Les habitants du chef-lieu de la province de Cibitoke ont payé les frais de raccordement et d’achat des compteurs à la Regideso, il y a au moins six mois. Mais leurs quartiers ne sont toujours pas électrifiés. Des signes de lassitude et de désespoir commencent à se manifester. <doc2695|left>Les habitants du quartier social et résidentiel situés au centre urbain de Cibitoke se lamentent sur le retard pris par le projet d’électrification de leurs quartiers. « Nous avons payé tous les frais nécessaires pour le raccordement et l’achat des compteurs. Mais nous attendons vainement l’installation des équipements électriques dans nos maisons », lâche avec colère Nestor Nimpaye, habitant du quartier social. Selon lui, la grogne de la population est fondée. Car la quasi-totalité des habitants de ce quartier ont déjà payé tous les frais exigés par la Regideso. Cette entreprise de production et de commercialisation de l’eau et de l’électricité est accusée d’être à l’origine des retards observés depuis plus de cinq mois. La même source affirme que la population n’a plus de confiance en la Regideso. Cette dernière se contenterait tout simplement d’exiger de l’argent sans arriver à honorer ses engagements. « L’argent dépensé pour l’installation de l’électricité aurait pu servir à d’autres fins d’intérêt général ». Les habitants se demandent si la Regideso n’est pas en train de se prendre pour une banque ; auquel cas elle devrait rembourser à la population à la fois le capital et les intérêts. Même son de cloche du côté de Dorothée Mbeshiminwe. « J’aurais pu investir dans le petit commerce et cet argent dépensé pour l’électrification de ma maison aurait pu générer beaucoup de dividendes », estime-t-il. Cette jeune femme tient un restaurant et projetait d’ouvrir une pâtisserie dans ce quartier. Pour elle, les risques sont énormes quand on monte pareil projet sans électricité. « J’avais déjà contracté un crédit pour l’achat de tous les équipement nécessaires. Pour le moment, la banque continue à calculer les intérêts et les pertes sont énormes.» D’après Emmanuel Niyongabo du quartier résidentiel, toutes les activités génératrices de revenus sont quasiment impossibles en l’absence de l’électricité. « J’avais déjà mis sur pied un atelier de menuiserie. Tous le matériel était disponible. Voyant le retard déjà accumulé, j’ai dû renoncer à ce projet ». Et d’indiquer que ce qu’il avait acheté a été par la suite vendu à un prix dérisoire. Il va même plus loin en se demandant si leur argent n’a pas été détourné ; mais il se reprend et met retard dans l’électrification de ces quartiers sur le compte du laxisme des responsables de la Régideso à Cibitoke. Fidélité Irambona, elle aussi du quartier résidentiel, voit dans l’électrification de leur quartier un moyen pour empêcher les vols. « Des bandits profitent souvent l’obscurité pour voler les citoyens qui étanchent paisiblement leur soif dans les bistrots ; même lorsqu’ils partent ou reviennent de leurs lieux de travail », témoigne-t-elle. Les assurances de la Regideso Par le biais du responsable du poste Cibitoke, Monsieur Georges Icintije, la Regideso affirme être au courant de cette situation. Mais M. Icintije balaie d’un revers de main les accusations portées contre sa société. Il indique qu’elle a déjà commandé plusieurs compteurs qui seront distribués aux habitants de ces deux quartiers. « Dans un proche avenir, la population du centre urbain de Cibitoke sera servie en électricité », tranquillise-t-il. Toutefois, selon une source proche de la Regideso à Cibitoke, le retard dans l’électrification des nouveaux quartiers du centre urbain de Cibitoke serait dû à un problème de passation des marchés pour l’achat des compteurs et des câbles. « La recherche des commissions sur l’achat des équipements d’installation est à l’origine du retard observé dans l’électrification de ces quartiers ». D’après la même source, la direction de la Regideso pour la région ouest serait déjà agacée par cette question. Le Gouverneur de la province de Cibitoke, Anselme Nsabimana, appelle la Regideso à vider définitivement cette question et dans les plus brefs délais.