« Les grands hommes appartiennent à leurs œuvres », dit-on. Le Chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique annoncent déclarer la guerre à la corruption et les malversations économiques, piliers de la bonne gouvernance et de la démocratie. Leurs discours et leurs décisions sont scrutés par une opinion qui place beaucoup d’espoir dans leurs déclarations.
Déjà, des hauts cadres ont été publiquement désavoués, d’autres, destitués et sommés de restituer les fonds illégalement perçus. Bref, le ton semble donné.
Les politiques, la société civile, les médias saluent l’initiative, mais estiment qu’il ne faut pas baisser la garde, et encourager les autorités à passer à la vitesse supérieure. Pour Tatien Sibomana, il faut que « tous les auteurs, les coauteurs, les complices, soient connus, poursuivis et punis. » Même son de cloche chez Jacques Bigirimana, président du parti FNL : « Nous demandons au président de la République de s’attaquer aussi aux « autres”, qui se croient puissants, et surtout qui ne sont pas très loin de lui. » D’autres analystes voudraient que tous ceux qui sont destitués par décret et accusés de corruption et de malversation économique soient traduits en justice. Les attentes sont donc grandes et nombreuses.
Les fonds publics détournés doivent être récupérés et restitués pour financer des programmes sociaux ou des infrastructures de base dont le pays a besoin.
Le recouvrement des avoirs illicitement acquis n’est pas une tâche facile. Les mesures de contrainte comme la saisie, la confiscation, la restitution doivent se faire en toute légalité pour ne pas engendrer d’autres conflits. Cette prise de conscience au plus haut sommet donne l’espoir. Mon souhait, et je suis sûr que je le partage avec des millions de compatriotes, est que le président puisse aller au bout de ce qu’il a commencé. Comme disent les anglophones : « Go ahead Mr. president ! », les attentes sont immenses.
1. « Les grands hommes appartiennent à leurs œuvres »
2. Mon commentaire
Feu president tanzanien Dr John Pombe Joseph Magufuli (ne le 29 octobre 1959, decede le 17 mars 2021) a dit en swahili:
« …mtanikumbuka kwa mazuri si kwa mabaya, kwa sababu nimeyatoa sadaka maisha yangu kwa ajili ya watanzania masikini… »/Vous vous souviendrez de moi a cause du bien que j’aurai fait…j’ai sacrifie ma vie pour le bien-etre des pauvres de la Tanzanie…
Siku moja mtanikumbuka – Magufuli
881 views•Mar 17, 2021
https://www.youtube.com/watch?v=dVaG4FL90x4
Plus un président est nouveau dans la fonction, plus il a assez de marge de manœuvre pour s’attaquer et gagner la guerre contre la corruption. S’il attend que beaucoup de temps passe, on tombe dans le « business as usual » fort apprécié par les corrompus et des corrupteurs. Deux modèles classiques devraient nous inspirer : l’Afrique du Sud de Ramaphosa, aussitôt élu il n’a pas tardé à mettre sur pied une commission pour investiguer l’état de « state capture » autrement dit la corruption à très haut niveau suspecté chez son prédécesseur Zuma et ses amis. En Angola, le président Lourenço n’a pas hésité à exiger la restitution des milliards de dollars détournés par son prédécesseur De Santos, surtout par son entourage et les membres de sa famille. Lourenço est pourtant le dauphin de Dos Santos, on s’attendait à ce que le premier couvre les arrières du second. Mais non, la raison d’état a prévalu sur des petits et grands arrangements à l’amiable.
»Les fonds publics détournés doivent être récupérés et restitués pour financer des programmes sociaux ou des infrastructures de base dont le pays a besoin »
Tout à fait d’accord. On ne peut pas d’un côté confisquer et vendre aux enchères les biens des auteurs de la tentative de coup d’État de 2015 pour indemniser les victimes collatérales de celle-ci et, de l’autre, ne pas récupérer les biens détournés par des individus à quelque niveau que ce soit dans l’appareil d’État. Ce serait un deux poids deux mesures totalement inacceptable, une fois qu’on prend le courage et la lucidité de constater que la corruption est consubstantielle à la gestion de la société. Louis XIV aimait répéter à l’envie que »l’exactitude est la politesse des rois ».