Lundi 30 décembre 2024

Santé

Le VIH-SIDA chez les jeunes : Les jeunes face à mille et un défis

12/12/2022 Commentaires fermés sur Le VIH-SIDA chez les jeunes : Les jeunes face à mille et un défis
Le VIH-SIDA chez les jeunes : Les jeunes face à mille et un défis
Les panélistes (de g à d) Audrey Nihorimbere, Charles Hicuburundi, Scholastique Ntiranyibagira et Joselyne Nibizi

La Fondation Hirondelle, sous financement de l’UE, a organisé, le 2 décembre, à Gitega, une synergie en collaboration avec 10 médias partenaires dans la lutte contre le VIH-SIDA chez les jeunes. Peur de se faire dépister, la stigmatisation, l’exclusion, entre autres défis auxquels font face ces jeunes.

Organisée dans le cadre de la journée mondiale contre le Sida qui est célébrée le 1er décembre de chaque année, cette synergie a vu la participation des intervenants dans la lutte contre le Sida. Des médias partenaires de la Fondation Hirondelle n’ont pas manqué au rendez.
Des témoignages accablants des panélistes, des échanges d’expérience ont retenu l’attention du public.

Audrey Nihorimbere est représentante du Réseau national des jeunes vivants avec le Sida dans la province de Gitega. Elle est séropositive depuis sa naissance. Elle a livré son témoignage : « Je suis née avec le Sida mais je l’ai su en peu difficilement parce qu’on a essayé de me le cacher. Je l’ai su étant à l’école quand mes condisciples ont commencé à me stigmatiser. Je rentrais dans un orphelinat dénommé APECOS.»

Et de continuer son récit : « Un jour, alors qu’on apprenait une leçon sur le Sida, un écolier m’a pointé du doigt comme quoi j’ai le Sida. Je suis rentrée directement à la maison en pleurant tout en laissant mon matériel scolaire en classe. La tante qui nous éduquait a demandé aux enfants qui m’apportaient mon kit scolaire pourquoi j’étais rentrée si précipitamment. Ils ont répondu que j’ai été insultée comme quoi j’ai le Sida.»

Le message de la responsable de l’orphelinat et du médecin l’a tranquillisée: « La responsable de l’orphelinat m’a conduite à l’hôpital. Le docteur m’a consolée en m’encourageant que je grandirai sans problème en me donnant des exemples de ceux qui ont une belle vie alors qu’ils ont le SIDA. Alors, à partir de ce moment, j’ai commencé à supporter cela surtout quand j’ai rejoint l’association RNJ+. Il y avait des enfants bien portants ».

D’autres cas ne manquent pas

De son côté, Scholastique Ntiranyibagira du centre de santé amis des jeunes de Giheta a évoqué deux cas. Selon elle, il n’a pas été facile d’identifier le mode de contamination. Mais elle a pensé à l’utilisation des outils tranchants. Toutefois, a-t-elle fait savoir, dans de telles situations, on essaie d’utiliser la méthode d’indexation. « Si c’est le cas d’une femme, on appelle son mari, on essaie de remonter la chaîne pour connaître ceux qui auraient eu des relations sexuelles avec elle ».

Interrogée sur le comportement à prendre dans de telles situations, elle a indiqué qu’on essaie d’encourager le couple. « Des fois, ils ont peur mais on leur dit de ne pas se décourager, de consulter régulièrement le médecin, de prendre des médicaments ».

Quid de la protection des enfants ?

Joselyne Nibizi est représentante de l’Association burundaise pour le bien-être familial (ABUBEF) à Gitega. Elle a indiqué que dans leurs interventions, on met en avant la protection des enfants dans le sein de leurs mères.

« Quand les femmes enceintes se présentent chez nous, nous leur faisons le test de grossesse et celui du Sida. S’il y a des cas avérés positifs, nous organisons directement des séances de sensibilisation et d’encouragement. Nous leur donnons aussi des médicaments ».
Et de préciser qu’après on assure le suivi, tout en effectuant des tests tous les trois mois. « A la naissance, on protège l’enfant, on fait le suivi, et on lui donne des médicaments jusqu’à 18 mois ».

Selon elle, le dépistage pendant les grossesses a porté des fruits. « Des fois, on a des enfants bien portants », a-t-elle témoigné.
La protection des enfants reste aussi un souci pour le ministère de la Santé et de lutte contre le Sida. Charles Hicuburundi, coordinateur provincial pour la promotion de la santé à Gitega , a fait savoir qu’il existe des leaders communautaires qui sensibilisent les femmes enceintes pour qu’elles aillent faire le test de grossesse y compris celui du Sida.

Pour des cas avérés positifs, a-t-il précisé, on les conseille à prendre des médicaments et surtout de ne pas se décourager. Concernant d’autres modes de contamination tels que l’utilisation des outils tranchants dans les salons de coiffure, cette autorité a recommandé aux tenanciers de ces salons de toujours stériliser les objets qu’ils utilisent.

Le dépistage reste le moyen le plus efficace

Certains habitants interrogés dans la commune de Giheta ont encore peur de se faire dépister et d’autres ignorent leur état sérologique.

