« La question au Burundi que j’essaie de mettre sur la table, avec le Premier ministre et avec les bailleurs de fonds, tourne autour des renforcements des capacités. Le gouvernement me dit : “Nous n’avons pas pu exécuter ce projet parce qu’on n’a pas les capacités.” J’ai posé la question : “Vous voulez des capacités externes qui viennent ici ou vous voulez qu’on vous aide à faire revenir les nationaux burundais hyper compétents qui sont dans la diaspora ?” […] », dixit le coordonnateur résident a. i du système des Nations Unies, Abdou Amy Dieng, animant un café de presse, à l’occasion de la Journée des Nations Unies, mercredi 25 octobre.
Les faibles capacités institutionnelles sont causantes et causées, le manque de patriotisme étant la mère des causes, ont rétorqué, tour à tour, le président du Sénat et le Premier ministre, lors de la présentation du Premier ministre, devant le Parlement, lundi 30 octobre, des principales actions du plan de travail et budget annuel du gouvernement, exercice 2023-2024. Une accusation fourre-tout pour tenter d’expliquer en dernier ressort la gestion calamiteuse des projets de développement et la corruption endémique dans l’administration burundaise. Dans la même veine que les infractions sans périmètre bien défini d’« atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat » et d’« atteinte au bon fonctionnement de l’économie nationale », arsenal juridique anti-opposants ou pour activistes et journalistes non pro-pouvoir.
Le « péché originel » de la mauvaise gouvernance au Burundi réside dans la recherche d’une rente comme motivation de l’engagement politique. Quand la motivation de l’engagement des responsables politiques est l’enrichissement personnel, les moyens d’action vont de la simple corruption à la capture d’Etat : un pillage des entreprises et institutions nationales par des hommes et des femmes au sommet de la pyramide qui travaillent dans leur intérêt privé. L’impact attendu à terme est la paupérisation de la population et la crise des capacités de l’Etat. A rebours de la « Vision Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 », l’impact escompté par le régime Ndayishimiye. Dès lors, le non-alignement entre la motivation de l’engagement politique, les moyens d’action et l’impact escompté est le nœud du problème.
La bonne gouvernance « made in Burundi » commencera avec la volonté de résoudre un problème comme motivation de l’engagement politique. Avec l’intérêt général comme boussole de l’action publique. Ce qui impliquera de relever le niveau des jeunes d’aujourd’hui parmi lesquels émergeront les leaders de demain pour développer la capacité d’analyse des problèmes, d’en décrire les symptômes et l’intensité, d’en dégager les causes profondes, afin de formuler des pistes de solutions. Et, ce faisant, cultiver l’esprit du « pourquoi pas ? ».
Une école de la démocratie devrait voir le jour pour inculquer aux futurs gestionnaires du pays ce changement de paradigme, le désir de vérité pour prévenir la prolifération du mensonge qui annonce ou perpétue la tyrannie et le goût de la confrontation d’idées. Car limiter les débats au parti au pouvoir, c’est la garantie de se tromper souvent sur de nombreux sujets. Même logique pour la coordination des projets de développement. Plus les Burundais sont nombreux à être en lice, plus aussi sont grandes les chances que le travail soit exécuté de main de maître dans le temps imparti.
Résister aux désirs et tentations de court terme pour des buts de long terme est la clé pour allumer la flamme porteuse d’espoir, redonnant du sens à l’engagement politique.
1. Vous ecrivez:« Une école de la démocratie devrait voir le jour pour inculquer aux futurs gestionnaires du pays ce changement de paradigme… »
2. Mon commentaire
a. Avant, je trouvais bizarre que l’on doive fonder toute une ecole pour y enseigner la democratie. Aujourd’hui au Burundi, il doit y avoir telle ou telle simples organisations non-gouvernementales (ONG) dont la mission est d’expliquer aux burundais ce que c’est la democratie.
b. Mais j’ai quand meme appris qu’il y a Indian School of Democracy (New Delhi, India).
c. Normalement on entend des noms comme Universite coloniale de Belgique/Institut universitaire des territoires d’outre-mer (INUTOM), Ecole nationale d’administration (ENA)/Institut national du service public (INSP) a Strasbourg, France, Harvard Kennedy School of Goverment a Cambridge, Massachusetts, USA, American University School of Public Affairs a Washington D.C, USA, Ecole nationale d’administration publique (ENAP) au Quebec, Canada,…
Quand on parle d’une école de la démocratie, ce n’est une salle dans laquelle les Burundais vont apprendre les valeurs et principes démocratiques. Mais c’est un courant de pensée
@Ntakarutimana Pascal
1. Normalement un courant de pensee c’est comme le sankarisme, nkrumaisme, panafricanisme, socialisme africain…
2. Il existe bien The Indian School of Democracy ou les gens se rencontrent dans une salle pour apprendre les valeurs et principes democratiques.
« She Represents
शक्ति है, सक्षम भी
She Represents is a 7-day leadership program exclusively designed for 40 local elected women representatives selected from across India. This is a hybrid program- 5 days in Delhi and 2 days online… »
https://www.indianschoolofdemocracy.org/sr
@Stan Siyomana
Vous dites:
« Je trouvais bizarre que l’on doive fonder toute une école pour y enseigner la démocratie. Aujourd’hui au Burundi, il doit y avoir telle ou telle simples organisations non-gouvernementales (ONG) dont la mission est d’expliquer aux burundais ce que c’est la démocratie. »
Je me rappelle de mon professeur de sociologie politique qui, lors d’un séminaire sur la question de démocratie nous disait que certains pays se disant démocratiques ont peur des valeurs qu’ils prétendent défendre. Il nous disait alors que lorsqu’il y avait des grèves dans les universités de ces pays, c’était la faculté de sociologie qui était fermée en premier. Des fois, cette faculté n’existait tout simplement pas. Je me suis alors demandé pourquoi, à cette époque, l’UB n’avait pas de faculté de sociologie et me suis dit que ce professeur avait peut-être raison.
Pour revenir à l’enseignement de la démocratie, il faut se rendre à l’évidence: quel enseignant prendrait le risque de dire autre chose que la « parole incontestable du CNDD-FDD » prêchée par Ndikuriyo, Ndabirabe et autre tenors de ce parti doublement démocratique. Je ne pense même pas qu’un tel enseignement puisse avoir lieu.
Il y a l’éducation civique et pour mieux vulgariser les idées de cette démocratie à la burundaise. Ce serait très dangereux pour les enseignants ayant d’autres convictions de critiquer le pouvoir et son modèle démocratique. Il n’y a pas d’ONG qui prendrait ce risque.
Les ministres et fonctionnaires du gouvernement Burundi sont vraiment tous corrompus. Comment faire des affaires dans un contexte aussi désordonné. C’est honteux.
Votre affirmation souffre d’une énorme globalisation. A supposer qu’il y ait 20% de courageux responsables qui ne soient pas corrompus (ce qui n’estpas impossible), as-tu pensé à eux ?