Dimanche 22 décembre 2024

Politique

Les 100 premiers jours du président Evariste Ndayishimiye : Un bilan mitigé

26/09/2020 Commentaires fermés sur Les 100 premiers jours du président Evariste Ndayishimiye : Un bilan mitigé
Les 100 premiers jours du président Evariste Ndayishimiye : Un bilan mitigé
Le président Evariste Ndayishimiye, le jour de sa prestation de serment au Stade Ingoma de Gitega.

Le Général-Major Evariste Ndayishimiye totalise, ce vendredi 25 septembre 2020, 100 jours à la tête du pays. Depuis son investiture, le 18 juin 2020 en province Gitega, plusieurs actions ont été menées par son gouvernement. Pour certains politiques et activistes de la société civile, le bilan est positif tandis que d’autres le jugent largement négatif.

Le «Samurarwa» (l’héritier) de feu président Pierre Nkurunziza a pris les rênes du pouvoir le 18 juin 2020. Le Général-Major Evariste Ndayishimiye a prêté serment au stade Ingoma de Gitega. Dans son discours d’investiture, de même que lors de la compagne électorale, des promesses ont été faites. Bref retour sur certaines actions annoncées.

La Covid-19 maîtrisée ?

Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, une campagne de dépistage massive, intitulée « Je guéris, je ne contracte pas et je ne contamine pas», est en cours dans plusieurs provinces. Le prix du savon a été aussi réduit à moitié. D’après les chiffres du ministère de la Santé publique du 20 septembre 2020, à 10 jours de la fin de la campagne, il ne resterait que 11 malades de la Covid-19. Durant cette campagne, plus de 32.000 tests ont été effectués. «A voir l’évolution de la courbe épidémiologique de la Covid-19, l’épidémie est maîtrisée à l’intérieur du pays, mais la population doit toujours respecter les gestes barrière puisque la pandémie persiste. Elle n’est pas terminée», a prévenu le ministre de la Santé publique, Thaddée Ndikumana.

Dans le secteur de la sécurité sociale, un décret portant subvention des soins de santé pour le personnel de l’Etat mis en retraite pour limite d’âge vient d’être signé mercredi 16 septembre 2020. Dorénavant, toutes les pathologies de cette catégorie seront prises en charge dans les structures de soins publiques et assimilées et seront subventionnées à 100% du ticket modérateur. C’était une promesse de campagne.

Des policiers écroués pour corruption

En ce qui concerne la lutte contre la corruption, les malversations économiques et autres abus, le président Ndayishimiye a décrété la tolérance zéro. Dans le cadre de cette politique, plusieurs policiers et civils ont été appréhendés et écroués. Généralement, ils étaient accusés de corruption, de vol à main armée, de vol qualifié, d’assassinat et d’extorsion. Un numéro vert, le 413 a été mis en place pour dénoncer des policiers ou d’autres personnes qui commettent des abus. Le numéro est fonctionnel. Iwacu a vérifié ce jeudi 24 septembre 2020 à 10h 30 min.

Néanmoins, il y a un bémol. Le 23 août 2020 à Ngozi, le Chef de l’Etat a appelé les membres du gouvernement à déclarer leurs patrimoines. Il avait donné un délai de 2 semaines. Cela n’a pas été fait selon les activistes des droits humains. Interrogé, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye, n’a pas voulu s’exprimer.

Haro sur le chômage

Pour lutter contre le chômage, le gouvernement a lancé une campagne de recensement des jeunes chômeurs. Sur un total de 286.515 jeunes chômeurs recensés dans tout le pays, 132 483 sont des femmes et 153 957 des hommes. La Mairie de Bujumbura arrive en tête avec 45.787 jeunes, la province de Gitega avec 25.960 et la province Kayanza avec 18.523 jeunes chômeurs.

En province Cibitoke, ce mardi 22 septembre dernier, le président de la République a appelé la jeunesse scolarisée à se regrouper en coopératives et à élaborer des projets crédibles et à long terme. «Le gouvernement va donner à toutes les communes du pays au moins 100 millions de BIF par commune pour appuyer les projets des jeunes.» De plus, le numéro Un a exhorté les opérateurs économiques à donner du travail aux jeunes. «Un opérateur économique qui donnera un travail aux jeunes, le gouvernement paiera leur salaire pendant une année.»

