Le 25 septembre, le chef de l’Etat anime une conférence publique. La date coïncide avec la période des 100 premiers jours du général-major Evariste Ndayishimiye à la tête du pays des mille et une collines, le Burundi. Très scrutée, cette période aura permis à certains analystes de s’interroger si le locataire du palais Ntare Rushatsi pendant tout un septennat a déjà imprimé son style, sa marque, a insufflé un nouvel élan.
Les Burundais attendent avec impatience la réalisation des promesses faites lors de son investiture. Cent jours pour s’attaquer à la corruption, lutter contre la pandémie de covid-19, assainir les finances publiques, relancer la diplomatie, résorber le chômage surtout des jeunes… L’heure est au premier bilan et la tâche s’annonce gigantesque.
Les avis sont partagés. Certains reconnaissent que les premiers pas du président- appelé affectueusement Neva- sont prometteurs. «Le bilan est largement positif. L’Exécutif a manifesté un engagement sûr dans le renforcement de la culture démocratique basée sur le développement intégral et l’efficacité de l’action gouvernementale. » Le Professeur Julien Nimubona, politologue, estime par contre que la démocratie a fléchi au lieu de s’enraciner. « Des masses entières de gens ne sont pas représentées dans les institutions alors qu’elles ont voté. Un grand risque pour le gouvernement. Un facteur d’instabilité politique. » D’autres analystes ne comprennent pas par exemple comment les hauts dignitaires n’ont pas encore déclaré leurs biens alors que le Chef de l’Etat leur avait donné un délai de deux semaines depuis le 23 août dernier. « La parole d’un Chef d’Etat a force de loi. Il n’y a pas à tergiverser », a fait remarquer un politique.
Cependant, tout le monde s’accorde à affirmer que la lutte contre la covid-19 couronne la première phase de ce mandat. Un autre constat est que le président élu parvient à établir les fondements d’un gouvernement opérationnel.
Certes, chacun est libre de formuler son opinion sur le bilan de la période. Mais une question cruciale se pose : Peut-on vraiment compter sur cent jours pour mettre en œuvre le projet d’un Chef d’Etat ou tenir ses engagements ? Toutefois, les graines que les dirigeants sèment dans les premiers jours de leur mandat sont les clés de la réussite du reste de la législature.