Par Antoine Kaburahe
Diversité. Dignité. Simplicité. C’est ce que l’on peut retenir des funérailles de Joseph Ntamahungiro . Ce jeudi, l’église Saint-Julien à Auderghem est pleine. Une foule diverse. Burundais, Rwandais, Congolais, Belges, etc. « Choeur joyeux », la chorale, colorée également, chante dans toutes les langues. Le Kirundi, le Kinyarwanda, le Français, le Lingala… il y aura même un chant camerounais…
Hilarie, l’épouse de Joseph, entourée par ses enfants est digne dans sa douleur. Au début de la messe, la voix étranglée par l’émotion, Aurore, sa fille cadette, s’efforce de dire quelques mots sur son papa, sa douceur, son amour de la famille.
L’abbé Daniel Nahimana, un compagnon de route de Joseph depuis le séminaire de Mugera rappelle dans son homélie combien Joseph était un homme d’action. « Joseph faisait partie de plus de dix associations, dans lesquelles il était pleinement engagé. » Pour l’abbé Nahimana, comme journaliste, Joseph avait une énorme passion : chercher la vérité ! « La vérité vous rendra libres », disait Jésus a rappelé le prêtre, ému.
Autre moment fort, les intentions de prières dites par les enfants du défunt et leurs proches. Ils vont demander de prier pour la paix dans les Grands Lacs, les prisonniers, les exilés, les journalistes, ceux qui souffrent, bref tous les combats chers à Joseph.
Comme si la nature s’y mettait, pour une séparation moins triste, un soleil doux inonde Bruxelles et accompagne la foule vers le cimetière du Transvaal. C’est là que sont prononcés les adieux. Toujours dans la dignité. Hilarie, triste, mais altière, Dieudonné, le fils aîné, très courageux, semble déjà marcher sur les traces de son père. Michel Ange, costaud et protecteur se tient auprès de sa maman comme un garde du corps. Aurore, sourit, embrasse les amis et ne lâche pas la main de Laetitia, très affectée. Une famille meurtrie, unie dans sa douleur.
Puis, tout le monde va se retrouver autour d’un verre. Plusieurs personnes vont prendre la parole pour évoquer la vie de cet homme qui a laissé un souvenir impérissable partout où il est passé. Parmi les témoignages émouvants, celui de sa « famille » de Suisse. Entre les Ntamahungiro et les Durrer, c’est une longue et profonde amitié née il y a longtemps, quand Joseph était étudiant en journalisme à Fribourg. La famille suisse est venue en force pour accompagner l’ami , plutôt le frère.
C’est l’Abbé Daniel Nahimana qui semble avoir mieux résumé qui était cet homme en reprenant un extrait d’un texte que Joseph avait écrit sur ce qu’est un « citoyen engagé ».
D’après Joseph, les vertus d’un tel homme sont le courage, l’abnégation, la détermination et la patience. « Il doit semer sans être sûr de récolter les fruits de son labeur de son vivant. Tout ce qu’il doit souhaiter, c’est que d’autres poursuivent la mission qu’il aura entamée ».
Joseph a été ce « citoyen engagé ». Il a réalisé avec succès sa part.
A nous de continuer sur sa lancée ! Qu’il repose en paix !