A l’occasion de la célébration des 35 ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, le président de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH), a dressé un bilan mitigé de la situation des enfants au Burundi. C’était au cours de sa conférence de presse tenue ce mercredi 20 novembre.
Si le pays a réalisé des progrès notables, notamment en matière d’accès à la santé et à l’éducation, de nombreux défis persistent. L’abandon scolaire, les mariages précoces et la traite des enfants demeurent des fléaux qui gangrènent la société burundaise.
« Les enfants en situation de rues, les toxicomanes et les enfants issus de milieux défavorisés sont particulièrement vulnérables », a alerté le président du CNIDH , Sixte-Vigny Nimuraba. Il a également pointé du doigt les insuffisances du système éducatif, notamment le manque de ressources et la surpopulation dans les classes.
Pour remédier à cette situation, le président de la CNIDH a appelé le gouvernement à renforcer ses investissements dans le secteur de l’éducation, à former davantage d’enseignants et à adopter une loi rendant l’enseignement fondamental obligatoire. Il a également invité la société civile et les communautés à s’impliquer davantage dans la protection des enfants.
« Nous devons tous agir ensemble pour garantir à chaque enfant un avenir meilleur », a-t-il appelé. Interrogé sur la situation des enfants vivant en situation de rue, Sixte-Vigny Nimuraba apporte une certaine nuance à le problème. Selon lui, pour de nombreux enfants qui émigrent vers le pays où ils se retrouvent aujourd’hui, il faut un suivi rigoureux de ces jeunes et un renforcement des actions des institutions étatiques.
S’agissant des enfants en bas âge incarcérés avec leurs mères, le président de la CNIDH a rappelé que la loi interdit leur présence en prison jusqu’à l’âge de trois ans. Il a appelé le gouvernement à multiplier les mesures alternatives pour garantir le bien-être de ces enfants.
Sixte-Vigny Nimuraba salue la grâce présidentielle accordée à de nombreuses femmes détenues. Il a exprimé son impatience de connaître le nombre exact de bénéficiaires et a qualifié cette mesure d’ « énorme avancée ».
Selon l’association communautaire pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (ACPDH), le gouvernement a fait de son mieux dans la lutte pour les droits de l’enfant.
« Nous pouvons citer la gratuité des études pour les enfants de la fondamentale et des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et les accouchements. »
Le représentant de l’ACPDH, Fulgence Manirahinyuza note cependant que des lacunes ne peuvent pas manquer. « Par exemple, il arrive que des élèves censés étudier gratuitement soient chassés de l’école parce qu’ils n’ont pas payé les frais des vacataires, il y a également des parents qui se torturent leurs enfants jusqu’à ce que ces derniers quittent le toit familial pour se retrouver dans la rue, ce qui augmente le nombre des enfants en situation de rue ».
Le représentant de l’ACPDH explique que le trafic des enfants ne s’effectue pas seulement à l’extérieur du pays, mais aussi à l’intérieur du pays. « Il y a des enfants mineurs qui sont envoyés par leurs parents en ville pour y travailler. Là, ils sont maltraités à leur bas âge, dès fois ils ne reçoivent pas leur rémunération », déplore-t-il.
Le représentant de l’ACPDH appelle le gouvernement à mettre en vigueur les conventions internationales des droits de l’enfant. « Il faut que les parents également arrêtent les différentes formes de torture infligées à leurs enfants. Il faut que le gouvernement punisse sévèrement les trafiquants qui facilitent la traites ».
L’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT) « Où est ton frère ? » se réjouit des efforts significatifs du Gouvernement burundais en matière de protection de l’enfance.
Ces avancées incluent : « la mise en place d’un cadre légal et institutionnel militant en faveur de la protection de l’enfance », ainsi que des politiques garantissant « l’accès à l’éducation et à la santé » et la prise en charge psychosociale des enfants vulnérables.
Cependant, l’ONLCT se dit « profondément préoccupé par la recrudescence du phénomène de la traite des enfants burundais » vers la Tanzanie.
D’après ses enquêtes dans cinq provinces frontalières (Makamba, Rutana, Ruyigi, Cankuzo et Muyinga), plus de 281 enfants burundais traversent chaque jour la frontière burundo-tanzanienne dans le cadre de réseaux de traite humaine à des fins d’exploitation économique ou sexuelle.
L’ONLCT appelle le Gouvernement à « prendre toutes les mesures qui s’imposent pour freiner ce flux migratoire massif et clandestin des enfants burundais », en s’attaquant aux causes profondes de ce fléau. Il l’exhorte également à mettre en place des solutions durables capables de stopper cette « hémorragie » et protéger les enfants burundais.
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