Première visite à l’étranger

Le Général-Major Evariste Ndayishimiye, pour sa première visite en tant que président de la République, vient de faire une visite d’une journée, ce samedi 19 septembre 2020, en République unie de Tanzanie. Au mois de juillet, le chef de l’Etat avait reçu en audience les ambassadeurs de France, de Belgique, d’Allemagne et de l’Union européenne. « Ils veulent que leurs pays et le Burundi s’engagent dans un dialogue politique franc, en vue de renouer les rapports de coopération», avait souligné Jean Claude Karerwa Ndenzako, son porte-parole.

Néanmoins, le nouveau président fait face, depuis la fin du mois d’août 2020, à des attaques des groupes armés dans les provinces de Rumonge, Bururi, Kayanza, Muramvya, Bubanza et Cibitoke. Dans la foulée de ces attaques, plusieurs arrestations ont été rapportées. Iwacu a essayé de contacter la chargée de communication du Cndd-Fdd, Nancy Ninette Mutoni, en vain.


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Olivier Nkurunziza : «Les intentions sont bonnes»

Selon le Secrétaire général de l’Uprona, Olivier Nkurunziza, le bilan de ces 100 jours est positif. «La sécurité règne dans toutes les provinces mais s’il y a des groupes de bandits qui sévissent. Dans l’ensemble, le Burundi est stable.» Pour lui, il faut continuer à rassembler les Burundais afin de consolider la cohésion sociale. «C’est le pari du président et nous l’encourageons.»

Pour Olivier Nkurunziza, le gouvernement a pris des mesures adéquates concernant la lutte contre la Covid-19. «Aujourd’hui, nous avons seulement 11 cas. Compte tenu de ce qui se passe dans le monde, la situation est maîtrisée au Burundi. C’est appréciable.» Quant à la lutte contre la corruption, il trouve que le ministère en charge de la sécurité publique est en train de mâter des policiers et autres fraudeurs. «C’est une bonne chose. Toutefois, il y a encore du travail.» Le secrétaire général de l’Uprona félicite le gouvernement d’avoir tenu parole rapatriant les réfugiés surtout ceux de Mahama au Rwanda. «Nous apprécions le pas déjà franchi et nous encourageons le gouvernement à continuer.»

Selon Olivier Nkurunziza, les actions du président Ndayishimiye s’inscrivent dans la continuité de la politique du Cndd-Fdd. Nous observons, poursuit-il, que le président a déjà sillonné plusieurs provinces pour expliquer la vision et les objectifs du gouvernement actuel et en même temps écouter les desiderata de la population. «Peut-être qu’après ces visites, on va passer à l’action afin que les promesses faites aux Burundais se concrétisent.» Pour lui, évaluer 100 jours est difficile mais les intentions sont bonnes. «Ça serait à l’aise d’évaluer après une année ou deux ans».

Kefa Nibizi : « Il y a une volonté de renforcement d’une gouvernance démocratique»

«Le bilan est largement positif. Pendant ces 100 jours, le gouvernement a manifesté un engagement sûr dans le renforcement de la culture démocratique basée sur le développement intégral et l’efficacité de l’action gouvernementale», analyse Kefa Nibizi, président du parti Sahwanya Frodebu Nyakuri. Il donne l’exemple d’une réorganisation de l’administration centrale en réduisant le nombre des ministères pour diminuer les charges budgétaires. «Il y a également une lutte contre la fraude et la corruption qui s’observe ces derniers jours. Cela montre une volonté de bonne gouvernance. Il ne faut pas oublier le dialogue initié par le Chef de l’Etat dans toutes les provinces à l’endroit des natifs. Le dialogue avec les partis politiques, l’Eglise catholique,…tout cela montre une volonté de bâtir un pays sur fond du dialogue constructif.»

En matière de développement, Kefa Nibizi parle du récent recensement des chômeurs dans l’optique de les encadrer et de les appuyer dans les travaux de développement. «Il y a aussi l’engagement du gouvernement dans l’amélioration des conditions de vie des retraités.»

Le rapatriement des réfugiés, surtout ceux du Rwanda, est aussi à l’actif du nouveau gouvernement selon le président du Sahwanya Frodebu Nyakuri. En diplomatie, il souligne la rencontre du président de la République avec les ambassadeurs européens. Il salue aussi l’engagement du gouvernement dans la lutte contre la Covid-19 par la campagne de dépistage de masse et la subvention du savon. «A travers le discours d’investiture d’abord et les actions qui ont suivi, nous constatons qu’il y a une volonté de renforcement d’une gouvernance démocratique qui va au service de la population afin de rehausser leurs conditions de vie».

