Suite à la gratuité de l’enseignement dans les écoles primaires avec corollaire des effectifs pléthoriques, beaucoup de parents optent pour les cours du soir. Pour le plus grand bonheur des enseignants.
<doc6703|left>Il est 16 heures, cartable au dos, Egide Iradukunda se dirige nonchalamment vers le quartier Shatanya à la rencontre de sa maîtresse qui lui donne des cours du soir. Comme cet écolier l’indique, il n’est pas le seul. Il est avec 20 autres camarades qui, chaque soir, doivent approfondir leurs enseignements de la matinée : « Au début, nous avions cru qu’il y’aura des avantages surtout pour les parents qui n’avaient pas de moyens pour payer les frais scolaires. Mais à la longue, nous avons constaté que nos enfants sont devenus victimes d’une politique qui n’avait pas été bien planifiée », regrette Victor Manirantije.
Par ailleurs, des enseignants se plaignent d’avoir trop d’élèves dans les classes. « Quand je suis dans ma classe, je ne peux pas même me déplacer entre les rangées. Il est devenu impossible de donner des exercices car je ne peux pas suivre tous mes élèves. Je ne connais même pas la moitie de mes élèves », a avoué Joseph qui enseigne en 3ème année dans l’une des écoles de la commune Gitega.
« Nous appliquons l’article 15 »
Des personnes, surtout celles qui n’ont pas de moyens, critiquent cette pratique qui est devenue monnaie courante. Certains l’appellent péjorativement enseignement parallèle. Ignace H. affirme que « les enseignants mettent tous leurs efforts lors des cours du soir puisqu’ils procurent plus de revenus. » Ce que certains éducateurs ne nient pas. « Le salaire des cours du soir dépasse de loin celui de la fonction publique. « Comme nous n’avons pas d’autres sources de revenu, nous appliquons l’article 15 », explique I.R.
Cependant les élèves, qui bénéficient de ce privilège des riches, ne sont pas meilleurs que les autres. Pour ce parent, à 20 000fbu par enfant et par mois, chaque enseignant cherche le maximum possible d’écoliers pour gagner plus. Et partant, conclut-il, la qualité de l’éducation reste médiocre.
La D.C.E. Gitega, (Direction Communale de l’Enseignement) reconnaît l’existence de cette pratique. Mais, ils font savoir qu’il est strictement interdit aux enseignants de dispenser des cours du soir aux élèves de leurs classes.