Le niveau de l’eau de la centrale hydroélectrique de Rwegura a baissé de 9 mètres occasionnant un délestage sur tout le territoire national depuis fin juin. La population se pose beaucoup de questions. Iwacu tente de comprendre.
Malgré la pluie qui tombe depuis le mois de septembre, le barrage qui alimente l’usine hydroélectrique de Rwegura a connu une dénivellation de 9,93 mètres. Le lac de retenue est situé à la frontière des communes Kayanza et Bukinanyana dans les provinces respectives de Kayanza et Cibitoke. La grande étendue d’eau disparaît progressivement. L’eau n’atteint plus le niveau prévu. Des herbes ont déjà poussé au niveau supérieur. Un entonnoir où devait se déverser l’eau est vide.
« L’eau a baissé de plus de 9 mètres. Si rien n’est fait, toutes les machines de la centrale de Rwegura ne fonctionneront plus », affirme un technicien sous couvert d’anonymat. D’après lui, le niveau normal du lac de retenue de Rwegura est de 2152,00mètres et le niveau minimum de 2140,50 mètres. Le même technicien ajoute que le niveau stratégique pour que les machines ne s’arrêtent pas est de 2145,00 mètres. Or, constate un autre technicien, le lac de retenue atteignait, jusque ce mercredi, 2142,07 mètres ; ce qui signifie qu’il reste 2, 93 mètres de niveau d’eau pour que les machines produisant de l’électricité s’arrêtent.
Dans les conditions normales d’exploitation, précisent ces techniciens, la centrale Rwegura produit en moyenne 150 kilowattheures par jour pour ne pas écouler toute l’eau de retenue. Or, poursuivent-ils, comme c’est la seule centrale importante pour le Burundi, elle a gardé une production supérieure à 200 kilowattheures par jour. D’où la baisse de niveau d’eau.
A titre indicatif, ces techniciens révèlent que la centrale hydroélectrique de Rwegura a produit, le 23 juin de cette année, 270,900 kilowattheures ; ce qui a causé immédiatement une baisse de niveau d’eau de 9 centimètres le même jour. Des informations recueillies auprès du personnel de Rwegura font savoir que le lac de retenue avait été rempli d’eau pendant six mois. A l’état actuel, ce personnel estime qu’il faudrait le fermer pour plus de trois mois afin d’obtenir la quantité d’eau exigée pour le fonctionnement normal. Cependant, ce personnel parle d’une mauvaise gestion de la part des différents responsables qui se sont succédé à la tête de la Regideso : « Depuis 1986, aucune solution n’a été préconisée pour remonter le niveau de l’eau.»
La population en fait les frais
Mwalimu Ismaïl, un soudeur, habitant la commune Cibitoke, ne décolère pas : « le délestage perturbe mon activité. » D’après lui, l’horaire était respecté auparavant et les gens pouvaient programmer leurs activités en conséquence. Pourtant, regrette-t-il, certains quartiers peuvent passer trois jours sans électricité alors que d’autres en bénéficient régulièrement. Mwalimu Ismaïl demande aux responsables de la Regideso d’alimenter en électricité pendant toute la journée les quartiers dont les habitants vivent de petits métiers.
M.J, un coiffeur de la commune Kamenge affirme que la situation est intenable : « Nous venons de passer quatre jours sans travailler faute de courant. Le propriétaire de la maison réclame le loyer et je dois aussi donner la ration à la maison. » Ce coiffeur précise que même lorsque le courant revient, il ne dure que deux heures.
Rosette Niyonzima, vendeuse de lait, affirme qu’elle a perdu plusieurs fois des bidons de cinquante litres de lait avarié : « La Regideso nous donne rarement du courant; ça vient surtout vers 2 heures du matin, au moment où tout le monde est couché. » Toutes ces personnes demandent à la Regideso de bien préciser et respecter l’horaire de délestage pour que les gens soient conséquents dans leurs prévisions.