Abdoul Kassim : «Le président Evariste Ndayishimiye mérite 75%»

«Compte tenu des circonstances difficiles liées notamment à la mort inopinée de Feu président Nkurunziza, il mérite la note de 75%. Toutes les actions menées jusqu’ici sont conformes aux promesses de sa campagne ». C’est l’avis d’Abdoul Kassim, président du parti UPD-Zigamibanga. Selon lui, le bilan de ces 100 jours est largement positif. «Ils sont caractérisés par l’action et la constance de la parole donnée».

D’après lui, le gouvernement devrait davantage travailler pour la protection de l’environnement, dont les bassins versants, avant les prochaines pluies. «L’autre action devrait aller beaucoup plus en direction de la justice. Il faut revoir le fonctionnement et le comportement des cours et tribunaux envers les citoyens ordinaires».

Phénias Nigaba : «Le bilan est largement négatif»

Le porte-parole du parti Sahwanya Frodebu est d’un autre avis. «A voir le programme politique qu’il a présenté le jour de l’investiture et les réalisations, le bilan est largement négatif.» Phénias Nigaba trouve que rien n’a changé dans tous les domaines. «Est-ce que les partis politiques travaillent en toute tranquillité. Pas du tout. Est-ce que la corruption a été suffisamment combattue ? Je ne pense pas. Est-ce que la situation des droits de l’Homme a évolué? Pas d’un iota.» Au niveau économique, poursuit-il, aucun changement. «Les gens continuent de vivre dans un dénouement total. Les élèves continuent de s’asseoir par terre. Ils manquent de matériels scolaires, …C’est la même galère».

Phénias Nigaba essaie de trouver une explication: «On a combiné les ministères et la réorganisation n’est pas encore effective. Les nominations à des postes clés ne sont pas encore terminées. Dans notre parti, nous pensons peut-être qu’ils sont en train de se préparer et nous espérons que leur programme sera mis en exécution.» Toutefois, il trouve que cette réorganisation prend du temps. «100 jours, c’est beaucoup. La conséquence est que le programme n’est pas exécuté, car ceux qui devaient le faire ne sont pas encore nommés. C’est ce qui se passe aujourd’hui».

Le porte-parole ne comprend pas d’ailleurs comment les hauts dignitaires n’ont pas encore déclaré leurs biens alors que le Chef de l’Etat leur avait donné un délai de deux semaines depuis le 23 août dernier. «Peut-être qu’il est de bonne foi et que les autres font la sourde oreille. Normalement, la parole du président a force de loi. Cela aurait dû être fait depuis longtemps et les récalcitrants destitués et punis. Il n’y a pas à tergiverser. Il y a quelque chose d’anormal.»

Hamza Venant Burikukiye : «La gouvernance qu’il faut est déjà là»

«En matière des droits de l’Homme, le bilan dans ces 100 jours est largement positif et inspire confiance», confie Hamza Venant Burikukiye, représentant légal de CAPES+. Il assure que la liberté d’expression a été renforcée «en témoigne les descentes répétitives menées par différentes autorités du sommet à la base.» Et d’énumérer quelques cas illustratifs : la sécurité a été renforcée, des boîtes à suggestion sous le contrôle du président de la République ont été installées à travers toutes les communes du pays, la circulation reste intense jour et nuit, la pandémie de la Covid-19 a été maîtrisée, les infrastructures et équipements scolaires sont renforcés et améliorés pour garantir un enseignement de qualité, la politique agricole et pastorale a été redynamisée et améliorée pour permettre l’accroissement de la production agricole et pastorale en quantité et en variétés, le retour massif et incessant des réfugiés, etc.

Pour cet activiste de la société civile, la gouvernance qu’il faut est déjà là. «Peut-être qu’il faut la renforcer, car l’Etat de droit n’est plus à démontrer. Les institutions démocratiques sont là. Les instances de lutte contre la corruption fonctionnent».

Gabriel Rufyiri : «Le président doit se dépouiller de tous ces corrompus qui rôdent tout autour de lui»

«100 jours viennent de s’écouler sans que le gouvernement ne fasse aucune action concrète pour lutter contre la corruption. C’est vrai, les messages politiques ont été donnés, mais ils doivent être suivis par des actions concrètes», souligne Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome).

