Jeudi 21 novembre 2024

Politique

Les 100 jours du discours du SG du Cndd-Fdd

15/12/2016 12

Le 1er décembre dernier, la nouvelle direction du Cndd-Fdd a organisé une conférence publique pour faire le bilan de ses 100 jours à la tête du parti. Une période également marquée par une radicalisation d’un discours au début tolérant et rassurant.

Rassurant à ses débuts, le nouveau patron du Cndd-Fdd, Evariste Ndayishimiye, use d’un discours de plus en plus virulent.
Rassurant à ses débuts, le nouveau patron du Cndd-Fdd, Evariste Ndayishimiye, use d’un discours de plus en plus virulent.

Jeune Afrique du 8 septembre qualifie le nouveau patron du parti présidentiel d’« adepte du discours rassurant. » Dès sa prise de fonction, le 23 août 2016, le général Evariste Ndayishimiye alias Neva, est apparu presque conciliant : « Nous allons faire un travail qui va ramener la confiance de ces partenaires. En nous voyant sur le terrain, travaillant, parlant le même langage sur le développement du pays, ils vont se tourner vers nous et nous appuyer pour aller de l’avant.» Un discours aux antipodes de celui de son prédécesseur, Pascal Nyabenda, qui prenait certains Etats et organisations internationales, le Rwanda, l’opposition, la société civile à partie, accusés d’être responsables des maux du Burundi.

Le 4 septembre dernier, à Gitega, le secrétaire général du Cndd-Fdd est resté sur cette lancée, en s’adressant aux membres de son parti : « « Vous connaissez tous d’où nous venons. Même celui qui ne savait pas, il a récemment eu le temps de voir que le Burundi peut se transformer en Somalie en un laps de temps. Et personne ne souhaiterait y retourner. » Il est allé jusqu’à déclarer qu’ « un mauvais dirigeant divise son peuple. »

Le général Ndayishimiye a même tendu la main aux opposants : « Je vais approcher toute personne qui nagera à contre-courant, pour lui demander ce qui ne va pas, afin de la ramener sur le chemin de la construction d’un Burundi meilleur.» Pour lui, « la maladie de la globalisation » a fait son temps.

Chasser le naturel…

Le 7 octobre dernier, sur la colline de Karurama, commune de Rugombo, dans la province de Cibitoke, le patron du parti de l’aigle change brusquement de ton. Il qualifie certains Burundais, qui ont fui le pays, de fainéants, d’autres de criminels. « Qu’ils sachent que nulle part au monde quelqu’un peut fuir la justice. Fin des fins, la justice finira par les attraper. Nous informons les pays hôtes que ce sont des malfaiteurs. Et qu’ils pourront commettre les mêmes délits dans ces pays, comme ils l’ont fait dans leur pays. Parce que ce n’est pas évident qu’ils ont abandonné leurs mauvaises habitudes. »

Le 8 octobre, à Makamba, Evariste Ndayishimiye devient de plus en plus tranchant, et met des noms à ceux qu’il accuse, après une marche de soutien au gouvernement, après les travaux communautaires. Il a explicitement accusé les Nations unies et l’Union européenne de vouloir « déstabiliser » le Burundi, citant les exemples de la Libye et de la Somalie. « L’UE a voulu passer par des résolutions pour installer au pouvoir qui elle veut, mais le Burundi lui montre qu’il est indépendant », a rassuré M.Ndayishimiye. Pour lui, il ne fait aucun doute que ce sont les Européens qui ont divisé les Burundais à leur arrivée, en semant la haine ethnique. « L’ONU n’a pas réagi, car c’est elle qui a commandité ces crimes. Et elle veut qu’ils soient répétés alors que les Burundais vivent en paix depuis dix ans », a-t-il également reproché à l’Onu.

Un autre va-t-en guerre…

Le 26 novembre dernier, à Rumonge, Evariste Ndayishimiye alias Neva se montre l’égal de son prédécesseur, avec un ton si cassant et accusateur qu’il n’a rien à envier à celui de Gélase Ndabirabe. C’était après une manifestation contre la décision des NU d’envoyer trois experts au Burundi pour faire des enquêtes sur les violations graves des Droits de l’homme au Burundi. « C’est la Belgique qui a instauré des divisions ethniques en vue d’exterminer une partie de la population burundaise (…) Et pour cause, les Flamands et les Wallons ne se saluent même pas…Ils veulent que notre pays soit fondé sur une division ethnique des Hutu et Tutsi comme chez eux », a-t-il soutenu en accusant la Belgique d’avoir cautionné et même planifié les massacres qui ont endeuillé le Burundi depuis des années. Pour Evariste Ndayishimiye, c’est également la Belgique qui a conçu le coup d’Etat du 13 mai 2015, la preuve étant qu’elle a accueilli sur son sol tous les putschistes. « Depuis, la Belgique suscite des tensions entre le Burundi et l’UE, ainsi que les Nations-unies…Mais nous n’allons pas les mettre dans le même panier. Nous avons ciblé notre ennemie : c’est la Belgique. » Sur le risque de génocide au Burundi, c’est aussi la Belgique qu’il a pointé du doigt au point de l’accuser d’en préparer un au Burundi. Menaçant, le secrétaire général du Cndd-Fdd a même mis en garde contre un éventuel envoi de troupes étrangères au Burundi : « Même s’ils alignent 10 mille policiers, nous alignerons 10 millions de Burundais et nous verrons qui vaincra ! »


Décryptage

A ses débuts, le discours du nouveau patron du parti présidentiel se voulait « soft », comparé a celui de l’ancienne direction qui, dans les derniers jours, sortait une cascade de communiqués plus virulents les uns que les autres. Effacé et rarement cité dans les dérapages du pouvoir, le général Evariste Ndayishimiye semblait vouloir faire la différence. Comme toute illusion, elle n’a pas fait long feu.

