L’Eglise catholique se souvient de Mgr Courtney ce 29 décembre 2011: « Il a sacrifié sa vie pour la paix au Burundi »

La commémoration du 8ème anniversaire de l’assassinat de Monseigneur Michaël Aidan Courtney a été une occasion pour l’Eglise Catholique du Burundi d’appeler la classe politique burundaise à faire du dialogue une culture. A la paroisse de Minago, dans le diocèse de Bururi, au sud du pays où ce Représentant du Pape a été tué le 29 décembre 2003, l’heure été également au recueillement et à la méditation sur l’héritage de l’illustre disparu. <doc2539|left>Devant plusieurs milliers de fidèles rassemblés dans l’église de la paroisse de Minago, Mgr Franco Coppola, soupire profondément avant le début de son intervention : « Cela fait huit ans que Monseigneur Michaël Courtney est mort, victime de la haine. A l’époque, le Burundi était dans les ténèbres. Pouvons-nous dire qu’il s’en est sorti de nos jours ? », s’interroge, l’actuel Nonce apostolique au Burundi, pour qui la Nativité fêtée ce 25 décembre devrait servir de Lumière pour tous ceux dont les cœurs sont toujours remplis de haine. Le même discours est tenu par Mgr Venant Bacinoni, qui parle dans son homélie d’un apôtre de la paix à qui le Burundi rend hommage : « Il ne cessait de demander aux belligérants de déposer les armes afin de mettre en avant le dialogue », se rappelle l’Evêque de Bururi. Il évoque le courage de Mgr Courtney : « Il avait insisté pour voyager habillé en soutane pour que les gens ne se trompent pas sur son identité au cas où quelque chose lui arrivait », indique Mgr Bacinoni soulignant le caractère prémonitoire de l’attitude du prélat qui sera assassiné quelques heures plus tard, à Minago où les cérémonies ont débuté ce 29 décembre 2011, par le dépôt de gerbes de fleurs sur un mémorial construit en mémoire de l’illustre disparu. Pour Mgr Gervais Banshimiyubusa, Président de la conférence des évêques catholiques du Burundi, tôt ou tard, la vérité sera connue : « Si la lumière n’est pas faite sur la mort de cette grande personnalité, envoyée par Dieu et représentant du Pape au Burundi, qu’en est-il pour nous, simples citoyens, s’il nous arrivait la même chose ? », s’interroge-t-il en demandant aux fidèles d’être des témoins de la vérité en tout temps : « Ne vous lassez jamais d’être de bons conseillers ! Conseillez aux gens de dialoguer car du choc des idées jailli la vérité. » Participaient également à ces cérémonies Mgr Evariste Ngoyagoye (Bujumbura) et Mgr Joachim Ntahondereye (Muyinga). Ceux de l’archidiocèse de Gitega et du diocèse de Rutana s’étaient fait représenter par leurs vicaires généraux. Côté administration, le gouverneur de la province Bururi s’était également fait représenté par un de ces conseillers, accompagné par l’administrateur communal de Rumonge. _____ Rappels des faits <doc2538|right>Mgr Michael Aidan Courtney a été tué le 29 décembre 2003 vers 15 heures. C’était dans le secteur Mugere, colline Muturirwa, zone Minago, en commune Rumonge, près de la rivière Kabogozi. Il venait de l’hôtel Resha, à Rumonge, où il partageait un verre d’adieu avec des amis car, en fin de mandat, il allait exercer son apostolat dans un autre pays. Mais ce jour, des échanges de tirs nourris avaient poussé la population du secteur Mugere à fuir vers le centre de Minago et attendre une accalmie. D’après M.H, un habitant de Minago, lorsque le véhicule du prélat est arrivé, la population de la place a essayé de l’arrêter pour avertir le chauffeur et le Nonce apostolique du danger, sans succès : « Il roulait à toute vitesse. » A Muturirwa, 2 kilomètres après la paroisse Minago, raconte M.H, c’était des tirs croisés entre l’armée régulière et les rebelles : « Une balle l’a alors atteint et son chauffeur n’a rien su. Il a constaté que Mgr Courtney était mort à Magara, près d’un kilomètre plus loin», indique-t-il. _____