Pour lui, le préalable pour lutter contre la corruption était la déclaration des biens par les hauts dignitaires. «C’est une exigence légale.» D’après lui, l’article 29 de la loi anticorruption du 18 avril 2006 les y oblige dans un délai n’excédant pas quinze jours à partir de leur entrée en fonction. Selon lui, rien n’a été fait jusqu’à maintenant.

M. Rufyiri fait savoir que les infractions connexes à la corruption comme l’enrichissement illicite, le blanchiment de l’argent sale, la prise illégale d’intérêt, le délit d’initié…devaient être sanctionnés conformément à la loi. Ce qui n’est pas le cas jusqu’aujourd’hui. «Pour nous, la lutte contre la corruption est quasi impossible avec des corrompus qui sont devenus plus forts que l’Etat. A notre avis, le président de la République actuel n’est pas corrompu, mais le problème est qu’avec les corrompus qui gravitent autour de lui, il sera annihilé purement et simplement.» Pour le président de l’Olucome, il faut que le Chef d’Etat se dépouille de tous ces corrompus qui rôdent tout autour de lui. Sinon, il sera lui aussi contaminé et par conséquent la lutte sera vaine.

L’Olucome suggère que, en plus d’un audit général de l’Etat, il y ait une réforme profonde de la loi anticorruption pour que, par exemple, la Haute Cour de la justice soit instituée. «Elle devait être constituée depuis longtemps. C’est une obligation constitutionnelle. C’est une trahison à l’endroit des Burundais. Il est plus qu’urgent que cette réforme soit enclenchée.»

Concernant la lutte contre la Covid-19, Gabriel Rufyiri reconnaît que le nouveau président a essayé d’initier certaines actions, d’abord dans les discours et puis au niveau des actions. «Mais ces actions se sont arrêtées au fil du temps. Les gestes barrière ont été oubliés. Des rassemblements publics et autres fêtes se font à la normale. C’est anormal. Certes, c’est très difficile dans un pays où le social joue un rôle important, mais il doit y avoir des mesures pour protéger les citoyens».

Pour Gabriel Rufyiri, la mesure d’améliorer les conditions de vie des retraités est extraordinaire. «Cette tranche de la population avait été oubliée. Toute mesure qui vient soulager la misère et les souffrances des citoyens pauvres est la bienvenue. Toutefois, il faut des mesures d’accompagnements. Parfois, de tels projets tombent à l’eau faute de moyens».

Gustave Niyonzima : « Le style de gouvernance n’a pas changé »

«Les droits de l’Homme se sont beaucoup détériorés surtout à l’endroit des opposants», déplore cet activiste des droits humains. Pour lui, le style de gouvernance n’a pas changé. «Les disparitions forcées, les assassinats ciblés, les tortures atroces, les viols, les discours haineux et les menaces de mort sont le pivot des crimes du régime en place à l’égard des opposants ainsi qu’à l’égard de toute voix dissonante». Selon lui, les présumés bourreaux sont des Imbonerakure, des policiers et des militaires affiliés au pouvoir en place.

Me Gustave Niyonzima parle d’un autoritarisme pur et simple ainsi qu’une dictature militaire. «Il n’y a que le népotisme, la gabegie, le favoritisme, la mauvaise gouvernance, les malversations économiques, le non-respect des droits humains et le vide institutionnel qui caractérisent le pouvoir actuel.» Dans l’immédiat, indique-t-il, il faut conjuguer des efforts coercitifs afin de ramener le pouvoir à la raison quitte à mettre en place diverses commissions chargées de mâter et de poursuivre en justice tous les criminels cités dans plusieurs cas de crimes odieux commis au jour le jour.

Anschaire Nikoyagize : «L’impunité et la corruption prennent une allure inquiétante.»

«La gouvernance a été caractérisée par la non-unicité des membres du gouvernement. Chacun fait ce qu’il veut en témoigne le discours du ministre de la Jeunesse dans la province de Kayanza. Il a contrarié le gouverneur qui avait interdit les Imbonerakure de faire des rondes nocturnes», indique cet activiste des droits de l’Homme. D’après lui, l’impunité et la corruption ne cessent de prendre une allure inquiétante.

