Après une période de répit, les mouvements vers les pays du Golfe s’intensifient ces derniers jours. Il s’observe également des mineurs qui tentent de regagner la Tanzanie en passant par les provinces Ruyigi et Cankuzo.
Mercredi 16 août, la police appréhende 24 femmes et jeunes filles dans la province de Kayanza. Elles sont à bord de deux minibus et disent se rendre en Ouganda pour acheter des marchandises. Quelque chose cloche, intrigue la police. Après le contrôle, ces femmes et filles n’ont aucun rond. Bizarre.
De plus, la police constate que 18 d’entre elles ont des passeports tout neufs avec des cartes de vaccination mal complétées tandis que 6 autres se rendent régulièrement à Oman. La police suspecte vite un trafic humain. Elles sont directement conduites au cachot du commissariat de la police de Kayanza.
«Les 18 jeunes filles ont été relâchées et la police est restée avec les 6 femmes qui sont soupçonnées d’être des trafiquantes», indique Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique.
En date du 14 août 2017, la police intercepte également 21 jeunes dont l’âge varie entre 12 et 14 ans sur la colline Musumba, commune Kinyinya en province Ruyigi. Ces mineurs avouent qu’ils comptent aller en Tanzanie à la recherche du travail. Dans la foulée, 4 hommes seront interpellés, accusés de s’adonner au trafic humain.
D’après Pierre Nkurikiye, ces hommes perçoivent 30 mille Fbu pour chaque enfant livré à leur maître en Tanzanie. Et d’ajouter que le dossier est en cours.
Des hauts et des bas
Au chef-lieu de la province Muyinga, la reprise des départs vers les pays du Golfe est une réalité. «Aujourd’hui, cela se fait dans le secret absolu. Ce n’est pas comme l’année passée», confie C.H, un habitant de la ville de Muyinga.
Des sources sur place signalent au moins 2 cas connus de jeunes filles parties à Oman durant ce mois d’août. «Les autres partent clandestinement. Les familles nous disent qu’elles sont parties rendre visite à des proches à Bujumbura.»
Dans cette province, les départs vers les pays comme le Malawi et le Zimbabwe sont également signalés. «Ce sont les jeunes filles qui partent le plus souvent. Elles rencontrent beaucoup de problèmes», souligne Pierre Claver, un habitant du quartier Swahili.
D’après lui, les commissionnaires font miroiter à ces filles des jours meilleurs en leur proposant le métier de vendeuse. «Les plus chanceuses deviennent vite des maîtresses de leurs employeurs. Quand elles tombent enceintes, éclatent alors des problèmes avec les épouses légitimes.» Du coup, poursuit-il, elles sont chassées et elles se retrouvent sans moyens pour rentrer.
Toutefois, les habitants de Muyinga nuancent en ce qui concerne ces départs surtout dans les pays du Golfe. «Il y a des filles qui sont maltraitées mais il existe aussi celles qui réussissent bien leur vie.»
D’après des témoignages, certaines filles envoient des dollars à leurs familles. Ce qui leur permet de rehausser leur niveau de vie. «Mon père est en train de construire une autre maison grâce à l’argent que ma sœur envoie», confie un jeune de Muyinga, sous anonymat.
D’autres mamans ont lancé des activités commerciales grâce à l’argent venu du Golfe persique. «Mais aucun parent n’avouera cela ouvertement», indique Martin, la cinquantaine, avec ce genre de sourire un peu moqueur.
Un phénomène qui renaît après une période de répit
«Apparemment, ce phénomène reprend après des mois de répit. Aujourd’hui, les filles qui partent passent par Kampala», reconnaît Pierre Nkurikiye. Il fait savoir que la police suit de près ce dossier «pour voir si c’est une recrudescence du trafic humain ou si ce sont des cas isolés.»
C’est le même constat de Jacques Nshimirimana, président de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (Fenadeb). Ce qui est nouveau aujourd’hui selon lui, c’est que ce trafic n’est plus fait au grand jour comme auparavant. «De plus, les mineurs ne sont plus ciblés. Ça fait trois mois qu’on ne relève aucun cas d’un mineur qui part.»
Concernant les filles majeures, Jacques Nshimirimana trouve que c’est à la police de faire des enquêtes pour vérifier le but de leur voyage. Le président de la Fenadeb préconise la mise sur pied de la Commission de concertation et de suivi sur la prévention et la répression de la traite des personnes prévue dans la loi no1/28 du 29 octobre 2014 portant prévention et répression de la traite des personnes et protection des victimes de la traite.
