Selon les chiffres de la BRB, la population burundaise traîne toujours les pieds pour épargner dans des coopératives d’épargne, des banques ou des microfinances. 26,4 % des personnes en âge d’activité possèdent des comptes bancaires. La pauvreté serait une des sources de ce faible niveau d’épargne.
Malgré le mauvais temps dans le ciel de Bubanza ce samedi, la population a fait comme elle peut pour participer à cette journée du 31 octobre où se célèbre chaque année la Journée Internationale de l’Epargne.
La Fédération Nationale des Coopératives d’Epargne et de Crédit du Burundi s’est illustrée en ouvrant son nouveau guichet au chef-lieu de la province.
Selon les responsables administratives de la province et les responsables des microfinances, la célébration a pour but de mobiliser toutes les couches sociales à la culture de l’épargne qui jusqu’ici reste le parent pauvre de l’économie burundaise.
Sans détours ni langue de bois, tous ont fustigé le niveau d’épargne des Burundais dans les institutions financières. D’après ces derniers, si la population parvient à mieux exploiter les vastes ressources financières qui leur échappent, de plus larges sommes d’argent seront disponibles pour les investissements.
Vincent Nibigira, directeur général de la Fenacobu s’est attardé sur l’importance et la nécessité de l’épargne formelle : « Amenez votre argent là où les bandits ne peuvent pas les voler. Quand vous devenez clients de la Coopec ou une autre institution financière, vous pouvez bénéficier de tous ses services dont les crédits pour financer vos projets », a-t-il lancé.
Tout en rappelant que les chiffres actuels confirment un certain changement de mentalités du point de vue du comportement financier, il reconnaît que des efforts restent à fournir.
« Même si nous vous appelons à épargner, la plupart de gens abusent et contractent des crédits qu’ils ne sont pas à mesure de rembourser », a-t-il ajouté.
Même constant chez Marie-Louise Kamikazi du Réseau des Institutions des Microfinances (RIM). Selon lui, les institutions de microfinance, en collaboration avec le RIM, comptent pérenniser l’activité de mobilisation et de sensibilisation à l’épargne. Pour intensifier cette activité, plusieurs acteurs et partenaires doivent de conjuguer leurs efforts.
« Dans nos projets, nous voulons inclure même les jeunes à s’initier à l’épargne pour qu’ils développent très tôt l’esprit d’épargne et d’investissement. Au sein de RIM et dans les écoles nous dispensons des cours relatifs à l’épargne et à l’investissement », a-t-elle indiqué. Comme elle le fait savoir, l’objectif serait de donner la chance à tout le monde d’avoir accès aux services financiers.
« Et si les Burundais décidaient tous d’investir leurs revenus dans les coopératives d’épargne et de crédits et microfinances plutôt que de thésauriser leurs revenus, nul doute que le niveau de développement de la population serait plus élevé », a-t-elle estimé.
Un chemin parsemé d’embûches
« L’inclusion financière reste très basse au Burundi. Les chiffres des dernières enquêtes de la BRB révèlent un taux d’inclusion de 26,4 %, ce qui montre qu’un pas très important reste à franchir », révèle Evrard Ndayikeje, directeur général du développement communautaire au ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité publique. Pour lui, toutes les mesures sont déjà prises pour amener les plus réticents à s’adonner à l’épargne et au crédit.
« Pour évaluer les performances des communes, le nombre des personnes possédant des comptes bancaires sera influent dans les cotations », a-t-il fait savoir.
Pour les personnes interrogées, les raisons de ce faible niveau d’inclusion sont diversifiées. La pauvreté des populations, l’usage des moyens classiques constituent des obstacles à l’inclusion financière.
L’épargne reste toujours dans leurs préoccupations mais la conjoncture actuelle ne permet pas de déposer leurs revenus dans des banques et microfinances.
« Je ne dirais pas que je ne souhaite pas épargner pour l’avenir de ma famille mais où trouver cet argent. Je vis au jour le jour, tous mes revenus servent à la consommation immédiate », nous a confié Gilbert un taxi-moto de Bubanza.
Même son de cloche chez Sahabo, un maçon. D’après lui, pour le moment, il fait recourir aux tontines car il n’y a pas d’autres moyens pour avoir de crédits.
Les gens disposent de peu de moyens. « Je ne gagne que 3.000 francs burundais par jour si je parviens à trouver du travail. Comment alors pourrai-je obtenir une épargne », s’interroge-t-il. Au moment où certains déclarent que la pauvreté est leur frein, d’autres soutiennent que mêmes s’ils avaient des comptes bancaires, contracter un crédit relève d’un suicide.
« Si les taux d’intérêt restent tels qu’ils sont et des intérêts de retard qui peuvent s’accumuler et ruiner les familles, je doute que beaucoup réfléchiront quatre fois pour s’endetter », juge Onésphore, un vendeur au marché de Bubanza.
Il propose que le gouvernement modifie la loi sur les institutions bancaires pour permettre même aux plus pauvres de jouir des services bancaires.