Anschaire Nikoyagize dresse un bilan de 198 personnes tuées, 76 cadavres retrouvés, 13 personnes enlevées et 300 arrestations arbitraires depuis la 3e semaine de juin 2020 jusqu’à la 3e semaine de septembre 2020.


Trois questions à Prosper Niyoboke/ «L’impact est certain si cette jeunesse est bien investie et bien accompagnée.»

Le président de la République a fait de l’emploi des jeunes son combat. Des mesures ont été prises afin d’enclencher l’autonomisation effective des jeunes. L’économiste Prosper Niyoboke décortique certaines d’entre elles.

Le chef de l’Etat exhorte les jeunes scolarisés à s’organiser en coopératives pour élaborer des projets de développement qui seront financés par le gouvernement. Quel impact cela aura sur l’économie burundaise ?

Organiser la jeunesse pour qu’elle conjugue son savoir-faire et efforts est une bonne chose. L’impact est certain si cette jeunesse est bien investie et bien accompagnée. Il faudrait d’abord un parcours d’acquisition des compétences, des capacités et des connaissances.

Certes, un recensement a eu lieu pour effectivement avoir une base de données. C’est comme un audit sur l’existant de la situation de cette jeunesse. Personnellement, je me dis que le trajet est assez long vu que les besoins en renforcement des compétences sont énormes autant qu’en renforcement des capacités financières, matérielles et techniques. Tout arsenal d’éléments nécessite de bons préparatifs, de plans de formation, de bons plans de financement, de bons plans d’affaires et une bonne connexion aux institutions financières, en l’occurrence les institutions de microfinance.

Il revient au gouvernement d’entrer en contact avec les opérateurs économiques pour que, à leur tour, entrent en contact avec cette jeunesse future entrepreneure. L’impact consécutif à ces actions porterait sur la création d’emplois par la jeunesse, la diminution du chômage, la réduction de la pauvreté et partant la croissance économique.

Le président de la République a indiqué en province Cibitoke que chaque commune du pays aura un budget de 100 millions de BIF pour les jeunes. Est-ce suffisant et efficace?

Un budget de 100 millions de BIF est loin d’être suffisant mais peut contribuer au lancement de certains projets jugés phares. Ce qui est important, c’est la démographie en termes de la jeunesse en situation de chômage. Mais aussi, c’est la cartographie des projets recensés en quête de financement pour aussi revenir sur la responsabilité, l’engagement, l’objectivité, l’orientation des gestionnaires de ces communes.

Il faudrait une planification locale pour que les projets de cette jeunesse viennent en réponses aux besoins recensés par la commune. La faisabilité est conditionnée par l’ensemble de ces paramètres. Il faudrait un bon plan d’accompagnement, de suivi et d’éducation managériale et entrepreneuriale. Il faudrait également un dispositif de filtrage pour ne commencer que par les meilleurs projets jugés mieux bancables. Un rationnement d’octroi de financement se justifie lorsqu’il y a une bonne sélectivité objective. C’est ce qui devrait être fait mais en fixant de bons critères de sélection de projets.

Enfin, un plan en escalier pour faire en sorte que d’autres projets suivent selon la cotation. Fixer les premiers projets, c’est-à-dire la première promotion et leurs critères de choix. Sur ce, d’autres jeunes se prépareront pour répondre à ces critères afin de bénéficier de financement. Il faudrait aussi une forme de rotation de crédit donc une chaîne de remboursement sur les bénéfices pour permettre les refinancements d’autres projets des générations cadettes.

Le chef de l’exécutif a aussi déclaré que pour chaque entreprise privée qui engagera des jeunes chômeurs, l’Etat paiera une année de salaire pour eux. Est-ce une bonne stratégie ?

C’est une stratégie pour les entreprises au facteur travail presque en plein emploi. Ce qui veut dire que cette entreprise opte pour les investissements de croissance, d’extension… pour se faire relayer par le gouvernement qui va rémunérer le facteur travail additionnel.

La stratégie peut être meilleure, si la jeunesse recrutée épouse bien l’appareil de l’entreprise. Mais, il faudrait d’abord voir le régime salarial de chaque entreprise pour qu’il n’y ait pas beaucoup de disparités, risquant de créer de la méfiance, ce qui impactera négativement sur le rendement. Les employeurs devraient d’abord manifester ces besoins en facteur travail et vérifier si cette jeunesse satisfait aux besoins et conclure les contrats sur de bonnes bases.

Propos recueillis par Fabrice Manirakiza

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