Mme Clotilde Niragira a fait un éloge de la situation des Droits de l’Homme au Burundi, dans un discours prononcé lors du Segment de Haut Niveau de la 19ème session du Conseil des Droits de l’Homme, tenu à Genève le 29 février 2012. Un tableau trop parfait…
Pour Mme Niragira, ministre de la solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre, depuis la mise en place des institutions démocratiques de 2005, de 2010 à nos jours, tout va bien dans le domaine des droits de l’homme. Dans son discours, elle énumère les mécanismes mis en place dans ce sens. Il s’agit notamment de l’institution de l’Ombudsman, la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme et la Commission Nationale Terres et autres Biens. Sans oublier la prochaine Commission Vérité et Réconciliation. La ministre fait aussi la louange des efforts, qui ne sont plus à démontrer, fournis par le gouvernement dans le domaine des droits économiques et socioculturels. Clotilde Niragira n’a pas manqué de prouver l’évidence de l’attachement du gouvernement burundais au respect de la liberté d’association, de réunion et d’expression. Elle a également mentionné les efforts du gouvernement pour combattre les inégalités liées au genre et protéger, promouvoir les droits humains et les droits des enfants. Elle n’a pas manqué de souligner que le Burundi souscrit au caractère universel et indissociable de tous les droits. Bref, pour la ministre Clotilde Niragira, tout va bien.
Et pourtant …
Il est vrai qu’il existe des avancées significatives en matière de droits de l’homme, notamment sur le plan institutionnel, ainsi que les mesures phares du pouvoir visant la gratuité de certains services. Nous disposons également de très bons textes sur les droits de l’homme. Même s’il existe un écart certain entre ces textes et la pratique. La ministre Niragira semble ignorer les rapports sur le Burundi qui dénoncent la situation de droits de l’homme. Simple oubli ou fait volontaire ? C’est comme si elle s’adressait à des gens qui ne connaissent pas le Burundi, alors qu’il aurait été mieux indiqué de mentionner aussi les problèmes qui existent et demander le soutien de la communauté internationale. <doc3264|left>De toute façon, elle a manqué une bonne occasion de répondre aux préoccupations des Nations Unies, par exemple, concernant notamment 57 exécutions extrajudiciaires en 2011. Le minimum aurait été de parler de l’état actuel des enquêtes sur les viols graves des droits de l’homme et les mesures envisagées. Sans oublier les cas de viols dont sont constamment victimes les femmes, surtout dans les provinces de l’ouest. Bien qu’effectivement certains efforts soient fournis et visibles, dire que tout va bien frise le ridicule. « La ministre en charge des droits de l’homme devrait être plus sensible à cette question. Car, si elle ne défend pas ces droits, qui va le faire au gouvernement », s’interroge Pacifique Nininahazwe, président du FORSC.
Un silence coupable …
Actuellement, il existe un consensus de tous les observateurs, tant nationaux qu’étrangers, le gouvernement compris, que la justice burundaise n’est pas indépendante, bien que la ministre des droits de l’homme ne l’ait pas mentionné. Quant à la liberté d’association ou d’opinion, il est facile de compter les partis politiques agréés, ou les associations et les médias existant, mais cela ne signifie pas qu’ils ne rencontrent pas de problèmes dans leur fonctionnement. Personne n’ignore les leaders politiques qui sont en exile et pourchassés par le pouvoir, malgré son discours officiel les invitant à rentrer au bercail. Et certains médias et associations de la société civile sont souvent dans le collimateur de la justice. Pour Pacifique Nininahazwe, c’est incroyable qu’on ne retrouve pas, au moins, le mot Gatumba dans ce discours, alors que même le Président de la République a parlé d’un crime contre l’humanité : « La ministre Clotilde Niragira aurait dû le dénoncer et dire les mesures pour que tous ceux qui y ont joué un rôle soient châtiés.