C’est le sentiment de satisfaction affiché à Bujumbura par Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage à la veille de la Journée internationale de l’alimentation célébrée ce mercredi 16 octobre 2019.
Dans une interview accordée à la Radio nationale, le ministre Rurema a fait état d’une «situation très réconfortante» dans le pays en matière d’alimentation : «Les Burundais trouvent à manger, en qualité comme en quantité sans problèmes». Il a aussi mentionné «une production agricole très élevée et homogénéisée durant ces trois dernières années» pour étayer ce constat fort positif.
Face à l’enthousiasme du ministre, la dernière enquête nationale menée sur le sujet sous l’égide du PAM, l’UNICEF et l’USAID et publiée en juillet 2018 a mis en exergue une autre réalité. Ayant couvert l’ensemble du territoire national (46 districts sanitaires que compte le pays), l’étude a porté sur un échantillon de 27.660 ménages pour atteindre 22.414 enfants âgés de 0 à 59 mois.
Ce rapport qui court sur 209 pages a avancé que 32.1% des enfants âgés de 24-59 mois souffrent d’insuffisance pondérale principalement causée par la faim et la malnutrition. En dehors de la ville de Bujumbura qui totalise seulement 9,9% d’enfants atteints de carence pondérale, le reste du pays affiche des taux allant au-delà de 20%, la plus impactée étant la province de Ruyigi qui regroupe 37,7% d’enfants âgés de 0-59mois touchés par l’émaciation. Sur les 46 districts sanitaires répertoriés, 18 d’entre eux sont au rouge dont deux communes Kiremba et Buhiga qui affichent les taux de 41.9% d’enfants en situation de carence pondérale pour la première et 40.5% pour la seconde.
Cette vaste compilation de données a également établi que près de 6 enfants sur 10 souffrent de malnutrition chronique tandis qu’un quart d’entre eux (25,6%) en sont frappés sous ‘sa forme sévère’. Selon cette recherche, avec près de 60% d’enfants de 0-59 mois touchés par la malnutrition chronique, le Burundi dépasse de loin le seuil d’alerte de 40% fixé par l’OMS. L’essentiel des provinces du pays est confronté à un état de fait assez critique à l’exemple de la province Ngozi qui met en lumière des chiffres avoisinant les 64%. Comme pour d’autres données chiffrées, la ville de Bujumbura s’en sort mieux que les autres régions du pays avec 20,7% d’enfants atteints de malnutrition chronique.
La conclusion de ce rapport sur le volet malnutrition chronique est sans appel : ‘La comparaison des résultats de différentes enquêtes réalisées au cours de la dernière décennie montre que le retard de croissance affecte davantage les enfants et tend à devenir de plus en plus structurel’.
Au final, au regard de cette collecte de données d’information mise en surface il y a 15 mois, la situation aurait spectaculairement évolué depuis. C’est ce que dit en tout cas le ministre qui assure qu’aujourd’hui, «les Burundais trouvent à manger en quantité et en qualité sans problèmes».