Élèves et écoliers livrés à eux-mêmes, manque à gagner pour les écoles à régime d’internat, menaces proférées à l’endroit de certains enseignants,… les conséquences de la grève des enseignants commencent à se faire sentir.
Dans la province Cibitoke, les enfants ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous sommes dans la désolation totale. Toutes les activités sont au ralenti », se désole une écolière du chef-lieu de la province. Le 17 juin, les enseignants du primaire ont en effet rejoint leurs collègues du secondaire dans leur mouvement de grève.
De la lassitude à l’inquiétude, il n’y a qu’un pas que Nicolas Nahishakiye, finaliste des humanités générales, franchit : « Cet arrêt de travail prolongé peut inciter les élèves à abandonner leurs études. Le risque de grossesses non désirées et de maladies sexuellement transmissibles n’est pas à exclure.»
Du côté parental, on ne cache pas non plus ses craintes. Nadine Nahimana, un parent, s’inquiète que certains enfants livrés à eux-mêmes pourraient boire de l’alcool ou consommer des stupéfiants : « Il est difficile de contrôler les adolescents qui n’ont rien à faire. »
Face à cette situation, un parent conseille au gouvernement d’écouter les doléances des enseignants. Néanmoins, Nestor Nizeyimana demande à ces derniers de ne pas prendre en otage les enfants à la fin de l’année scolaire.
Menaces sur les grévistes
Si certains font montre d’une certaine sagesse dans leurs propos, d’autres n’ont pas hésité à s’en prendre aux grévistes. Ainsi, certains enseignants syndiqués disent avoir été menacés par téléphone.
Un enseignant du secondaire de la commune de Mugina confie qu’il a reçu des appels d’intimidation lui intimant l’ordre de retourner au travail. « Il était même question de licenciement ! », signale-t-il.
Interrogé à ce sujet, le Directeur Provincial de l’Enseignement (DPE) nie avoir entendu de tels actes d’intimidation. Anicet Saïdi reconnaît tout de même la gravité de la situation.
Certains responsables d’écoles publiques estiment la situation incontrôlable : « Cette situation est inquiétante. On n’avait jamais observé un tel mouvement de grève soutenu par tous les syndicats », déclare un directeur d’un lycée local qui a voulu garder l’anonymat.
Du côté des établissements secondaires à régime d’internat, le préjudice causé par ce mouvement de grève est énorme. « Les pertes déjà enregistrées sont élevées quand on est obligé de nourrir des centaines d’élèves qui ne font rien », martèle un directeur de lycée rencontré au chef-lieu de la commune Bukinanyana, à une centaine de kilomètre du bureau de la province Cibitoke.
Ce qui est désormais certain pour Anicet Saïdi (DPE), c’est que « les retards au niveau du calendrier scolaire seront difficiles à rattraper. »