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Les communautés de Makamba et Rutana accueillent à bras ouverts le 109

15/12/2016 Commentaires fermés sur Les communautés de Makamba et Rutana accueillent à bras ouverts le 109

Le 29 novembre dernier, les femmes leaders des communautés des provinces Rutana et Makamba ont été réunies à l’antenne de la Croix Rouge Makamba pour être sensibilisées sur la ligne gratuite de redevabilité 109. Une autre occasion pour elles de pousser un ouf de soulagement.

Certaines participantes ont même donné des propositions intéressantes.
Certaines participantes ont même donné des propositions intéressantes.

« Tugire ubuntu…Imisi yose na hose ! » (Soyons humanistes, tous les jours et partout !) Telle est la salutation de ces femmes et des animateurs dans leurs échanges dans une ambiance chaleureuse et de complicité. « N’ayez plus peur, ne vous taisez plus, agissez, c’est votre droit ! » Tel était, en général, le leitmotiv des formatrices venues sensibiliser ces femmes et filles sur la ligne verte 109, pour changer leurs conditions de vie, se battre pour leurs droits et ceux des autres. Comme dans les autres provinces, les femmes de Makamba et Rutana ont reconnu qu’elles sont souvent victimes de la violation de leurs droits, ou témoins de cas nécessitant des interventions, mais que beaucoup n’osent pas le dire ou réagir. Comme dans les autres provinces, elles ont posé beaucoup de questions sur la fiabilité de cette ligne verte quant à sa réelle confidentialité, ce dont les animatrices ont vite fait de les rassurer. Certaines ont même donné des propositions intéressantes, comme collaborer avec la brigade anti-corruption pour sévir contre les policiers et les administratifs corrompus pour qu’ils n’interviennent pas. Après les travaux en groupes, ces femmes de Makamba et Rutana ont reconnu que, dans leurs communautés, elles sont souvent victimes de violences conjugales et des violences basées sur le genre, elles font face au concubinage et aux enfants nés hors mariage de leurs conjoints : Certaines ont dénoncé des tortures morales, lorsqu’elles ne sont pas chassées de leurs ménages ou qu’elles n’ont pas de droit à la gestion du patrimoine familial. Quant à leur silence, il est causé, ont-elles reconnu également, par la culture qui impose aux femmes de garder le secret du ménage, au manque de téléphones ou d’information, pire encore, à l’analphabétisme car, certaines ne savent pas utiliser les nouveaux moyens de communication.

Des femmes décidées à agir

Pour Béatrice Ndayishimiye, le plus important est que le 109  est, non seulement gratuit, mais surtout confidentiel.
Pour Béatrice Ndayishimiye, le plus important est que le 109 est, non seulement gratuit, mais surtout confidentiel.

Ces femmes leaders ont décidé, après cette séance, de sensibiliser les autres, le plus largement possible, sur l’importance de la ligne verte 109 et sa fiabilité et les moyens de l’appeler malgré la pauvreté, ainsi que sur le partage des informations vérifiées et fiables. « Nous voulons toutes être des 109 et ne plus être passives, nous devons défendre nos droits et aider les autres », répétaient-elles, galvanisées, durant leurs interventions.

« Le numéro 109 vient à temps dans cette province de Makamba. Beaucoup de femmes d’ici rencontrent des problèmes et ne savent pas à quel saint se vouer. Ce numéro leur vient donc au secours car elles pourront l’utiliser en cas de nécessité », indique Pascaline Bukuru, présidente du mouvement Guides à Makamba. Elle promet que, puisque ce numéro est gratuit, elle va aider les autres femmes à appeler au 109 et les inciter à ne plus se taire.

« J’ai été très ravie de l’existence de ce numéro qui, à mon avis, aurait dû être là depuis longtemps. Il va aider dans la lutte pour les droits des femmes victimes de toute sorte d’abus. Et le plus important est qu’il est, non seulement gratuit, mais surtout confidentiel », renchérit Beatrice Ndayishimiye, point focal provincial du Réseau National des femmes actrices de paix et de dialogue. « Normalement nous avons des noyaux collinaires et communaux qui nous donnent des informations que nous envoyons à l’administration avec laquelle nous collaborons normalement, mais c’est un long circuit et l’intervention n’est pas rapide alors qu’elle devrait l’être dans la plupart des cas », souligne-t-elle.

Une administration qui encourage…

Emmanuel Kayengayenge : « « Nous recevons entre 30 et 50 appels par jour, et 84% des interventions concernent des appels faits par des hommes.»
Emmanuel Kayengayenge : « « Nous recevons entre 30 et 50 appels par jour, et 84% des interventions concernent des appels faits par des hommes.»

Emmanuel Kayengayenge, coordinateur de la ligne verte 109 au sein de la Croix Rouge Burundi, indique que le 109 est une ligne confidentielle et gratuite installée dans les enceintes de la Croix Rouge du Burundi. « Elle est chargée de récolter les informations qui proviennent de la communauté et de les référencer aux humanitaires qui agissent selon leur domaine d’intervention. » Il a souligné que, depuis le mois de juin jusqu’aujourd’hui, cette ligne a aidé autour de 2500 personnes. Mais, a-t-il relevé, les femmes sont peu nombreuses : « Nous recevons entre 30 et 50 appels par jour, et 84% des interventions concernent des appels faits par des hommes et que les femmes appellent à 17%.» M.Kayengayenge a tenu à nuancer : « Nous ne remplaçons pas l’administration et la justice qui continuent leur travail après qu’on ait d’abord sauvé une vie humaine. »

Dans son discours de circonstance, le conseiller de l’administrateur de la commune Makamba, chargé des questions administratives et sociales, a indiqué que ce numéro est très utile pour les femmes surtout : « vous êtes les piliers du ménage et vous voyez beaucoup de choses dans vos communautés dont vous pourrez témoigner dorénavant. » Il les a encouragées à sensibiliser les autres femmes des communautés, au moins une centaine chacune, sur l’importance de ce numéro. « Avant nous avions des problèmes pour intervenir par manque de communication. Mais maintenant nous pourrons recevoir les informations à temps grâce à ce numéro gratuit et la collaboration avec les humanitaires. »

Pascaline Bukuru : « Le numéro 109 vient à temps dans cette province de Makamba. »
Pascaline Bukuru : « Le numéro 109 vient à temps dans cette province de Makamba. »

Il s’agit de la ligne verte humanitaire, le numéro 109, un service gratuit fonctionnant 24h sur 24h, et 7 jours sur 7. Devant le manque d’accès des populations à des informations pertinentes et fiables sur l’assistance disponible, des organisations ont décidé de se réunir pour mettre en place cette ligne verte humanitaire à destination des populations touchées.

Cette ligne est mise à la disposition des personnes affectées par des crises, des catastrophes naturelles et celles causées par les hommes, pour appeler ce numéro vert pour rapporter leurs besoins humanitaires afin qu’une réponse puisse être apportée dans les meilleurs délais. La ligne verte fournit également des informations aux partenaires sur les besoins humanitaires au Burundi tels qu’exprimés par les appelants.

La Croix Rouge du Burundi(CRB), l’Organisation Internationale pour les Migration (OIM), World Vision International/Burundi(WVI), le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires OCHA et CARITAS Burundi sont à l’origine du projet de la ligne verte humanitaire. Le projet a bénéficié du généreux soutien d’AustralianAid, et de l’Union européenne et du Fonds Central d’Intervention d’Urgence des Nations Unies (CERF en anglais).

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