Depuis que les plantations d’ananas du Président de la République ont été brulées dans la commune de Musongati, province de Rutana, la population prise de panique ne loge plus chez elle.
Jean Paul qui a été pris de force par ces hommes armés pour qu’il les guide décrit les faits : « Ils étaient entre 15 et 20 et parlaient tous kirundi. Ils étaient en tenue militaire et m’ont demandé de leur montré le chemin qui mène vers Kwibamba, ce que j’ai fais. Ils m’ont par la suite ordonné de retourner en courant et je me suis exécuté.» Il précise en outre qu’on lui a demandé de différencier les plantations d’ananas appartenant à la population et celles du Président Nkurunziza : « Seules celles du président ont été brûlées », souligne-t-il.
Tout se passe dans la nuit du 19 juillet 2011. Des hommes armés en tenue militaire ont perpétré une attaque sur les collines de Nyabigozi et Gisuriro en commune Musongati. Ils avaient, semblt-il, une liste des élus du Cndd-fdd qui devaient être tués. Sur cette liste figurait le nom de Gilbert Ndendabanyikwa membre du conseil communal et directeur de l’Ecole primaire de Gisuriro. Il sera tué la même nuit chez lui sur la colline Muyange. « Ces hommes armés n’ont rien demandé. Quand nous sommes sortis de la maison, Ils ont directement tiré sur mon mari et il est mort sur le coup. J’ai été blessée par balle au niveau de la nuque», témoigne Sophie Ndayizeye épouse de la victime, alitée au centre de santé de Musongati.
Selon elle, l’objectif de ces hommes était de tuer son mari : « Quand ils ont vu que mon mari est mort, ils ont dit ‘partons, notre mission est accomplie ici’.» En rebroussant chemin, précise la même source, ils chantaient des chansons religieuses jusqu’à la colline Nyabigozi, dans les plantations d’ananas du Président Nkurunziza. Arrivés là, ils ont cherché un certain Makori, responsable de ces plantations. Mais celui-ci s’était déjà enfui. Ils ont aussitôt mis le feu sur ces plantations. Un quart de cette plantation été dévastée par le feu. N’eût été l’intervention rapide des militaires et des policiers, les dégâts auraient été énormes.
La même nuit, une grande partie de la population de la colline Nyabigozi n’a pas dormi dans les ménages. Marianne Bucumi, une sexagénaire qui vit à quelques 200 mètres des plantations confie qu’ après avoir entendu les cris de ces hommes armés, elle et ses huit petits enfants ont pris le chemin de la brousse. Elle ajoute que ces hommes chantaient haut et fort « CNDD-FDD remet le parti à Rwasa, notre Obama ».
La population ne passe plus la nuit chez elle
Une femme enseignante de la colline Nyabigozi précise, sous couvert d’anonymat, que c’est très difficile de distinguer ces hommes armés des forces de l’ordre régulières ; car la nuit ils se ressemblent. « Ils passent avec des fusils de type kalachnikov et en tenue soit militaire, soit policière. Nous sommes dans la confusion totale », indique t- elle.
Après l’assassinat de Gilbert Ngendabanyikwa, ces hommes armés sont passés chez un certain Damascène de la colline Nyanza, un autre membre du conseil communal de Musongati. Mmais, celui-ci s’était déjà sauvé.
Un autre membre du conseil communal de Musongati déclare que, lui non plus, ne passe plus la nuit chez lui de peur d’être tué. Selon des sources proches, c’est le même groupe qui a mené une attaque dans la nuit du 16 et 17 juillet, sur la colline de Mbuza, chez le commerçant Come Ndizeye. Ce dernier a échappé de justesse mais son père Gahenda a été grièvement blessé. Et une somme d’argent dont on ignore le montant a été volée. Ses deux vaches ont été également blessées alors que la permanence du parti CNDD-FDD sur cette colline a été brulée par ces hommes armés la même nuit du dimanche. A leur passage, ils ont aussi largué des tracts subversifs avant de se fuir vers la montagne de Kamaramagambo.
Bahizi Gilbert, administrateur de la commune Musongati indique que des réunions de pacification se font de façon intensive. « C’est pour sensibiliser et interpeller la population de veiller sur leur sécurité en renforçant la vigilance et les comités de sécurité afin d’aviser les forces de l’ordre à temps », signale-t-il.