En période électorale, les jeunes risquent d’être embrigadés avec pour conséquence des violences de masse. Aloys Batungwanayo ancien journaliste et consultant indépendant, appelle les jeunes à la responsabilité.
Que doit-on entendre par embrigadement des jeunes ?
L’embrigadement des jeunes est une sorte de planification pour les embarquer dans une voie déjà tracée. Souvent, c’est le fait de politiciens. Comme ils n‘ont pas la capacité d’atteindre leurs objectifs sans l’aide des jeunes, ils procèdent à la manipulation. Les jeunes manipulés n’auront pas le temps d’y réfléchir, ils vont adhérer sans réserve.
Quand est-ce que ces jeunes sont le plus exposés ?
C’est dans les moments de tension. Ces dernières peuvent être des élections. Aujourd’hui, il y a des politiques qui briguent des postes électoraux. Le parti CNDD-FDD peut gagner les élections de 2020, mais certains militants de ce parti peuvent les perdre. Il en est de même pour le parti CNL. Tous pensent à leur contrat de cinq ans et ont peur. Ils se disent qu’ils n’ont d’autre choix que de se servir des jeunes.
Remarquons que les acteurs politiques n’ont pas toujours été des adultes. Le Prince Louis Rwagasore, leader de l’indépendance, avait 29 ans et d’autres caciques de l’Uprona étaient des jeunes. Birori, Ntidendereza du PDC et Micombero qui a renversé la monarchie en 1966. C’étaient tous des jeunes qui en ont embrigadé d’autres.
Quelles peuvent être les conséquences ?
Les conséquences sont néfastes pour les jeunes et la société. Lorsqu’un politique utilise des jeunes et que lui atteint à son résultat escompté il les abandonne. Si une manifestation dégénère, ses véritables initiateurs se dérobent. Certains jeunes sont emprisonnés et d’autres tués. En 1972, les jeunes de la JRR ont été manipulés pour commettre des violences et à leur tour, ils ont été massacrés. Ils sont victimes dans un projet dont ils ne maîtrisent pas les contours. D’autres jeunes sont enrôlés pour prendre des armes. Cet embrigadement conduit généralement à des violences de masse.
En plein processus électoral, que faut-il faire pour prévenir l’irréparable ?
Les jeunes constituant près de 70% de la population doivent apprendre du passé. Ils doivent réfléchir sur le contexte actuel et dire non à la manipulation pour ne pas retomber dans le piège.
Quant aux politiciens, ils devraient s’abstenir de toute incitation à la violence, présenter des projets de société à défendre devant l’électorat. Ils ont été jeunes et probablement manipulés. Au lieu de leur faire subir ce qu’ils ont subi, un partage d’expérience est nécessaire afin d’éviter l’irréparable.
Quid du rôle des médias ?
Le politique qui manipule les jeunes peut solliciter les médias. Il cherche à ce que sa position, son plan soit entendu par le maximum de jeunes. Il revient aux professionnels des médias de traiter les informations professionnellement. Se souvenir de la responsabilité sociale du journaliste.
Propos recueillis par Jérémie Misago