Mais le changement du discours du secrétaire général du Cndd-Fdd n’est pas étonnant en soi. Déjà, selon plusieurs observateurs, le congrès national a placé à la tête du parti des hommes du président Pierre Nkurunziza, qui est devenu le véritable patron du Cndd-Fdd. Et vu les tweets de certains de ses conseillers, actuels ou anciens, le numéro Un burundais n’aime pas s’entourer de gens discrets ou posés. La question qui se pose est de savoir si Evariste Ndayishimiye a viré de bord à 90⁰ pour ne pas faire tâche d’huile dans l’équipe présidentielle, ou si c’est par conviction. En tout état de cause, il s’agit d’un discours propagandiste comme en usent tous les ténors du parti au pouvoir : tracer le chemin et se faire une place après les élections de 2020. Lui et son équipe ont un mandat de 5 années renouvelable. Et le mot d’ordre du congrès qui l’a mis à la tête du parti présidentiel était de se préparer pour ces élections…

Forum des lecteurs d'Iwacu

12 réactions
  1. Fofo

    <>?
    J’aurais aimé que vous nous dites si ce qu’il a dit est vrai ou faux. Sinon rien n’est étonnant car s’il s’est engagé en politique et c’est pour moi normal et légitime de faire sa propagande!

  2. eric

    il faut etre englophone car:
    – on est en afrique de l’est community.
    -on perd du temps derriere ces belges .Ils ont fain et sont diviser eux meme ils ne nous donneront jamais la paix de generation en generation DO NOT DREAM SOME REAL GOOD FROM THEM.
    1900?!! do’nt you open your eyes??,how long they play with US dividing US? shame!! they don’t love tutsi or hutu .They love our division .Is a system : They call it ying yeng.
    -francophonie is more on NGOS and social programs and slow on development but anglophone attract more investment.
    -this is the chance to come out of these freemasonry Avignon french organizations
    -its takes courage but it is far better

  3. mayugi

    Les Belges eux, ont dépassé cette barbarie de tuer leurs voisins. Honte à cette partie des burundais encore en animosité.

  4. Aline Biduga

    M. Madisha, prière relire et bien comprendre l »expression « faire long feu ». Beaucoup se trompent la-dessus!

  5. MIZA

    Reka basha gufyina itarambere riracari kure !!! Abatanga amahera biyandikira kandi basoma mugifaransa ! Abayashaka nabo benshi bivugira ikirundi gusa ! Saisissez d’où vient le sous-développement !

    « Elle recommande aussi que pour protéger les clients moins instruits afin qu’ils comprennent le contenu de leur engagement envers les banques, et ainsi éviter les différends lors de la réalisation des garanties ou tout autre conflit lié aux opérations de remboursement de crédit, que les établissements assujettis rédigent les contrats de crédits qui les lient avec ces clients burundais dont la connaissance de la langue française n’est pas certaine, en langue nationale, le Kirundi. »
    https://bujumburanewsblog.wordpress.com/2016/12/15/le-projet-de-loi-relatif-aux-activites-bancaires-a-ete-adopte/

    • mayugi

      un HS!

  6. En definitive, pour esperer un developpement durable, le Burundi doit suspendre toute cooperation diplomatique avec ce Pays tres divise entre les Wallons et les Flamands. Si le Burundi etait colonise par les Anglophone, il aurait beneficie d’un certain niveau de developpment au lieu de privilegier la taille du nez.

    • Bakari

      @HIMA Jeremy
      Les problèmes entre wallons et flamands n’ont pas (encore) causé plus de 10 tués.
      Au Burundi ce chiffre reçoit un exposant 5.
      Bref, si les burundais ont (voulu) copié la Belgique, ils ont raté!

    • roger crettol

      Sacrés Belges, va ! Ils auraient dû privilégier la taille des oreilles, ou le menton en galoche. Résultat : la police est obligée de perquisitionner les appartements des Belges à Bujumbura pour rassurer le grand public que ces Belges résiduels ne présentent aucun danger …

      Le Royaume de Misère l’a échappé belle ! En avant pour de nouveaux développements, durablement imprévisibles et cocasses. Merci Jeremy.

      JerryCan, le plus gentiment possible.

      • Yves

        Chez les DD, on privilégie la taille du cerveau, et de préférence le plus petit possible. A chacun sa spécialité M. Hima !

    • Stan Siyomana

      @Hima Jeremy
      1. La vraie entrave au developpement durable et inclusif du BEAU PAYS DE MWEZI GISABO, c’est que LA DICTATURE DU 3 EME MANDAT PRESIDENTIEL AU BURUNDI MANQUE DE VISION.
      2. Meme la Sainte Bible nous met en garde:
      « LA OU IL N’Y A PAS DE VISION, LE PEUPLE PERIT… » (Proverbes 29/18).
      3. Meme en Afrique du Sud, Patrick Kuwana (Founder and CEO of Crossover Transformation Group) a examine le probleme de son pays qui descent aux Enfers a cause du manqué de vision de la part du president Jacob Zuma et du parti au pouvoir (= African National Congress- ANC).
      (Voir Patrick Kuwana: How to rescue a visionless, leaderless nation heading for chaos. http://www.biznews.com, 17 October 2016).

    • Biturakamo Clement

      Hima, aucune colonisation n’est meilleure qu’une autre. Le Burundi n’avait point besoin d’être colonisé.

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