Lundi 23 décembre 2024

Économie

Les « caisses de résilience », une solution à la famine

02/05/2019 Commentaires fermés sur Les « caisses de résilience », une solution à la famine
Les « caisses de résilience », une solution à la famine
Melchior Mpawenimana : « Malgré les aléas climatiques, nous n’avons pas manqué de quoi manger. »

Se mettre ensemble dans de petits groupes, épargner, mieux cultiver. Une nouvelle approche pour faire face aux aléas climatiques à Kirundo qui semble porter des fruits.

A Kirundo, les cultivateurs ne veulent plus être à la merci des aléas climatiques.  Le manque de pluies ne doit plus conduire à la famine. Alors, ils s’organisent, se mettent ensemble par groupe de trente et constituent une « mini coopérative ». Là, ils apprennent les techniques modernes de plantation, d’épargne et crédit.  Ils créent ce qu’ils appellent des « caisses de résilience » et établissent même des cellules d’écoutes communautaires.

Cette approche est promue par l’organisation mondiale pour l’agriculture et l’Alimentation(FAO).  Elle semble produire de bons résultats.

Depuis près de trois ans, Melchior Mpawenimana, habitant la zone Murore de la commune Busoni, la met en œuvre à travers sa collectivité agricole Tugwizumwimbu formée de 25 femmes et 5 hommes dont il assure la coordination. Il témoigne : « Malgré le manque de précipitation avec le premier trimestre, nous n’avons pas manqué de quoi nous nourrir et nos enfants n’ont pas abandonné l’école.»

M. Ntuzwenimana explique que leur système d’épargne et de crédit les met à l’abri en cas de mauvaise récolte ou de sécheresse. Avec l’argent épargné,  la coopérative a pu faire d’autres activités génératrices de revenus. Elle produit par exemple  des champignons qui sont très prisés sur le marché local. Les membres font le commerce  des produits courants.

Odette Mukandekezi,  une trentenaire, raconte qu’elle a désormais son propre champ, sa propre boutique et  n’a plus de souci d’engrais. « Aujourd’hui, je possède un élevage de porcs. Avant j’élevais des chèvres, mais je préfère les porcs,  car ils  donnent plus de fumiers. ».

Elle raconte qu’elle et ses amies cotisaient 200 BIF par semaine au départ, ensuite elles ont monté leurs mises à 500 BIF.  Aujourd’hui, la contribution atteint 1000 BIF. Ceci leur permet d’avoir accès au crédit.

Ainsi, un adhérant à la coopérative  reçoit le triple de  son argent se trouvant dans la caisse d’épargne.

Odette Mukandekezi : « Aujourd’hui, je possède un élevage de porc. »

Par ailleurs, tous les membres ont désormais la carte d’assurance maladie. Mieux,  elle a même gagné en aisance, car, autrefois timide, Mukandekezi  peut aujourd’hui prendre la parole en public. «  A  force de participer dans les réunions  de ma collectivité ma langue s’est petit à petit déliée. Je m’exprime aisément  dans une assemblée ».

Pour atteindre ces résultats, M .Mpawenima fait savoir qu’ils ont d’abord cimenté la cohésion des familles  à travers un club d’écoute  communautaire « Dusangirijambo ». « Avec cette approche, nous arrivons à résoudre les conflits sociaux ce qui permet aux ménages de s’épanouir et se développer ».

Grâce à ces clubs, il a été possible de combattre certaines pratiques, les hommes qui se comportent en « tyranneaux » et qui torpillent les efforts de leurs femmes  en vendant les cultures avant la récolte pour  aller s’enivrer avec les recettes. Sans oublier les hommes qui maltraitent physiquement leurs conjoints.

Pour l’heure, les trente membres ont initié  d’autres compatriotes à se familiariser avec le système. Le coordinateur de Tugwizumwimbu espère que cette pratique va s’étendre dans toute la commune pour  juguler  les cycles répétitifs de famines.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

D’où viennent les caisses de résilience ?

C’est l’organisation pour l’agriculture et l’alimentation qui a introduit ce concept à Kirundo. A travers son projet  Pro-Act  financé par l’Union Européene, elle travaille dans deux communes : Busoni et Bugabira. Au total ,8032 ménages sont concernés par ce projet dans les deux communes. La croix Rouge du Burundi assure la mise en œuvre de son projet à Busoni. Selon Emmanuel Ngendakumana, point focal du projet à Busoni, la caisse de résilience est basée sur trois piliers. Il s’agit du pilier technique à travers l’approche Champs Ecoles Paysans(EPC), ensuite celui de l’Association villageoises d’Epargne et de crédit et enfin les clubs d’Ecoute Communautaire(CEC). « Ces différentes approches visent à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens d’existence », affirme M.Ngendakumana. Il explique que les bénéficiaires sont triés parmi les couches   les plus défavorisées sur les collines. Pour cela, en tant qu’encadreur du projet, il doit travailler en étroite collaboration avec les administratifs à la base. La commune de Busoni est fréquemment frappée par la famine .Et pourtant, elle compte plusieurs lacs. Ce technicien demande que les pompes d’irrigations soient distribuées .Ainsi, la population pourra mettre en application  les techniques apprises dans l’approche Champ Ecole Paysan.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 3 623 users online