Le porte-parole de la cour pénale internationale a assuré que les enquêtes se poursuivent et pourraient déboucher sur des mandats d’arrêt et des citations à comparaître. Une force du mal pour déstabiliser le pays, selon Gitega.
On n’a pas encore fini d’en entendre parler des mandats. La Cour pénale internationale poursuit « discrètement » ses enquêtes sur les crimes commis au Burundi. C’est du moins ce qu’affirme Fad El Abdallah, porte-parole de la CPI. Dans une conférence de presse, il a indiqué qu’une équipe multidisciplinaire du bureau de la procureure réunit des éléments de preuve nécessaires. Elle essaie d’identifier dans le cadre de l’autorisation de chambre préliminaire, quels seraient les crimes les plus graves qui pourraient potentiellement relever de la CPI.
« Il y a concentration sur les potentiels crimes les plus graves et le bureau du procureur va réunir les preuves nécessaires pour aller devant les juges et demander l’ouverture de la procédure d’accusation contre les personnes suspectées et qui, du point de vue du procureur, porteraient la responsabilité la plus lourde».
L’étape suivante sera de convaincre les juges pour qu’ils délivrent des mandats d’arrêt ou des citations à comparaître, le moment échéant.
Une décision de poursuivre l’enquête qui a pris de court Gitega qui croyait s’être débarrassé définitivement de la CPI en claquant définitivement la porte du statut de Rome le 27 octobre 2017. A la date butoir du retrait définitif, le pouvoir en place avait poussé un ouf de soulagement. C’était sans compter sur la CPI qui a sorti une dizaine de jours plus tard un communiqué annonçant qu’en date du 25 octobre 2017, les juges de la cour s’étaient réunis, soit deux jours avant le retrait du Burundi.
La cour a donc autorisé la procureure de la CPI à « ouvrir une enquête sur des crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis au Burundi ou par des ressortissants burundais à l’extérieur de leur pays depuis le 26 avril 2015 et jusqu’au 26 octobre 2017. »
De toute évidence, la CPI n’a pas encore dit son dernier mot. L’épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de Gitega qui perçoit cette déclaration du porte-parole de la CPI comme une espèce de pression à la veille du prochain scrutin.
La CPI estime que plus de 1 200 personnes auraient été tuées. Elle chiffre les détentions illégales par « milliers » et les disparitions s’évalueraient par centaines. Les violences alléguées auraient entraîné le déplacement de 413 490 personnes entre avril 2015 et mai 2017.
La Commission d’enquête des N-U sur le Burundi avait dressé un tableau plutôt accablant de la situation des droits de l’Homme. Elle a évoqué des crimes contre l’humanité. Selon la commission, tout porterait à croire que le président de la République, Pierre Nkurunziza ainsi que plusieurs hautes autorités du pays seraient impliqués dans des violations graves des droits de l’homme, voire des crimes contre l’humanité. Elle a demandé à la CPI d’enquêter sur ces exactions.
Malgré le retrait du Burundi de la CPI, le porte-parole de la cour indique que ce pays a toujours l’obligation de coopérer. Il indique, toutefois, que rien n’empêche la progression des enquêtes.