Vendredi 22 novembre 2024

Société

« L’enseignant travaille la mort dans l’âme »

02/09/2022 Commentaires fermés sur « L’enseignant travaille la mort dans l’âme »
« L’enseignant travaille la mort dans l’âme »
Le président de la Fnaseeb

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 1er septembre, Antoine Manuma, président de la Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi (Fnaseeb) a évoqué des défis qui minent le secteur de l’éducation.

« Il y a une sorte de descente aux enfers de la qualité de l’éducation depuis l’école fondamentale jusqu’à l’enseignement supérieur ». Un constat amer d’Antoine Manuma, président de la Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi à l’occasion du lancement officiel des activités de cette organisation.

« L’enseignant est dévalorisé, humilié et frustré, il ne peut être pas productif dans le contexte de malaise et de démotivation. La qualité de l’éducation se déprécie jour pour jour. Cela se répercute sur l’avenir des filles et fils du pays », se lamente-t-il.

Pour la Fnaseeb, depuis la réforme éducative, des retombées négatives ont été enregistrées : les programmes non adaptés aux enseignants et aux élèves, les stratégies d’enseignement difficiles à appliquer à cause de la non maîtrise de la langue d’apprentissage.

Une mauvaise planification entache aussi la formation. Cette fédération dénonce les chevauchements dans le perfectionnement des enseignants, le non-octroi des frais de subsistance et l’humiliation des enseignants soumis au recyclage.

« Les réformes ont été enclenchées sans analyser les atouts et les faiblesses. Face aux lacunes constatées ; certains souhaitent le retour de l’ancien système », préconise Antoine Manuma.

Le président de la Fnaseeb fait savoir que les enseignants redéployés en 2016 et 2017 mènent une vie difficile. « Certains ont été mutés par force loin de leurs domiciles. La situation se complique davantage avec la vie qui devient très chère », déplore-t-il.

« La santé de ceux qui vivent avec des maladies chroniques ou ceux qui ont un âge avancé se détériore, leur voix n’est pas entendue. Les places qu’ils ont laissées ou les places vacantes sont occupées par des nouveaux. C’est un paradoxe » ! Et d’ajouter, c’est injuste ! », s’insurge ce syndicaliste.

D’après lui, il était convenu que les enseignants redéployés loin de leurs domiciles regagneront progressivement leurs écoles d’origine selon la disponibilité des places.

La Fnaseeb déplore aussi le retrait du gouvernement au sein de la FLE (Fondation pour le Logement des personnels de l’Enseignant). « Des syndicats affiliés à la Cosesona (La coalition spéciale des syndicats des enseignants pour la solidarité nationale) exercent le monopole de la gestion de la FLE ».
Cela a engendré des lourdes conséquences : « La cessation des appuis de l’Etat de 200 millions BIF par mois. La hausse de la cotisation passant de 6.000 à 12.000 BIF. La discrimination d’accès aux services des enseignants non affilies à la Cosesona. Gestion douteuse et l’inaccessibilité du personnel universitaire ».

D’autres raisons conduisent aux déperditions scolaires et académiques. Manuma pointe du doigt l’accès difficile à l’éducation de qualité pour les enfants issus des familles moins aisées. Il parle aussi des effectifs pléthoriques suite à l’insuffisance d’infrastructure. Il y a également des écoles sans supports pédagogiques, la démotivation de l’enseignant à cause d’un salaire dérisoire, la fermeture des restaurants universitaires.

Des propositions

La Fnaseeb demande qu’il y ait un cadre tripartite composé par l’Etat, des syndicats et les employeurs afin de s’atteler à la mise en place de la politique salariale. « La politique salariale qu’on cherche à appliquer ne prend pas en compte la cherté de la vie d’aujourd’hui. Si on considère les problèmes du transport et la hausse des prix des denrées alimentaire, le dialogue au tour de la question salariale devrait être permanant pour s’adapter aux circonstances du moment », regrette le président de la Fnaseeb.

Pour cette fédération syndicale, il est nécessaire d’instaurer des cantines scolaires pour maintenir les enfants à l’école, c’est au moment où le taux d’abandons scolaires ne cesse d’augmenter.

Pour Antoine Manuma, la Fnaseeb est préoccupée par des décisions prises par le ministère ayant l’éducation dans ses attributions de nature à provoquer la déstabilisation des enseignants. Elle en appelle au dialogue avec les partenaires sociaux du secteur de l’éducation. « Le dialogue doit être privilégié ».

Signalons que cette Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi (Fnaseeb) compte quatre syndicats de l’enseignement post fondamental et supérieur.

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