«Comme nous l’avons toujours demandé, le Burundi doit signer une convention de coopération bilatérale avec les pays du Golfe afin que ces jeunes partent dans le respect des lois nationales et internationales», appelle-t-il.
Concernant le cas de Ruyigi, Jacques Nshimirimana assure qu’il a déjà demandé au ministère des Relations extérieures de discuter avec les autorités tanzaniennes afin de protéger ces mineurs qui partent travailler en Tanzanie. «La police doit aussi redoubler d’efforts pour intercepter ces mineurs non accompagnés qui veulent passer la frontière.»
Kinyinya, des déplacements habituels et temporaires
A Kinyinya, province Ruyigi, l’administration dit que ces migrations vers la Tanzanie datent de longtemps. «Durant les vacances, il s’observe des mouvements soutenus de jeunes vers la Tanzanie à la recherche du travail», affirme Jean-Claude Ndiritiro, conseiller économique de l’administrateur de la commune Kinyinya.
Seulement, nuance-t-il, ces derniers mois, même ceux des autres provinces comme Gitega, Karusi, … transitent par là. Par ailleurs, ce dimanche, six personnes originaires de Karusi y ont été appréhendées alors qu’ils s’apprêtaient à partir pour la Tanzanie. «Nous les avons interceptés, et puis, ils ont été renvoyés chez eux.»
Dans de telles situations, signale cet administratif, les personnes arrêtées sont gardées à la commune, identifiées et conduites dans leurs communes d’origine. Et de préciser qu’il y a une semaine, 14 jeunes burundais de la commune Kinyinya ont été arrêtés par les autorités tanzaniennes et reconduits à Kobero, province Muyinga. «La commune s’est chargée de les récupérer et de les remettre à leurs familles respectives.»
Des déplacements qui ne sont pas sans risques. M. Ndiritiro indique que certains jeunes sont surexploités et rentrent bredouille. «Ils travaillent dans les plantations de tabac, gardent des vaches…»
Selon lui, ce sont surtout les mêmes employeurs qui, après les avoir payés, organisent des rackets sur leur chemin du retour au pays. Et de conseiller aux parents de contrôler et d’encadrer leurs jeunes en vacances.
Notre police est géniale quand il faut traquer les citoyens en quête du mieux être. Pourquoi est-ce qu’elle n’a pas encore « ragrafé » le tueur en série Gérard Ndayisenga, responsable des SNR à Muyinga qui tue à tour de bras?
erratta: agrafé
Incroyable! Les déplacements de population ont toujours existé depuis que le monde est monde. Est ce que la police burundaise est capable de faire le tri entre ceux qui partent pour chercher du boulot ou ceux qui font effectivement l’objet de trafic? A t on le droit de voyager librement ou non ? A la recherche d’une meilleure qualité de vie ? Puisque le Burundi fait tout pour nous rendre la vie difficile. Le Burundi devrait plutot créer les conditions favorables pour que ses filles et fils restent . Pour le moment Il ne fait rien ! Pourquoi les Rwandais ne partent pas, les angolais non plus, les congolais et les burundais si! Cherchez l’erreur. Oh Pauvre pays , stupides princes.
@Ramazani: Cette police essaie de se créer des passe-temps. Puisqu’elle n’a pas de portefeuille défini. Combien de fois les Burundais ont traversé la Mukarazi ou la Rumpungwe pour se rendre à Mabamba (Côté Tanzanie) et de là continuer vers Kibondo, Nyakanazi, Runzewe, Kahama…Isaka…Dar-es-Salaam. Et je vous assure que sur ce trajet vers on ne sais quel ciel providentiel, il fait mieux vivre que travailler pour contribuer aux éléctions de 2020.
Les Rwandais ne partent pas????????? Vous avez des données statistiques??????? Kigali est plus Cher que Bujumbura Mon frère. Ouvrez les yeux et eviter de parler du mal à un pays qui t’a éduqué c’est vraiment déshonorant.
Ces départs vers les pays étrangers sont un signe éloquent que le pays va mal. S’il y avait moyen de faire un sondage auprès de toute la population burundaise pour s’enquérir de ce qu’elle en pense, je suis sûr que les statistiques seraient révélateurs à propos des causes profondes de ces départs. Il ya un malaise social généralisé et les autorités, pour justifier leur irréponsabilité dans la gestion des causes de ces départs nous racontent des histoires de trafic humain.