« J’ai peur de me faire dépister parce qu’aucune fille ne peut plus m’approcher si elle apprend que je suis séropositif », témoigne un habitant.
« J’ai peur de me faire dépister. L’idée ne m’est pas encore venue », confie un autre.
D’autres ont osé prendre le taureau par les cornes comme le témoignent les deux habitants. « J’ai été dépisté pour savoir mon état sérologique et je suis bien portant. Cela va me permettre de bien me comporter ».

Et un autre d’ajouter : « Je me suis fait dépister pour connaître ma santé. Je vais m’abstenir »
Du côté de la commune Ngozi, certains habitants disent qu’ils sont prêts à se faire dépister.
« Je me suis fait dépister en compagnie de ma femme et je suis portant. Il y a trois mois que j’ai fait faire le test. Il faut absolument connaître son état sérologique. Tous les deux mois je me rends au CDS. J’ai déjà fait 7 tests ».

Du côté, de l’ABUBEF, Joselyne Nibizi indique qu’il n’est pas facile de prendre une décision d’aller se faire dépister. Elle a précisé que des séances de sensibilisation sont organisées à l’endroit des jeunes tous les après-midis pour les aider à vaincre la peur. « Nous avons des groupes de solidarité des jeunes dans toutes les communes. Beaucoup d’entre eux se sont déjà dépistés ».

Même activité du côté du centre de santé ami des jeunes de Giheta, Scholastique Ntiranyibagira a informé que les jeunes sont sensibilisés tous les vendredis. « A cette occasion, nous recevons des qui se font dépister ».

Usage de la capote, autre moyen de se protéger

Des témoignages recueillis dans la commune de Giheta renseignent que certains jeunes font usage de la capote pour se prévenir contre le VIH-SIDA.

« J’utilise la capote pour me protéger contre les maladies sexuellement transmissibles », a affirmé un des jeunes. « Oui je l’utilise pour me protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et pour éviter la grossesse », a témoigné, une des jeunes filles.
Même situation dans la ville de Ngozi : « Quand la capote se déchire, je me rends au CDS pour une protection ». D’autres recourent à l’automédication. « Moi j’achète des médicaments dans la pharmacie ».

La ville de Rumonge n’est pas en reste. « J’utilise la capote. Des fois on négocie avec nos partenaires. Certains acceptent de l’utiliser. D’autres réduisent le prix quand qu’ils l’utilisent ou l’augmentent en ne le l’utilisant pas ».
Du côté de l’ABUBEF, Joselyne Nibizi y voit un danger. Elle soutient celles qui acceptent le bas prix pour se protéger. Il y va de l’intérêt de leurs familles, a-t-elle fait observer, avant de marteler : « La vie n’a pas de prix »

Même observations du côté de Scholastique Ntiranyibagira qui met en garde ceux qui recourent aux médicaments. « Quand la capote se déchire, il ne faut pas acheter les médicaments. Mais quels médicaments ? Il faut aller au CDS dans 48h pour être protégé », a-t-elle conseillé.

Quid de l’abstinence ?

Quelques participants à la synergie des médias du 2 décembre 2022

Les participants à ladite synergie ont trouvé que l’abstinence est et reste le seul moyen de se protéger contre le Sida. Joselyne Nibizi a encouragé les jeunes à faire de l’abstinence, tout en exhortant les couples mariés à éviter l’adultère. Selon elle, l’adultère crée des mésententes dans les couples.

De son côté, Audrey Nihorimbere du RNJ+/ a fait remarquer que certains jeunes ignorent encore les moyens de se protéger. D’autres, a-t-elle ajouté, sont désorientés. Et d’y voir un danger pour l’avenir du pays car les jeunes, fait-elle observer, constituent une force pour le Burundi de demain.

Des recommandations

Les participants à ladite synergie et surtout les intervenants dans la lutte contre le Sida ont émis plusieurs recommandations. Ils ont demandé aux associations de livrer le même message au niveau de la sensibilisation. Ils sont revenus sur l’abstinence comme moyen efficace de se protéger contre le Sida.

Par ailleurs, ils ont fustigé le comportement de certains jeunes et les ont exhortés à éviter l’automédication.
Samuel Nininahazwe, conseiller du gouverneur chargé des questions sociales, a exhorté les jeunes à éviter les lieux de débauche et à ne pas se distraire avec les films pornographiques. Il les a invités à suivre les conseils qui leur sont prodigués par les médecins.

Cette autorité provinciale a appelé les parents à renforcer l’éducation et l’encadrement de leurs enfants en tout et partout.

Quid des statistiques ?

Selon les données de l’ONUSIDA, plus de 40 millions de personnes sont déjà mortes du SIDA. En Afrique de l’Est, le taux de prévalence a diminué jusqu’à 60%. Le Burundi vient en tête en Afrique de l’Est et Centrale dans la lutte contre le SIDA. Les statistiques de la première moitié de l’année 2022 du ministère de la Santé et de lutte contre le SIDA montrent que 91,8% des personnes savent qu’elles ont le VIH-SIDA, 99,8% des personnes vivant avec le Sida sont sur les antirétroviraux, 90,7% qui ont fait le dépistage, n’ont plus le virus dans le sang. Concernant le dépistage chez les jeunes de moins de 15ans, les chiffres sont encore faibles (39,7%, et pour ceux qui ont plus de 15 ans, les chiffres sont à 96,6%. Dans ces mêmes catégories ceux qui sont sur les antirétroviraux, et ceux qui ont été dépistés, les chiffres montrent que le virus ne se trouve plus dans le sang à 83,6%.
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