Mardi 05 novembre 2024

Editorial

L’emprisonnement de Banciryanino, un mauvais précédent ?

16/10/2020 Commentaires fermés sur L’emprisonnement de Banciryanino, un mauvais précédent ?

L’arrestation puis l’emprisonnement de Fabien Banciryanino, un député indépendant sous la dernière législature, a créé un certain émoi et a« fait le buzz » surtout sur les réseaux sociaux. Officiellement, c’est pour « rébellion, dénonciations calomnieuses et atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État ». Cependant ses avocats affirment que c’est suite à des propos tenus au cours d’une plénière de l’Assemblée nationale, en février 2020.Une grande opinion retient cette dernière version étant donné qu’aucun officiel ne s’est encore exprimé sur ce cas, du moins jusqu’au moment où nous mettons sous presse. « Une grave violation de la loi, une détention arbitraire et irrégulière, une violation de liberté d’expression, un dossier monté de toute pièce qui discrédite davantage l’indépendance du pouvoir judiciaire », pouvait-on lire.

Pour eux, aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou des votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Par ailleurs, l’article 155 de la Constitution burundaise abonde dans le même sens.

Etymologiquement, le Parlement, C’est « l’endroit où l’on parle » pour faire et défaire les lois et contrôler l’action du gouvernement du pays. Le parlementaire doit être un homme libre, qui n’avale pas les couleuvres non seulement à l’égard du gouvernement qu’il est censé contrôler, mais également de son parti ou de groupes de pression. Ceux qui ont côtoyé Fabien Banciryanino à l’hémicycle de Kigobe soulignent tous que c’est une personnalité qui a la parole libre et qui n’a pas peur de « déranger. » Avec un bémol, tout de même : « Il ne se bornait pas à la seule critique, il se devait aussi être constructif. Il n’a pas toujours été ‘téméraire’. Il ne voulait pas nuire au gouvernement, mais l’améliorer ».

Plus d’un affirment que si réellement Fabien Banciryanono est emprisonné suite aux propos tenus à l’Assemblée nationale, les députés en exercice devraient être interpellés pour demander à l’unissons sa libération immédiate. Sinon, comment pourront-ils contrôler l’action du gouvernement en le questionnant, en réalisant des enquêtes, en vérifiant le budget qu’ils ont voté ? Ce serait un mauvais précédent et leurs élus seront déçus.

Le flou qui pèse sur les mobiles de l’emprisonnement de cet ancien député divise l’opinion et entraîne des spéculations. Il est souhaitable que les autorités habilitées à éclairer le public le fassent pour qu’il n’y ait pas justement des mauvais précédents. Il faut qu’au nom de l’indépendance du Parlement, la République protège ses élus. Et comme le disait Clémenceau, « L’honneur de la République est dans la libre parole avec ses risques et ses inconvénients. »

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