Les enfants malvoyants se heurtent à une multitude d’obstacles qui compliquent leur accès à l’éducation et à une vie sociale épanouie. Beaucoup de parents voient peu d’intérêt à scolariser leurs enfants malvoyants, convaincus que leur handicap les empêchera de réussir. Audace Coyitungiye, directeur de la Penn Blind School, décrit les difficultés rencontrées par son institution et les efforts déployés pour offrir une éducation inclusive et des perspectives d’avenir.
Les enfants malvoyants au Burundi font face à de nombreux défis qui entravent leur accès à l’éducation et à un développement sain. Beaucoup de parents ne considèrent pas la scolarisation des enfants malvoyants comme une priorité, pensant qu’ils ne pourront pas réussir à cause de leur handicap. En conséquence, certains préfèrent les garder à la maison plutôt que de les envoyer à l’école. Cette perception est souvent renforcée par le manque de ressources dans les écoles spécialisées, ce qui peut décourager les parents d’inscrire leurs enfants, craignant que les conditions d’éducation ne soient pas adéquates.
En plus de ces défis éducatifs, les enfants malvoyants, surtout ceux issus de milieux défavorisés, ont du mal à accéder aux soins de santé dont ils ont besoin. Les services médicaux adaptés sont rares et souvent coûteux, limitant ainsi l’accès à un traitement adéquat. Les enfants malvoyants subissent également des discriminations et sont parfois rejetés par leur famille et la société, ce qui affecte leur bien-être émotionnel et social.
Audace Coyitungiye, directeur de Penn Blind School, une des écoles spécialisées pour l’éducation des enfants malvoyants, souligne les défis rencontrés par son institution dans le fonctionnement quotidien. « Nous rencontrons pour le moment un problème lié à l’obtention du matériel didactique, surtout digitalisé, pour pouvoir enseigner ces enfants avec ce type de handicap, » dit-il.
Penn Blind School manque cruellement de ressources, notamment de machines pour l’obtention de livres ou de notes en braille, ce qui coûte énormément cher. Actuellement, l’école dépend entièrement de la famille Uwiragiye pour le financement à travers Uwiragiye Fondation, sans aucun autre soutien de partenaires technico-financiers.
Pour sélectionner les enfants accueillis à Penn Blind School, une équipe composée d’enseignants, de psychologues et de techniciens médicaux est déployée dans toutes les provinces du pays. « Cette équipe parvient à identifier des élèves qui sont en mesure de suivre convenablement les cours et ceux qui ne le sont pas, » explique Audace. Seuls les enfants présentant un handicap visuel unique sont retenus, ceux ayant des handicaps multiples étant malheureusement exclus du programme actuel.
Les élèves malvoyants assurent en matière de réussite
Penn Blind School adopte une approche inclusive, intégrant des enfants malvoyants avec ceux sans handicap. Selon Audace, « les enfants handicapés visuels étudient normalement, comme les enfants sans handicap visuel, lorsqu’ils se trouvent dans une même classe ». Il cite l’exemple d’un élève malvoyant de la 8ème année, Bertin, qui est arrivé premier de sa classe avec plus de 90 %, tandis que le deuxième, un élève sans handicap visuel, a obtenu environ 80 %.
Concernant la cohabitation, Audace note qu’il y a eu quelques mésententes au début de l’intégration inclusive, mais avec le temps, la cohabitation est devenue harmonieuse. « La cohabitation devient normale, » dit-il, ajoutant que les élèves malvoyants et non-malveillants cohabitent désormais bien.
Pour l’avenir, Penn Blind School envisage de mettre en place un centre pour l’enseignement des métiers. Ce centre serait destiné non seulement aux élèves ayant terminé l’école fondamentale ou post-fondamentale, mais aussi à ceux qui n’ont pas pu fréquenter l’école, mais souhaitent apprendre un métier. « Nous avons aussi comme objectif de pouvoir approcher les autorités compétentes pour plaider afin que le gouvernement puisse aider convenablement les enfants à handicap visuel », ajoute Audace.
En 2018, le Burundi comptait environ 350 316 aveugles et 113 014 malvoyants. À l’échelle mondiale, plus de 2 milliards de personnes souffrent de déficience visuelle ou de cécité selon l’OMS (Organisation mondiale pour la sante) et parmi celles-ci, au moins 1 milliard vit dans des régions à revenus bas ou moyens.