Le 11 décembre 2023, un décret annonce la nomination des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), une étape cruciale dans le processus électoral du pays. Fait notable, les confessions religieuses sont absentes de cette nouvelle équipe.
Au cours de ce mois de juillet, la mise en place des membres des Commissions électorales provinciales indépendantes (CEPI) s’est achevée sans qu’aucun membre de l’Église catholique n’y soit intégré. Cette absence a suscité de nombreux commentaires et interrogations quant à une éventuelle consultation de cette institution, autrefois partenaire électoral.
Dans les colonnes d’Iwacu, le président du Conseil des évêques catholiques du Burundi (CECAB) précise que, depuis 2020, leur institution a choisi de ne plus participer aux structures de la CENI mais s’engage résolument dans l’observation électorale. Il a confié : « D’abord, il s’agit d’un travail très engageant pour des curés de paroisses déjà largement occupés. Ensuite, la mission d’observation est plus appropriée pour l’Église, dans un esprit de neutralité. Enfin, l’expérience de 2015 nous a appris à être plus prudents. » Pour rappel, en mai 2015, lorsque les prêtres se sont retirés du processus électoral, le président du Conseil des évêques avait dénoncé un processus non consensuel et un climat d’insécurité empêchant les partis d’opposition de faire campagne.
Pour les prochaines élections, le commissaire chargé de l’éducation électorale et de la communication à la CENI explique simplement qu’aucun dossier de candidature n’a été soumis par l’Église catholique : « Il n’était donc pas possible de l’intégrer dans les listes des commissions sans qu’elle manifeste son intérêt. »
Cependant, au-delà de cette justification formelle, il est plausible que l’Église catholique ait choisi de rester prudente. S’engager dans les commissions électorales reviendrait à cautionner un processus électoral qu’elle juge imparfait et qu’elle a critiqué par le passé. Les évêques ont particulièrement fustigé l’instauration du monopartisme. Ils ont aussi déploré la paupérisation de la population, une justice aux ordres, entre autres. Un document publié dimanche 14 avril 2024 et lu lors de toutes les messes souligne : « Par le passé, notre pays a souvent souffert de violences dues à l’exclusion et à une quête accrue de pouvoir. Aujourd’hui encore, cela reste une préoccupation, avec des signes montrant des velléités de retour au monopartisme. »
Lors du triple scrutin du 20 mai 2020, le CECAB a signalé de nombreuses irrégularités, notamment en ce qui concerne la liberté et la transparence du processus électoral, ainsi que l’équité dans le traitement des candidats et des électeurs.
Les positions des évêques catholiques ont souvent été critiquées par des personnalités politiques proches du parti au pouvoir, les accusant d’être en connivence avec l’opposition et de « cracher leur venin de haine ». Cependant, il est à noter que, lorsque la plupart des partis politiques d’opposition ont rejeté les résultats des élections communales du 24 mai 2010, les évêques ont exprimé leur soutien à la décision du parti au pouvoir, estimant qu’« il n’y avait pas de raison majeure de reprendre ces élections. »
En définitive, les évêques catholiques burundais n’ont jamais hésité à exprimer leurs opinions, qu’elles confortent ou non la majorité ou l’opposition, dans le but d’interpeller les consciences. Pouvoir le faire librement semble être une raison majeure qui les a poussés à adopter une position prudente et à se désengager des structures de la CENI.
Elle observe de l’extérieur !
C’est déjà un message, pas question de bénir le pécheur non-repentant qu’est la CENI et son émanation juste à côté du marché dit Cotebu.
J’aime leur prise de position.