Des discours déshumanisants contre les membres d’un groupe social donné enflamment la Toile, ces temps-ci. Quelles conséquences? Comment y faire face ? Jérôme Niyonzima, journaliste œuvrant dans le domaine de la résolution des conflits, nous explique.
« Divisions, massacres, violences de masse et génocides», entre autres des conséquences des discours déshumanisants. Cette déshumanisation se caractérise par un vocabulaire comparant une personne humaine à un animal ou un objet. « C’est une sorte de métaphore, d’image qui fait perdre la dignité humaine aux membres d’un groupe donné et les éliminer devient chose facile», explique Jérôme Niyonzima, journaliste œuvrant dans le domaine de la résolution des conflits.
Pour lui, ce n’est pas n’importe quel animal choisi dans ce processus de déshumanisation. Il s’agit notamment des animaux faibles ou féroces. Des insectes comme des poux et des punaises qui sont vulnérables, sans force ni valeur. Mais également des serpents et des chiens considérés comme méchants, destructeurs ou malfaiteurs.
Jérôme Niyonzima fait savoir que si des individus sont comparés à des poux, des punaises, il devient facile de les écraser. Ils seront perçus comme une saleté qu’il faut nettoyer. Tandis que tuer un animal féroce revient à considérer que la meilleure défense est l’attaque.
Combattre l’impunité
Cet expert rappelle que le paroxysme est atteint si les auteurs de ces discours ne sont pas inquiétés : « Tout un chacun verse dans ce comportement. L’utilisation de ces discours devient une pratique quotidienne. La déshumanisation devient réciproque si les membres des groupes en conflit s’attaquent mutuellement. La société se trouve plongée dans des massacres».
M. Niyonzima interpelle les instances habilitées pour punir les auteurs de la déshumanisation conformément à la loi : « Ceux qui font l’apologie du génocide, des crimes et massacres devraient mériter des sanctions sociales et pénales. Quand les crimes ne sont pas punis, la criminalité s’en trouve renforcée.»
Il appelle les autorités administratives à organiser une sensibilisation et une éducation patriotique à l’endroit de la population sur le danger que représente la déshumanisation. Les médias ne sont pas en reste. Il les invite à être vigilants. « Dans les pays qui ont connu des génocides, tout a commencé par des mots», conclut-il.