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Les Barundi du Congo ont un nouveau Mwami

05/05/2013 Commentaires fermés sur Les Barundi du Congo ont un nouveau Mwami

Connu sous le nom dynastique de Kinyoni III, Richard Nijimbere remplace son père, Floribert Nsabimana Ndabagoye Kinyoni II, assassiné le 25 avril 2012. La vision de ce jeune étudiant de 24 ans : affermir la paix et la sécurité, sources du développement.

<doc3970|center>C’est le samedi 5 mai 2012 que Richard Nijimbere a été intronisé sous le nom dynastique de Kinyoni III, à Luberizi, zone Uvira, région du Sud-Kivu, comme roi coutumier de la collectivité des Barundi de la plaine de la Rusizi, en RD Congo.

Les cérémonies d’investiture du nouveau roi ont coïncidé avec la levée de deuil de son père, Floribert Nsabimana Ndabagoye Kinyoni II. Les festivités du jour ont vu la participation des populations environnantes de Luberizi et des délégations venues de Kinshasa, du Rwanda et du Burundi.

D’après Léonard Bize Lubarika, un vieux de la localité, la mort de l’illustre ne devrait en aucune façon raviver la haine entre les différentes communautés. « C’est plutôt le moment de renforcer les liens existants depuis longtemps entre les tribus de l’Est de la RD Congo », lance-t-il, avec fierté. Selon cet octogénaire, l’intronisation du nouveau roi est un signe de continuité de l’Etat et, par conséquent, de stabilité politique. « La plaine de la Rusizi a besoin d’un roi rassembleur, sage et patriote. C’est de cette manière que les gouvernés pourraient manifester leur confiance à l’endroit des dirigeants », annonce-t-il au moment où il s’apprêtait à donner le bâton de commandement, communément appelé Intahe en Kirundi.

Prenant la parole à son tour, le nouveau chef coutumier de la plaine de la Rusizi a fait savoir à l’assemblée présente que ce ne sont pas les fusils et les machettes qui vont développer leur pays, en général, et leur région en particulier. « Nous devons travailler d’arrache-pied pour rattraper le retard déjà pris à cause de l’insécurité qui prévaut dans notre sous région depuis plusieurs décennies de guerre civile», indique Richard Nijimbere Kinyoni III à l’endroit de la population sous une fine pluie. Selon ce jeune roi de 24 ans, la paix rime avec le développement économique et social.

La communauté Barundi, poursuit-il, réitère son soutien au gouvernement congolais et aux Nations-Unies dans leurs efforts de stabiliser le pays. « Les groupes armés qui purulent dans l’Est de la RD Congo doivent être combattus avec la dernière énergie », martèle-t-il. D’après cet étudiant de 2ème licence en droit à l’université de Goma, le rôle de la population en matière de gouvernance et du respect des droits humains est incontournable. « Chaque groupe ethnique a droit de vivre dans n’importe quelle collectivité de la région de la Rusizi », a-t-il insisté

Remise en cause de l’identité

D’après les informations collectées auprès de la collectivité burundaise établie dans la plaine de la Rusizi, les Barundi sont victimes de leur origine burundaise. Selon un sage rencontré à Luberizi, les Bafurero les considèrent comme des étrangers. « Faux », contestent les Barundi. Ils s’expliquent : « Lors de la conférence de Berlin de 1884-1885, la RD Congo partage ses frontières avec neuf pays. Cette situation a favorisé la séparation des peuples de même culture de part et d’autre des limites fixées. Ainsi, au lendemain de cette conférence, ces Barundi se sont retrouvés Congolais. »

Selon le représentant de la diaspora burundaise, Louis Ndarishize, les Barundi ne devraient aucune exclusion.  D’après lui, ils victimes« de l’esprit divisionniste et d’exclusion des Bafulero  », remarque cet ancien député burundais de la législature de 2005 à 2010. Et de conclure avec insistance que la sécurité de la collectivité des Barundi de la plaine de la Rusizi doit être impérativement assurée par les instances habilitées.

Du côté de la Mission d’Observation des Nations-Unies au Congo (MONUSCO), le capitaine Wassi, commandant compagnie de la division de Sange, non loin de la frontière burundo-congolaise, a promis de contribuer à la sécurisation, à la fois de la famille royale mais aussi, de la communauté Barundi. « Deux sections seront déployées à Luberizi dans les plus proches délais. Au cas de besoin, d’autres initiatives seront prises », a renchéri l’officier pakistanais.

Quant au ministre de l’Intérieur dans la province du Sud-Kivu, Etienne Babunga, le gouvernement ne ménagera aucun effort pour sécuriser ses citoyens. « Les fauteurs de troubles n’ont pas de place dans notre pays. La justice est appelée à protéger la société et à punir les délinquants », a-t-il conclu, sous les applaudissements de la population sur place.

Les cérémonies d’intronisation du Mwami des Barundi ont vu la participation d’une population nombreuse venue de l’autre rive de la Rusizi, dans la partie burundaise, spécialement de la province de Cibitoke. Toutefois, les Bafulero ont brillé par leur absence.

Un peu d’histoire

D’une superficie de 800 km², la plaine de la Rusizi est occupée par les Barundi qui y sont installés depuis de la moitié du 18ème siècle. Cette localité constitue la frontière commune avec les provinces de Cibitoke et de Bubanza au Burundi. Des liens familiaux très forts existent entre les populations kirundophones des deux rives de la Rusizi. Chrétiens catholique à plus de 80%, la communauté des Barundi vit sur des terres fertiles favorables à l’agriculture et à l’élevage. La richesse de cette région attire souvent la convoitise des Bafulero.

Dès la fondation de la dynastie Banyakarama par Ntorogwe, les chefs coutumiers qui se sont succédé à la tête de la chefferie des Barundi sont  :
– Ntorogwe: 1750-1800
– Makoro:1810-1818
– Rugendeza:1818-1830
– Rushimba:1830-1850
– Kinyoni I:1850-1904
– Mugabo:1904-1922
– Ndabagoye I:1922-1958
– Kinyoni II Félix:1958-1982
– Ndabagoye II Nsabimana Floribert :1982-25/4/2012
– Richard Nijimbere Kinyoni III : à partir du 5/5/2012

Rappelons qu’à l’arrivée des Belges, le Mwami Kinyoni I s’est allié au front avec eux pour combattre les envahisseurs arabes dans le territoire d’Uvira. Comme la mise en application des acquis de la Conférence de Berlin a connu de retard dans la partie Est, ce n’est qu’en 1910 à l’époque du Mwami Mugabo que la frontière naturelle de la Rusizi entre le Burundi et le Congo fut rendue officielle et respectée.

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