Ils sont nombreux. Ils chantent à leur manière. Ils, sont des artistes de Ngozi qui accusent Bujumbura de les avoir délaissés et qui ont décidé de "prendre les choses en main" en créant leur propre amicale.
<doc7147|right>Univers bien panaché par autant d’artistes, de noms de scène : on y rencontre des Master Land, des Simple Jay, Shanny Bella, Souza, Jadix et autres Go Men, les groupes Amani Boys, Abakoboyi, Intwari Boys,…Pour ne citer que ceux-là. 150 : voilà le nombre d’artistes qui grouille dans la province, parrainé par le "grand frère" Saidi Brazza, pris pour un vétéran par les nouvelles étoiles montantes, mais également comme une bibliothèque artistique à consulter. Un Brazza qui devient de moins en moins médiatique au niveau nationale, mais bien au contraire, qui hausse son hit parade dans « sa ville », avec ses vidéos clips, made in Ngozi, tournés tout le temps dans les restaurants, bars, et autres coins prisés. Du « Fabriqué et consommé sur place » !
Mais si la quantité est indiscutable, la qualité reste à redouter : l’envie de se voir édité parmi les stars de la région prime sur l’expression du vrai talent artistique. Jeunesse étant ! Lors des concerts organisés en leur honneur, cela se voit, de vrais Eminem, A Kelly, Chris Brown,… sur scène. Sauf que c’est, et que ça reste de la contrefaçon ": Ces jeunes qui pouvaient puiser dans leur culture, pourtant riche restent loin des ces icônes américaines qu’elles tentent d’imiter", s’emporte-t-on souvent parmi les amateurs des spectacles musicaux à Ngozi. Sans oublier leurs noms de scène …. "Personne n’ose plus prononcer son vrai nom, son nom de famille, sur scène. C’est honteux !", ajoute-t-on. Ajoutez à cela la qualité sonore souvent minable des concerts, où discerner l’instrumental des paroles de l’artiste est une véritable bataille de l’auditeur, et vous avez le topo de la situation.
De la défection alors
Mais ils n’en démordent pas : longtemps "laissés pour compte", arguant notamment "un mauvais traitement lorsqu’ils participent dans les grands concerts qui s’organisent à Bujumbura", les chanteurs et musiciens de Ngozi ont décidé désormais de la jouer "adulte".
Voila donc l’idée, comme une lame, qui a traversé Saïdi Brazza le rasta, avec son cercle rapproché, de faire "une soupe musicale locale" : l’Amicale des musiciens de Ngozi a vu le jour au mois de janvier. A ceux qui s’attendent à un copie-coller de celle de Bujumbura , le "Non !" de Go Men, vice-président de l’association, est catégorique : "Gitega l’a fait, pourquoi pas nous ? », se demande-t-il. Car l’enjeu est, selon toujours le chanteur, "de prendre en main notre propre destin, plutôt que de se remettre à ceux qui ne nous considèrent même pas."