Les autorités municipales ont autorisé la coopérative CBAD à recenser les commerçants ambulants moyennant le paiement de vingt mille Fbu depuis fin septembre. Ces derniers parlent d’un agenda caché.
«J’ai déboursé vingt mille Fbu à la fin du mois de juin pour avoir la carte d’identification du commerçant ambulant», témoigne Pascal Sinzinkayo, marchand ambulant au centre-ville de Bujumbura. Un mois après, s’indigne-t-il, la mairie a interdit notre activité au centre-ville. Raisons invoquées par la mairie : «Ces marchands ambulants ont été à maintes reprises à l’origine de l’insécurité.»
M. Sinzinkayo déplore par ailleurs l’égoïsme de certaines autorités municipales. «Elles veulent s’enrichir sur notre dos. Ces responsables veulent que nous payions encore une fois vingt mille Fbu pour que nous puissions reprendre nos activités».
Là où le bât blesse, ce sont ces mêmes administratifs qui avaient autorisé le recensement des commerçants ambulants en mars dernier moyennant un paiement.
Ils avaient même délivré aux vendeurs recensés tous les documents nécessaires pour l’exercice de leur métier. Et de se demander comment une même autorité peut envisager de faire payer à une même personne, un même document, deux fois en moins de deux mois.
Claude Ndayizigiye, marchand ambulant rencontré dans le quartier asiatique, ne mâche ses mots : «Les autorités municipales et les responsables des associations des vendeurs privilégient leurs intérêts aux dépends des marchands.»
Il revient à la charge : «Elles nous exigent de payer les documents gratuits et nous imposent d’acheter des gilets à un prix élevé sans se soucier de nos faibles moyens. Elles oublient que la plupart des vendeurs n’utilisent pas leurs propres ressources.»
Des fois, ajoute-t-il, elles nous exigent de participer dans des travaux communautaires et surtout dans des manifestations organisées par le parti au pouvoir.
L’APDEJC crie à l’injustice
Jean Bosco Murangwabagabo, coordinateur de l’APDEJC (association pour la promotion du développement et encadrement des jeunes en chômage), qualifie la décision de la mairie d’injuste : «Cette mesure autorise les activités du CBAD (cooperative Burundi alliance for développement) alors que les commerçants ambulants regroupés au sein de l’APDEJC ont été interdits d’exercer leurs activités depuis juillet dernier.» Et d’ajouter que la mairie avait suspendu l’octroi des cartes d’identification du commerçant ambulant depuis fin juin dernier.
M. Murangwabagabo indique que son association avait effectué le recensement des vendeurs et plus de mille marchands avaient été enregistrés. Et de conclure que huit cents marchands ont reçu leurs cartes d’identification du commerçant ambulant.
«L’objectif de la CBAD est de rendre les marchands ambulants en véritables contribuables de l’Etat», a fait savoir Prosper Bukuru, président de la CBAD.
Les vendeurs ne payent pas les impôts. Mais il faut qu’ils contribuent aussi au développement. Dans un premier temps, explique-t-il, les membres de cette cooperative contribueront dans des travaux communautaires.
Ramadhan Nkurikiye, conseiller principal du maire de la ville de Bujumbura estime que cette décision est loin d’être injuste. «La mairie collabore avec toute organisation reconnue par la loi». D’après lui, le recensement des vendeurs ambulants permettra une augmentation des impôts à l’Office burundais des recettes.
Aimable Nkezumwami, assistant du ministre du Commerce est catégorique : «Le commerce ambulant est légal au Burundi. Et les documents y relatifs doivent être délivrés gratuitement. Ce n’est pas un privilège que les autorités accordent aux marchands ambulants.»
Bienvenue au burundi le pays où l homme mange l homme