Après les réactions peu courtoises de certaines personnalités politiques, en colère contre le message pastoral des évêques catholiques, je me suis intéressé à analyser le contenu des textes officiels de l’Eglise catholique dans les différents processus électoraux qu’a connus le Burundi. Je me suis référé aussi à l’excellent travail de Fidèle Ingiyimbere, l’Eglise catholique et les élections au Burundi.
J’ai remarqué qu’à chaque fois qu’il y a eu des élections, les évêques ont toujours adressé des messages à leurs fidèles avant, pendant et après les élections.- Toutefois, je n’ai retrouvé aucun texte officiel de l’Eglise sur les élections tenues sous la deuxième République. Ce qui est une indication importante sur la situation qui régnait au Burundi en ce moment…
Au cours des élections communales qui se sont déroulées du 15 novembre au 8 décembre 1960, les législatives du 18 septembre 1961 comme les législatives de 1965, l’Eglise s’est voulue politiquement neutre, tout en participant indirectement à l’évolution politique à travers les chrétiens. « Les Vicaires apostoliques du Burundi défendent à tous leurs prêtres et religieux, de participer directement à la création ou à la propagande de tout parti politique… L’Eglise fustige toute cause de haine, toute chose qui déstabilise chacun dans ses biens et dans sa vie, soit en le tuant ou en les lui dérobant. »
L’Eglise catholique a accompagné tous les processus démocratiques depuis 1990 jusqu’au lendemain de l’élection présidentielle de 1993. Plusieurs lettres ont été écrites sur la démocratie. En guise d’exemple, constatant qu’il y a débordement dans le langage de certains partis politiques, ils ont tiré la sonnette d’alarme sur le comportement de ces derniers. Dans leur message du 3 décembre 1992, ils ont interpellé les chefs des partis politiques pour consolider l’unité nationale, respecter ceux d’autres opinions politiques.
Le 4 juin 1993, au lendemain de l’élection présidentielle, les évêques ont félicité les électeurs d’avoir suivi les conseils prodigués trois ans durant et obéi à leur conscience en votant le président de leur choix.
Pendant les élections de 2005, la CECAB a produit deux textes relatifs aux élections. Elle a rappelé que la démocratie consiste surtout dans la manière dont les élus exercent leurs fonctions de dirigeants, en respectant tous les citoyens et en défendant leurs droits.
Lorsque la plupart des partis politiques d’opposition ont rejeté les résultats des élections communales du 24 mai, les évêques ont donné leur position. « Nous estimons qu’il n’y a pas de raison majeure en faveur de la reprise de ces élections. »
La conférence des évêques catholiques a annoncé le 27 mai 2015, le retrait de sa participation au processus électoral. « L’Église a une mission de réconciliation. Nous ne pouvons pas cautionner un processus où l’absence de consensus est manifeste. »
En définitive, objectivement, on peut dire que les évêques catholiques ne cherchent pas à plaire ou à déplaire à qui que ce soit. Ils analysent, jaugent la conjoncture du pays sous tous ses aspects et proposent des solutions pour des élections démocratiques. Ils ne « crachent pas leur venin de haine », ils préfèrent une vérité qui peut ne pas plaire. En tout cas leur message n’est pas « un venin ».