Alors qu’il devrait y avoir quatre passagers par rangée comme pour les autres agences, le Yahoo Car Express en embarque souvent cinq. Les passagers grognent. Et la police routière contrôle tout … excepté les agences de voyage !
<doc7121|left>La scène est douloureuse pour ses passagers. Ngozi, samedi 14h. A son siège, l’agence de voyage signe ses derniers tickets pour Bujumbura. Une erreur s’est peut-être glissée : les places vendues excédent de loin celles disponibles. Une petite bagarre éclate donc. Qui part, qui reste ? se demande-t-on. Tous ont leurs tickets. Du fait, un droit à un siège.
L’équation est difficile à résoudre, surtout pour les passagers. Quant au "convoyeur" et au chauffeur, gérer ce différend leur est, apparemment, familier. "Serrez-vous et asseyez-vous à cinq", ordonnent-ils. Une phrase difficile à digérer. Hein ! "Nous nous asseyons à quatre conformément au règlement", résistent certains.
Au chauffeur de leur rappeler : "C’est juste une décision de marketing. Sinon nous pouvons aller jusqu’à cinq par rangée."
Ceux qui connaissant un peu leurs droits, essaient de hausser le ton. Ils invoquent la question d’assurance, du marketing, de ceci, de cela,… "Avec de tels traitements, l’image de l’agence va en pâtir", essaient-ils de les menacer. D’autres, déjà assis, se lamentent, grincent les dents, hochent la tête, … Que faire ? Quoi dire ?
["Ntaco"->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article3216], murmurent-ils finalement, tout en se serrant quand même. Le convoyeur, lui, sait quoi faire et surtout à ne pas faire. Son principe est simple : faire le sourd-muet s’il le faut face à des palabres qu’il juge inutiles.
Mais dans l’entretemps, les magouilles viennent de prendre plus de vingt minutes à l’horaire avancé sur les tickets. 14h20. Le bus est toujours immobilisé sur place. Les passagers se résignent, petit à petit, et avalent le plan proposé par le convoyeur. Le brouhaha continue mais le bus démarre. Enfin !
Une autre affaire surgit. Un chauffeur, qui roule à tombeau ouvert, parvient à faire changer de sujet en un instant. La préoccupation devient autre. « Qu’on voyage collé-serrés, mais qu’on arrive indemnes tout au moins », s’exclament les passagers.
Le bus, de marque Coaster, opère un petit escale à Bugarama. Les mieux aguerris à l’acrobatie, sous prétexte de vouloir régler certains besoins physiologiques, sautent par les vitres pour prendre une bouffée d’air. Après quelques dizaines de minutes, le bus se fait déjà entendre dans les parages de la capitale.
Le chrono du voyage affiche les minimas. Pas plus de deux heures pour Ngozi-Bujumbura. Une trentaine de minutes plus tard, voilà que le bus arrive à destination.
A bord, des personnes dont les jambes sont suspendues en l’air, posées sur les sacs de manioc ou de haricot peuvent respirer. Des mamans qui n’ont pas réussi à faire bon ménage avec des coqs enfouis sous les sièges esquissent un sourire de soulagement : "Que Dieu soit loué !", crie-t-on, dans de douloureuses tentatives de se dégourdir alors qu’on plaisante sur ce chauffeur qui manipulait l’accélérateur à sa guise. A noter : sur tout le chemin, aucun arrêt de police. Nul contrôle. « Les agences de voyages sont toujours en ordre », a-t-on constamment rappelé dans le bus. Et pourtant…