Les associations des personnes atteintes d’albinisme affirment qu’elles sont maltraitées dans tous les domaines. Selon leurs propos, elles sont tuées pour des raisons de fétichisme, sont discriminées. La Cnidh promet de lutter pour le respect de leurs droits.
D’après les représentants de leurs associations, la plupart d’albinos vivent au bas de la société burundaise. Depuis leur jeune âge, ils sont pourchassés, souvent tués pour des croyances obscurantistes. Ceux qui parviennent à l’âge scolaire, certains enseignants ne supportent pas de fournir un effort supplémentaire pour qu’ils soient au même niveau que les autres. Le comble, une infime partie d’eux a survécu et étudié, ne trouve pas d’emploi ou n’est jamais intégré dans les instances nationales de prise de décision. « Une maman qui met au monde un enfant albinos est chassée, l’enfant se retrouve sans paternité et vit dans la misère et l’ignorance. Ce qui minimise ses chances de réussir dans la vie », indique Anicet Bangirinama, président de l’Albinos Sans Frontières. Ce directeur d’un établissement scolaire déplore une discrimination silencieuse mais destructrice sur ses frères et sœurs. « Les albinos ne sont pas représentés dans les instances de prise de décision. Les minorités ethniques sont cooptées, personne ne pense à nous », ajoute-t-il.
Même son de cloche chez Moïse Nkengurutse, représentant légal des organisations des personnes albinos du Burundi. Il demande au gouvernement de renforcer ses efforts pour protéger les personnes atteintes d’albinisme, en particulier les femmes, les enfants et les personnes âgées qui sont victimes de crimes atroces et vivent constamment dans la peur. Les enfants sont tués, mutilés à cause des croyances diaboliques, selon lesquels certains membres de leurs corps peuvent être utilisés pour des rituels dans le but d’apporter de la chance ou de devenir riche.
Pour le respect des droits des albinos
Pour ces albinos, le chemin est encore long. Ils souffrent de la cécité, des cancers à cause de leur peau qui ne supporte pas de forts rayons du soleil. Ils ne sont ni soignés ni pris en charge par aucune structure gouvernementale. « Les malades souffrent et meurent dans l’insouciance totale. Seules nos associations qui n’ont pas de moyens nécessaires se démènent sans pour autant réussir d’alléger ces souffrances », pointe Donavine Banyiyezako.
Dans un atelier de plaidoyer en faveur des personnes atteintes d’albinisme tenu à Ruyigi, la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (Cnidh) a promis d’user de son statut juridique pour faire entendre les préoccupations des personnes atteintes d’albinisme. D’après Consolate Habimana, il est temps que la société burundaise se réveille et protège cette catégorie de la population. Des efforts politiques, humanitaires doivent également être déployés, compte tenu de leurs besoins spécifiques. Elle appelle les autorités à renforcer leurs efforts pour l’éducation et la sensibilisation afin de contrer les mythes horribles qui ont conduit à leur assassinat.
« Nous sommes prêts à nous engager pour mener un plaidoyer, faire des contacts au gouvernement et à ses partenaires pour que ces personnes jouissent de leurs droits sociaux, économiques, juridiques et politiques », a déclaré la vice-présidente de Cnidh. Avec ses partenaires, ils ont promis d’élever ensemble leurs voix pour le respect des droits des albinos.