La protection des anciens locaux du Lycée Clarté Notre Dame coûterait plus cher que le lycée lui-même, selon le colonel Jean Pierre Masekanya, docteur ingénieur.
Selon ce professeur d’universités et chercheur qui a travaillé sur « la stabilité des pentes dans des sols en saturation partielle », ce n’est pas seulement l’école qui est menacée d’effondrement : « Si rien n’est fait, a-t-il précisé, même les infrastructures tout autour du lycée (ambassade de Chine, le palais présidentiel, etc.) peuvent être emportées dans un glissement de terrain. D’où la nécessité de protéger toute la zone, ce qui demande des moyens très importants.»
Et la solution la meilleure contre les ravages causés par les différentes rivières qui traversent la ville de Bujumbura est de limiter la quantité des eaux en provenance des montagnes surplombant la ville, en freinant autant que faire se peut leur vitesse de ruissèlement. Cela passe par une mesure d’interdiction des activités d’agriculture sur les flancs de ces montagnes et l’arrêt de la construction de maisons sur le versant de la colline Vugizo : « Qui prendrait de telles mesures qui porteraient préjudice à ceux qui ont déjà érigé leurs habitations et aux paysans qui n’ont plus assez d’espace pour leur agriculture ? » s’interroge le professeur Masekanya.
La stabilisation de la zone exige des techniques délicates et onéreuses
Pour diminuer la vitesse de ruissèlement des eaux, le professeur propose l’aménagement des lacs de retenue. Des canaux seraient à aménager pour le drainage des eaux de pluie jusqu’au ruisseau au pied du lycée : « Certes, le petit ruisseau au pied du lycée est déjà dompté. Mais le coffrage en béton sous lequel coule ce ruisseau peut-il pour canaliser toutes ses eaux et les eaux de ruissèlement en provenance du lycée et des maisons construites sur le versant de la colline Sororezo ? »
La construction des murs de soutènement est aussi une solution additive pour la stabilisation des talus et du ravin, la diminution de l’angle d’inclinaison du ravin et le remblaiement du terrain étant un préalable pour la réussite de ce procédé : « Certains bâtiments proches du ravin seraient malheureusement démolis, fait remarquer le professeur. »
Par ailleurs, l’injection de liants à grande pression sous forme de mortiers de ciment est un procédé efficace pour le colmatage des fissures observables de l’intérieur du lycée : « Cette solution demande de gros moyens financiers et une technique d’exécution un peu spéciale », a-t-il fait observer.
Une question se pose donc : peut-on donc dire que le glas a déjà sonné pour les bâtiments de l’ancien Lycée Vugizo ? L’interrogation est partagée par une association d’anciens élèves de l’établissement, dont le blog créé en 2012 sert à sensibiliser l’opinion sur le déclin désolant d’un des trois plus grands lycées de Bujumbura.