Installés au Musée Vivant de Bujumbura depuis 8 mois, on leur demande désormais de quitter les lieux. La promesse d’une somme de 5 millions de Fbu aurait été faite, mais rien n’a été signé. Les artisans désargentés protestent.
<doc7446|right>Tout commence en 2007 à Mushasha (Gitega), avec une promesse orale qu’aurait prononcée un comité directif de 7 personnes : un représentant du Ministère du commerce, un représentant du ministère de la culture, jeunesse et sport, 4 représentants des artisans et la secrétaire administrative du Musée vivant. « Nous avons passé des concours dans nos communes, et les premiers gagnaient un stand au musée vivant. Ensuite, on nous a promis 5 millions chacun pour nous lancer » raconte Epipode Kamana , un artisan venu de Kayanza. "Bien plus, ils nous disaient que désormais nous devrions ouvrir un compte en banque et que nous allions avoir besoin de calculatrices, tellement nous allions gagner de l’argent", renchérit Salomée vendeuse de paniers.
Arrive juillet 2012, les artisans viennent à Bujumbura, plein d’espoirs. « J’ai vendu une de mes chèvres pour pouvoir payer mon ticket de bus, j’ai quitté mari et enfants, car je me disais qu’à Bujumbura j’allais faire fortune et enfin vivre de mon métier. Je me voyais revenir chez moi à Kayanza avec des cadeaux pour mes enfants et mon mari » raconte une vendeuse rencontrée sur place.
Des lendemains qui déchantent
Mais une fois au Musée vivant, les artisans vont vite déchanter. D’abord, les 5 millions promis, ils ne les verront pas, et les clients qui étaient censés se précipiter dans leurs stands, ne viennent jamais. Quant au logement, ils sont obligés de séjourner dans leur magasin car les loyers à Bujumbura sont « impayables ».
Quid dès lors de cette promesse ? Du côté de la secrétaire administrative du Musée vivant, on réfute catégoriquement : « il n’a jamais été question d’argent ou quoi que ce soit. Le seul objectif, était de les rassembler au centre d’exposition-vente, pour promouvoir l’artisanat et le commerce. » Même son de cloche du côté des autorités publiques : « c’est une fabulation totale. Allez savoir où ils ont été chercher cela ? » s’interroge Célestin, représentant du Ministère du commerce.
<doc7446|right>Aujourd’hui, les artisans qui ont élu domicile dans leur magasin, ont reçu l’ordre de quitter les lieux car, nous dit Jeanne Kwizera, directrice du Centre d’Exposition-Vente pour Promotion de l’Artisanat et du Commerce (CEVPAC) : "Il est stipulé dans le règlement d’ordre intérieur, qu’il est interdit de loger et de faire toute chose contraire à l’artisanat."
Mais pour Caritas Hakizimana, pas question de retourner chez elle à Karuzi « Qu’ils nous donnent ce qu’ils ont promis ! Où voulez-vous que j’aille, je n’ai même pas de quoi payer le ticket de bus. » lance avec colère la vendeuse.
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, disent les malins, et les artisans du Musée Vivant ont étaient victimes de leurs propre naïveté car, et ces derniers le confirment, il n’y a jamais eu d’accord écrit entre eux et le Comité directif du projet.