« La liberté d’expression est garantie. L’État respecte la liberté de religion, de pensée, de conscience et d’opinion ». Cet article 31 de la Constitution du Burundi est sur toutes les lèvres après l’incarcération de Kefa Nibizi, président du parti Codebu, « Iragi rya Ndadaye ». Il serait victime d’un tweet de son parti posté le 13 octobre à la commémoration du 62ème anniversaire de l’assassinat du héros de l’indépendance. « A ce moment où le Burundi croupit dans la misère sans précédent à cause du leadership défaillant, le parti Codebu invite la population à ne pas céder à la résignation et de prendre l’exemple du Prince Louis Rwagasore pour redresser la situation qui ne fait que s’empirer ».
Son incarcération choque. Elle est sous les feux des critiques. Une opinion estime qu’il y a eu erreur de procédure. Kefa étant un homme politique, il aurait dû être interpelé, recadré par le ministre ayant la gestion des partis politiques dans ses attributions, si réellement il avait outrepassé la loi. Par ailleurs, il y a un forum des partis politiques. C’est l’avis du politologue Denis Banshimiyubusa : « Du moment que Kefa n’a jamais parlé de violence, d’armes, de révoltes, comment s’est-il retrouvé devant le procureur général de la République ? » Il estime qu’il n’y a rien qui porte atteinte à la sureté intérieure de l’Etat dans le tweet, mais trouve plutôt un mobile politique. « A la veille de l’échéance électorale, c’est un avertissement sévère. Le parti au pouvoir se prépare pour se présenter aux élections presque en solo, ou alors sans voix discordante qui puisse critiquer ses actions ou ses comportements. »
La population salue la fermeté qu’affichent les parlementaires ces derniers jours lors des questions aux membres du gouvernement. Certains ministres sont même menacés de motion de censure alors qu’ils sont de la même famille politique. Le chef de l’Etat ne cesse de rappeler qu’avec un leadership défaillant, le pays ne peut pas progresser. Il se développe donc une autocritique au sein du parti au pouvoir. Ce qui est bien pour la démocratie. Pourquoi alors la critique ne viendrait pas du dehors du « système » au pouvoir, en l’occurrence l’opposition ?
Le Burundi vient d’être élu membre du Conseil des droits de l’Homme. C’est une fierté pour le pays, et on doit montrer qu’on mérite de figurer parmi cette auguste assemblée. Parmi les conditionnalités exigées par certains partenaires pour décaisser les fonds promis figure entre autres le respect des droits de l’Homme, y compris la liberté d’opinion. Cette liberté, justement, les partis politiques en ont aussi besoin. On s’achemine vers les élections. Les partis politiques doivent encadrer, animer leurs militants et sympathisants. Le multipartisme étant reconnu par la constitution, tous les partis agréés, sans exception, devraient participer à l’animation de la vie politique afin de permettre aux citoyens d’opérer librement leur choix. Le jour du vote n’est pas le jour du choix, mais c’est le jour de la concrétisation du choix. Par ailleurs, un opposant n’est pas un ennemi. Sous d’autres cieux, les partis de l’opposition peuvent proposer des solutions alternatives à la politique de la majorité en place.
On vient de faire la publicité pour Kefa. Qui connaissait ce Monsieur dont le parti n’existe que par de nom? Maintenant les Burundais et les étrangers savent qu’il y a un politicien qui a été emprisonné pour son opinion puis libéré suite au tapage médiatique et la pression internationale? Quelle erreur pour le système DD!
Le système DD peut te remercier pour ta compassion! Quelle gentillesse!
Cher Laurent,
Je suis d’accord avecvous. sauf queRufyiri a pointé du doigt 4 personnes (en les nommant ) qui rafflaient tous les marchés publics juteux.
Bien sûr que ces intouchables partagent avec les grands du moment.
– « Gufobeka » : L’art d’exprimer une idée ou un souhait indirectement, par un moyen détourné.
– « invite la population » : Toute la population! ;
– « […]ne pas céder à la résignation »[…] :
Contraires de « résignation » : contestation, lutte, protestation, révolte (https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9signation/68610) ;
– « […]prendre l’exemple du Prince Louis Rwagasore pour redresser la situation[…] » : Qu’est-ce qu’a fait Rwagasore? Il s’est révolté contre les colonisateurs!
– « […]redresser la situation qui ne fait que s’empirer(!)… »= « C’est très urgent! ».
Re-phrasons tout cela : « Pour éviter de continuer de croupir dans une misère sans précédent qui ne cesse de s’empirer, le parti CODEBU invite la population à se révolter de toute urgence contre le leadership défaillant! » (C’est cela la vrai signification du tweet!).
Verdict : Incitation à la révolte!ET… si on s’adresse à (toute) la population, il y a atteinte à la sûreté intérieure de l’État.
P.-S. : O-P-I-N-I-O-N P-E-R-S-O-N-N-E-L-L-E !
Dans ses ibterventions antérieures, il a toujours été une caisse de résonnance du parti CNDD/FDD,.
Mais quelle mouche l’avait piqué pour pondre un tweet pareil???
Mais je me demande toujours pourquoi les gens comme Rufyiri et le président du PARCEM ne sont jamais inquiétés.
Juste une question insidieuse.
Nous serons un pays emergeant en 2040 et développé en 2060. Songa Mbere
J’admire votre optimisme/sense d’humour. Oublions le 2030 et 2060 plan car le pays est fauché.
Je me dis que la seule et unique raison que Mr Rufyikiri n’est pas encore inquiété est que cette une personnalité déjà connue par les institutions internationales qui financent le Burundi. Un peu comme Agathon Gwasa: Légitimiser cette idée d’une démocratie avec des vois dissidentes. Remarquez que Mr Rufykiri parler tjrs en termes générales. Vous l’entendrai jamais donner des noms specifiques ou des details de qui a fait quoi, ou , pour combien, quand et avec qui. Jamais.
Il faut s’y habituer! Le Burundi sera un pays emergent… puis developpe,… dans un mutisme total impose a la population! Qu’attendez-vous d’un pays qui donne la priorite aux dirigeants qui « only know to put their mouths where food is!