Samedi 23 novembre 2024

Politique

Les Comités Mixtes de Sécurité (CMS) : un cadre d’alerte et non d’action

30/07/2014 7

Après les dérapages des Imbonerakure à Bubanza, Gérard Birantamije, spécialiste des questions sécuritaires, constate que les missions assignées aux CMS sont irréalistes et contraires à l’objectif de départ. Selon lui, elles occasionnent la surenchère et le désengagement de l’Etat dans tous les secteurs.

Gérard Birantamije : « L’Etat a investi trop de pouvoirs dans des acteurs impuissants »  ©Iwacu
Gérard Birantamije : « L’Etat a investi trop de pouvoirs dans des acteurs impuissants » ©Iwacu

Gérard Birantamije, expert des questions sécuritaires, explique que les Comités Mixtes de Sécurité (CMS) sont nés dans la logique de la mise en place de la police de proximité. L’objectif est de permettre à la population, aux forces de l’ordre, à l’administration et à la justice d’appréhender de la même manière la question sécuritaire.
La première expérimentation de ce système d’alerte et de prévention, précise-t-il, s’est passée à Makamba parce que la province constitue une zone de transit des rapatriés. « Tous les facteurs susceptibles de nuire à la sécurité sont prévisibles. » Makamba fut une réussite.

Une ordonnance aux missions surréalistes

Selon l’ordonnance conjointe des ministères de l’Intérieur et de la Sécurité publique du 4 février 2014, les CMS sont des organes d’assistance, d’appui à la population et aux institutions de sécurité.
Pourtant, l’expert estime que les 42 missions leur dévolues dépassent de loin l’objectif de départ. Entre autres missions, la protection de la population contre les menaces d’ordre politique et économique. Les CMS sont appelés à renforcer les principes de responsabilité, de transparence et de redevabilité de la population. De surcroît, ils sont promoteurs des droits de l’Homme, s’investissent dans l’éducation patriotique et informent sur le processus électoral.

Sur le plan économique, l’ordonnance leur donne les pleins droits de mobiliser les ressources financières, d’assurer la sécurité alimentaire pour tous, de rendre opérationnel le service foncier, de renforcer le planning familial, etc.
« Ces missions rentrent-elles dans le cadre des comités tels qu’on les connaît ? », se demande M. Birantamije. D’après lui, c’est la surenchère autour du concept « sécurité humaine ». Quand l’Etat donne toutes les prérogatives d’assurer la sécurité aux CMS, poursuit-il, il se désengage totalement.
M. Birantamije estime que ces missions sont surréalistes et irréalisables. Elles exigent beaucoup de moyens alors que les CMS n’en sont pas dotés. « On investit trop de pouvoirs dans des acteurs impuissants. »

Le grand danger

Même si la sécurité est l’apanage de tout le monde, l’expert est persuadé que les CMS ne remplacent pas de ce fait les corps de sécurité : « C’est le plus grand danger. » Selon Gérard Birantamije, ni les CMS, ni l’administration, nul n’a été sensibilisé à la philosophie de base, la mise en place et le fonctionnement de ces organes. Par conséquent, la police, la justice, l’administration sont incapables de jouer pleinement leurs rôles car toutes les missions reviennent aux CMS.

De surcroît, le chercheur estime que de par l’ordonnance conjointe, les membres des CMS n’ont pas d’identité : « N’importe qui peut s’improviser membre. »
Et d’avertir : « Ne soyez donc pas étonnés si les membres de ces comités arrêtent un journaliste, un commerçant, quand bien même ils ne s’accusent de rien. »  Ils vont faire la pluie et le beau temps : barrer, couper les routes, emprisonner des gens, etc. Le maintien de la sécurité, d’après l’ordonnance conjointe, rentre désormais dans les attributions de ces comités.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. kimeneke

    pourri le pays

    • nivyo

      @kimeneke

      Pourri toi même.
      mon pays n’est pas pourri.

  2. Kaminuza

    Nous risquons de retourner à la période des gardiens de la paix durant la crise ou JRR en 1972. Messieurs les autorités, il faut bien analyser la situation avant de prendre des décisions importantes comme celle-là. C’est bien que la population s’organise pour lutter contre le banditisme dans leur village mais le rôle de l’autorité reste primordial.
    Il faut savoir que tous les dérapages qui seront occasionnés par ces groupes sont imputables au gouvernement.
    Il faut s’attendre à trois choses au vu de ce qui vient de se passer à Marangara, Kirundo et Bubanza:
    – Le gouvernement sera incapable de contrôler ces groupes et ils vont créer le désordre dans le pays,
    – Les membres de ces groupes risquent de comprendre mal leur mission et seront utilisés par les politiciens pour opprimer les opposants, piller et violer,
    – Les CMS vont replacer les groupes des imbonerakure qui sèment la pluie et le bon temps dans plusieurs localités du pays (Imbonerakure zatose kuko baguma bazivumagura ku mabi zikora none zahindutse CMS: c’est maintenant le gouvernement qui va cautionner les bavures de ces groupes et non le CNDD FDD) .

  3. Nzobandora

    Nous sommes en période de paix et surtout avec une armée hautement professionnelle et qui s’exporte d’ailleurs très bien.
    Pourquoi alors créer ses comités alors qu’on nous chante que la paix est en excès dans ce pays? Pourquoi sont-ils monolithiques? Pourquoi sont-ils armés alors qu’ils ne sont chargés d’alerter?
    Que notre gouvernement s’apprête à assumer sa responsabilité devant l’histoire kubibi bakora n’ibindi bazokora kuko ce qui est sure ntaciza nakimwe kizovamwo. Ntibazovuge ngo umuntu ahanwa kugatwe kiwe kuko na Hitler siwe yishe les juifs de ses propres mains.

    Ariko Imana abarundi bipfuza amahoro dufise nuko ivyo bashaka gushikako biboneka kandi umuntu atinya ingwe adatinya iyamwinjiranye canke iyinjiye abona.

  4. NDAYIRAGIJE

    Des specialistes qui ne comprennent pas le cahier de charge des comités mixtes de sécurité! Alors les membres de ces comités ne sont pas au hazard mais ce sont des élus collinaires , un corp de défense, membre de la societe civile élu par ses pairs, les sages; il ne faut pas dramatizer les choses puisqu’on achemine vers la responsabilisation et l’autonomisation de la localité. peut -etre il faut renforcer et appuyer les collectivités locales dans la gestion des choses. ubusuma buba mubabanyi ntibukorwa nabaho nyene? nivyiza ko ababa ngaho kugatumba bitunganya muntumbero yo gutuza ububegito, hamwe no gushigikirana kuruta uko twahora. Tanzaniya vyarakunze kandi bari kuntambwe nziza.

  5. Theus Nahaga

    Si ce que dit ce chercheur est vrai, nous sommes ici devant les incapacité abyssales du gouvernement de Nkurunziza. La sécurité dans un pays est du ressort exclusif de l’Etat et de ses agents bien désignés et bien identifiables. Noyer le poisson dans la masse c’est ouvrir le pays à toutes sortes de rumeurs, d’arbitraires et in fine de violences. La résponsabilité de notre gouvernement est immense.

  6. nivyo

    au moins nawe ukora wirabira agafoto k’umukenyezi wawe. #NibaguhePrix

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