En 2010, une des preuves de la fraude des élections communales par le parti au pouvoir aurait été le fait que certains partis ont eu des résultats dans des localités où ils n’avaient pas de candidats, selon Manassé Nzobonimpa. En réalité, il s’agissait d’autre chose …
<doc7052|left>D’après [les "révélations" de Manassé Nzobonimpa->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4655], le fichier électoral du scrutin communal de 2010 comprenait déjà le résultat des urnes avant le comptage des scrutins. Selon l’ex-membre du Cndd-Fdd, les voix auraient été préalablement attribuées par parti et par bureau de vote en tenant compte du plan provenant du parti au pouvoir. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, poursuit M. Nzobonimpa, certains partis auraient reçu des voix dans les bureaux où ils ne présentaient pas de liste.
Mais seul le MSD d’Alexis Sinduhije indique qu’il a eu des résultats dans la commune Kabarore, en province Kayanza, alors qu’il n’y avait pas de candidat pour les communales. « Nous avons signalé le fait à la Commission Electorale Provinciale Indépendante (CEPI) de Kayanza, mais elle n’en a pas tenu compte », se rappelle Me François Nyamoya, secrétaire général du MSD.
Une fraude sans preuves …
Quant à l’UPD-Zigamibanga, elle n’a jamais eu de réclamations pour les communales, comme l’indique Chevineau Mugwengezo, porte-parole du parti d’alors. Même chose pour le Frodebu, d’après son vice-président, Frédéric Bamvuginyumvira. Rebelote pour le FNL, qui était pourtant représenté dans toutes les communes, comme l’indique Jacques Bigirimana, actuel secrétaire général du FNL, aile Miburo.
Pour les communales de 2010, les principales accusations reposaient, en définitive, sur le fait que le parti au pouvoir aurait bourré les urnes. Il aurait profité d’une coupure inopinée d’électricité, le soir du scrutin, pour interchanger les urnes dans certains bureaux de vote. Des urnes bourrées auraient également été retrouvées en dehors des bureaux de vote.
Mais, en raison de l’absence de registre des plaintes, la CENI n’a pas pu confirmer définitivement le nombre des plaintes reçues pour les élections communales, et a transmis un chiffre approximatif de 129 plaintes, faisant surtout état d’erreurs de calcul dans les résultats présentés, sans incidences significatives sur le résultat définitif du scrutin.
Des résultats appuyés par la communauté nationale et internationale
Une semaine après les élections communales du 24 mai, les partis d’opposition qui attendaient de meilleurs scores contestent ces résultats arguant "de fraudes massives orchestrées par le parti présidentiel" et demandent l’annulation du scrutin. Cinq des sept candidats à l’élection présidentielle, prévue le 28 juin, ont annoncé le 2 juin qu’ils se retiraient.
Mais les observateurs nationaux et internationaux, la presse et la société civile reconnaissent à l’unanimité la crédibilité du scrutin, en dépit de certaines irrégularités. La mission électorale d’observation de l’Union européenne estime que les élections communales au Burundi se sont bien déroulées d’une manière générale. Elle a pu quand même relever quelques irrégularités comme le fait de ne pas afficher les procès verbaux après le dépouillement.
Alors que l’opposition crie au hold-up électoral et dénonce en bloc une série d’infractions en rejetant le résultat, l’aval européen s’apparente à une bénédiction accordée aux dirigeants burundais. Si la Mission d’Observation de l’Union européenne (MOEUE) valide les opérations, quel crédit conservent les perdants? Surtout que, seule et sans moyens d’investigation, l’opposition peine à prouver une quelconque preuve d’un truquage de grande ampleur.
De son côté, le gouvernement se contente de relayer le discours policé des chancelleries internationales et l’approbation de la MOE UE. Les principales formations de l’opposition constituent alors une alliance, l’ADC-Ikibiri, et décident de boycotter le reste des élections. La suite, on la connaît.
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{Selon la loi burundaise, le contentieux des résultats est confié à des autorités différentes en fonction des élections visées. En cas de contentieux concernant les résultats des élections locales (communales et collinaires), c’est aux CEPI de gérer les plaintes. Toutefois, aucun appel n’est prévu, ce qui n’est pas conforme aux bonnes pratiques en matière électorale qui exigent un droit d’appel. Même si les dispositions du Code électoral relatives au contentieux des élections locales précisent des délais de recours, la procédure au niveau des CEPI reste absente. }