A l’Université du Burundi (UB), on parle de magouilles dans le recrutement des assistants. Son conseil d’administration a retenu certains candidats qui n’avaient pas les compétences requises.
<doc4798|left>Quand Alexis Bigirimana a su qu’il était sélectionné par le conseil de faculté pour être assistant à l’UB, ce sont ses rêves qui se réalisaient. Mais, il a très vite déchanté, le jour où les lettres de nomination sont arrivées. « Je n’ai pas été retenu. Pourtant, j’avais la meilleure note », déclare-t-il, encore interloqué.
Le 23 avril 2012, l’UB lance un avis de recrutement. Cette institution veut de nouveaux assistants. Parmi les critères de sélection, la note distinction est prioritaire. C’est le jackpot pour Alexis Bigirimana. Il a 71, 41%. Après la sélection, le conseil de département des langues et littératures africaines choisit 4 candidats. La liste est envoyée au conseil de la Faculté des lettres et sciences humaines (FLHS). Celui-ci doit sélectionner deux candidats pour ce département. Deux postulants se distinguent. Alexis Bigirimana, premier avec 71, 41% et Dieudonné Butoyi avec 68,08%. Les noms sont envoyés au conseil d’administration de l’UB pour nomination.
Retournement de situation
Alexis Bigirimana a été rayé de la liste. Remplacé par Pierre Nduwingoma (67,9%). «Il n’était même pas parmi les candidats sélectionnés par le département.», souligne le candidat non retenu. Pierre Nduwingoma avait déposé un Master en didactique du français, poursuit-il, ce qui ne relève pas du département des littératures africaines. Même son de cloche du côté du chef dudit département, Isaïe Nimpagaritse. «Il avait été exclu parce que son diplôme ne collait pas avec les spécialités du département.», martèle-il. Il avait un dossier incomplet, poursuit-il, car il manquait ses bulletins des licences. Et d’ajouter que les professeurs de la FLHS, à commencer par ceux du département des langues et littératures africaines, sont contre cette décision du conseil d’administration. Selon Pierre Claver Kantabazi, chef du département des langues et littératures africaines à l’ENS, cet assistant contesté n’a pas été retenu pour les mêmes raisons.
Après des lettres au président du conseil d’administration de l’UB, au recteur de cette institution et au ministre de tutelle qui le renvoie aux deux premiers, Alexis Bigirimana ne sait plus à quel saint se vouer. «Je demande tout simplement à être rétabli dans mes droits.», réclame-t-il.
D’après Elie Sadiki, président du collège des assistants de l’UB, cette situation s’observe aussi dans la faculté de droit. «Le candidat retenu par le conseil d’administration n’était pas sur la liste donnée par le conseil de faculté», souligne-t-il. Il soutient que certains éléments exigés dans l’appel d’offre d’emploi n’étaient pas dans le dossier.
Deux critères importants : âge et niveau de diplôme
Normalement, le critère âge est déterminant dans le recrutement à l’UB. Les moins jeunes sont favorisés. Selon Onesphore Baroreraho, président du conseil d’administration de l’UB, l’âge des candidats a eu une grande importance dans ce choix. « Avoir un master a été un point de plus pour le candidat retenu, précise-t-il. Mais curieusement, Pierre Nduwingoma a 38 ans tandis qu’Alexis Bigirimana en a 36. Pour le master en didactique du français, il est sans importance pour le département, d’après Isaïe Nimpagaritse.
Cependant, Onesphore Baroreraho tranquillise. En effet, il indique qu’il soumettra la question au conseil d’administration. « Après le 3 août 2012, je donnerai une réponse individuelle aux candidats qui se disent lésés », promet le président du conseil d’administration.