Pour le président de ‘’Enseignant en Action pour la Promotion sociale’’, Jean-Bosco Ndayizigiye, une vision commune des programmes est le principal défi posé par le nouveau système d’évaluation.
Beaucoup d’enseignants et parents font état d’une baisse de niveau général des élèves depuis quelques années. Quelles en sont les raisons ?
Le recul du niveau est multifactoriel : une conjoncture économique défavorable et une vision controversée de l’enseignant. Dans une communauté nationale gangrenée par la corruption et la malhonnêteté, l’enseignement va se déconsidérer, se dire que les autres fonctionnent ainsi et qu’il doit faire pareil. Son attachement au travail s’en verra diminué parce que la société ne lui offre plus du respect.
Le temps d’apprentissage a aussi diminué. Avant la crise, l’élève était occupé à l’école de 7h30-12h00 et de 13h30-17h00. Aujourd’hui, il y a un groupe qui est là de 7h30-12h00 et un autre qui prend le relais de 12h45-17h30. Et la manière dont le temps d’apprentissage est utilisé fait aussi toute la différence. Dans le temps, l’avant-midi était par exemple dédié à la conjugaison et l’après-midi, on passait vite aux exercices.
Sans oublier aussi le taux de redoublement qui a été revu à la baisse et, bien sûr, la baisse du niveau de vie général.
Il y a aussi la baisse du niveau de la langue française…
A cause de certaines réformes. En classe de troisième primaire, par exemple, il y avait la dramatisation (mise en situation avec des dictées, des poèmes, etc.). Aujourd’hui, cela n’existe plus. Certains enfants, particulièrement ceux de classes aisées, fréquentent le privé de la 1ère à la 5e puis vont dans le public. Pourquoi font-ils ce choix ? Pour bénéficier d’une formation dans la langue française. Et parce qu’aussi dans le privé, il y a cette dramatisation. Pour la faire revenir, il faut un encadrement des enseignants du primaire.
Que pensez-vous du nouveau système d’évaluation unique ?
Sur ce nouveau système, il y a un défi à relever : la vision commune des programmes. Est-ce que les programmes sont vus de la même façon par les enseignants ? Si ce nouveau système ne prête pas à une vision commune des programmes, c’est qu’il y a quelque chose à refaire.
De plus, les enseignants de différents établissements appréhendent différemment la même matière. Je pense que ceux qui ont élaboré les programmes devraient les revoir.
Donc, si la vision des programmes était commune, ce nouveau système ne causerait absolument aucun problème.