages à l’entrée, la confondre avec le bureau du directeur où les parents s’agglutinent pour demander des places de redoublement pour leurs enfants était fort possible. Vers les heures de midi, 330 personnes avaient déjà effectué leur devoir civique.
« Celui qui ne sait pas lire et écrire doit recourir à ces mêmes autorités administratives. Nos craintes ce que ces autorités peuvent choisir le candidat qu’elles souhaitent. Cela signifie que ces notables seront à la botte de l’administration », a déploré un jeune homme qui n’a pas hésité de reconnaitre d’être dans l’opposition. Selon lui et d’autres électeurs, les jeux sont déjà faits, plus de suspense ni d’engouement. Ils affirment que c’est l’élection d’un accompagnateur des élus collinaires. Comme ils le font savoir, ce sont les mêmes visages qui viennent solliciter les voix.
« S’ils ne sont pas membres des comités de sécurité, ils sont anciens élus ou membre influents du parti au pouvoir dans le quartier ce qui n’a pas l’odeur de sainteté chez beaucoup qui aspirent du changement, de l’indépendance et de l’impartialité de ces notables. »
Autre handicap de taille chez certains, les responsables du bureau de vote gardent les cartes d’identité de ceux qui terminent de voter, ce qui n’a pas été au goût de tout le monde. Elles font savoir qu’elles ne peuvent pas se permettre de laisser leurs cartes d’identité dans le bureau de vote et revenir après pour les récupérer.
« C’est une perte de temps, faire la queue durant une heure et revenir après est incompréhensible. Je préfère voter le soir et si j’arrive en retard tant pis. Déambuler en ville sans une carte d’identité, c’est dangereux », pointe un commerçant. Pour le chef de quartier Magarama, cette tactique de confisquer les cartes d’identité après le vote, c’est d’empêcher qu’il y’ait des fraudes.
Y-a-il eu consigne donnée aux policiers pour ne pas contrôler les pièces d’identité en ville ?