Au moment où la privatisation de la filière café est proche de se terminer avec la vente de 104 stations de lavage le 30 décembre 2011, les caféiculteurs divorcent définitivement d’avec le gouvernement qui, selon eux, fait cavalier seul dans le processus. Dans une conférence de presse animée ce lundi 19 décembre au White Stone, la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi (CNAC) dénonce un manque de vision propre au gouvernement du Burundi pour défendre les intérêts des producteurs du café.
« Nous ne sommes pas contre la privatisation de la filière café, nous ne sommes pas animés par l’égocentrisme, nous refusons d’entrer en mouvement comme des fictifs, des assistants. Nous plaidons pour une privatisation concertée », indique Macaire Ntirandekura, assistant chargé du plaidoyer au sein de la CNAC.
« Malgré sa forte dépendance aux bailleurs de fonds étrangers, le gouvernement ne doit pas perdre de vue ses responsabilités et son rôle. Un Etat souverain doit se prononcer sur les conditions liées à l’octroi d’un don. La situation actuelle empêche le gouvernement burundais de développer et de défendre sa propre politique. Il n’arrive pas par exemple à garantir un prix minimum pour les producteurs du café », déplore la CNAC. Pour cette confédération, le gouvernement qui représente le peuple burundais ne prend pas en considération les cris des caféiculteurs : « Il suit aveuglement la stratégie de la Banque Mondiale».
Un dialogue des sourds et un néocolonialisme dans le secteur café
Selon Macaire Ntirandekura, les caféiculteurs ont soulevé des inquiétudes dès le début de ce processus de privatisation mais le gouvernement les a classées sans suite. Les caféiculteurs rejettent catégoriquement les 25% qui leur sont réservés au niveau de leur participation. Les caféiculteurs qualifient cette tactique de néocolonialisme: « Depuis 2007, les caféiculteurs vendent leur café vert à travers le comité de commercialisation qu’ils ont mis en place. Ce système garantit que 72% des recettes du café vert revienne aux caféiculteurs. Or, la stratégie actuelle donne la propriété du café aux multinationales dès la première étape de transformation. » Ainsi, pour eux, vendre les usines de déparchage à des multinationales étrangères conduit donc à une pression vers le bas des prix payés aux producteurs et favorise le transfert d’argent vers les pays industrialisés ».
A défaut d’une stratégie concertée, les caféiculteurs promettent de continuer à cultiver le café et de construire leurs propres stations tout en se spécialisant dans le « washed ». Ils précisent qu’ils n’ont pas d’autres choix que de se retirer totalement de la stratégie ‘’gouvernementale’’. Cependant, ils affirment que si le gouvernement se ressaisisse et qu’il accepte de prendre en considération leurs doléances, ils restent disposer à cheminer ensemble.