Des enfants vendent de l’eau, des sachets biodégradables, des beignets et biscuits… au centre-ville de Bujumbura. « Leur place ne devrait pas être celle-là », s’indignent les défenseurs des droits des enfants. Ils se sont exprimés à l’occasion du 12 juin, journée mondiale contre le travail des enfants.
P.N., un enfant de 15 ans natif de la commune de Kabarore en province de Kayanza commercialise de l’eau de boisson au centre-ville de Bujumbura. Depuis mai 2023, il s’est lancé dans ce commerce après qu’il a quitté son patron qui l’exploitait dans la commercialisation de biscuits.
Trompé par son ancien employeur qui est son voisin sur sa colline natale, il a quitté Kabarore. « C’est un voisin qui m’a dit que c’est bon de descendre chercher de l’argent à Bujumbura », témoigne-t-il. Ce dernier a accepté facilement car, explique-t-il, son futur employeur lui disait qu’actuellement cela ne sert à rien de fréquenter l’école.
Il était en 6è année de l’école fondamentale. Le lendemain, c’était au mois de janvier 2023, il avait encore 14 ans. Il a accepté de descendre à Bujumbura à l’insu de ses parents. Son voisin à Kabarore, sur la colline Jene, lui a donné alors un travail de commercialisation des biscuits au centre-ville pour un salaire de 25000 BIF par mois.
Bien que ce salaire soit très maigre, il a fini par avoir un petit capital pour faire ce commerce, mais cette fois ci pour son propre compte. « J’ai vu que si je continue de travailler pour lui, je ne pourrais même pas m’acheter une culotte ». Par après, il a préféré utiliser la petite somme qui lui restait pour acheter deux bidons de 5 litres et quelques gobelets en plastique pour faire le commerce de l’eau.
Pour le moment, il confie pouvoir gagner jusqu’à 5 000 BIF par jour. Il consomme 2000 BIF par jour et épargne le reste. «J’ai même envoyé de l’argent à mon père. Il a acheté une chèvre pour moi ».
Un calvaire pour certains
I.E., son ami de 15 ans, a lui aussi été flatté par le même patron avant de descendre à Bujumbura en provenance de Kayanza. Après un certain temps, il l’a menacé de le renvoyer. « Il ne m’a pas payé, arguant que j’ai enregistré des pertes. Il ne m’a donné que 1000 BIF ». Chassé, il explique qu’il a été soutenu par des amis qui lui ont donné des bidons et gobelets pour le commerce de l’eau de boisson au centre-ville de Bujumbura.
Les deux garçons déplorent que certains adultes boivent leur eau sans les payer. « C’est Dieu seul qui nous vengera. » D’après eux, certains osent même les frapper s’ils réclament avec insistance leur argent. Ils disent qu’ils prévoient de regagner leurs collines pour s’inscrire à l’école en août prochain.
D’autres enfants effectuent des commerces ambulants de toutes sortes de biscuits, de sachets biodégradables, d’arachides…au centre-ville pour le compte de particuliers.
D’autres secteurs concernés
David Ninganza, président de la Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la Paix et l’Enfance (SOJPAE), indique que des enfants sont également exploités dans le secteur de l’agriculture, surtout au moment du repiquage du riz.
Il déplore que des enfants passent des heures et des heures leurs dos courbés alors qu’ils ne sont encore pas matures. « Ce travail peut fragiliser la santé de l’enfant surtout par la déformation de la colonne vertébrale. » Selon lui, même des enfants abandonnent l’école pour aller garder les champs de riz afin qu’ils ne soient pas envahis par des oiseaux.
Au niveau des mines et carrières, des enfants s’occupent du chargement et du déchargement des camions dans certaines rivières de la ville de Bujumbura. « Les camionneurs profitent des enfants qui constituent une main d’œuvre moins chère ». Le président de la SOJEPAE ajoute à ces travaux, les activités de pêche et les travaux domestiques.
Selon lui, les causes sont multiples, à commencer par la disette liée à la pauvreté aiguë de la communauté, la négligence des parents qui ne s’occupent pas convenablement de leurs enfants, l’ignorance de la loi, etc. Sans oublier la dislocation des familles.
La SOJEPAE constate que les enfants négligés et non encadrés sont récupérés par ceux qui les exploitent économiquement.
Mais le président de SOJEPAE reconnaît, néanmoins, des avancées par rapport à certains pays. Il se réjouit de l’existence des services étatiques et de la société civile pour la protection de l’enfant. Les enfants ne sont pas utilisés dans la culture du café et du thé ou dans des usines comme la Sosumo. Et de recommander aux parents de prendre leurs responsabilités.
Pour lui, ce n’est pas l’enfant qui nourrit la famille ; mais plutôt les parents. Il ne faudrait pas de plus, considère David Ningaza, que des gens exploitent les enfants en présence d’élus locaux. « Ils sont là pour protéger les enfants ». Il propose de rendre opérationnelle la réglementation du travail informel et le code de protection de l’enfant qui, déplore-t-il, ont été élaborés mais qui ne sont pas encore publiés officiellement.
Nécessité des poursuites judiciaires
De son côté, Me Prime Mbarubukeye, président et représentant légal de l’Observatoire National pour la Lutte contre la Criminalité Transnationale (ONLCT) : où est ton frère ? , déplore la situation des enfants burundais qui sont plongés contre leur gré dans le travail forcé par leurs mères migrantes en provenance de l’intérieur du pays.
« Elles viennent s’installer dans certains centres urbains du Burundi », commente-t-il dans son communiqué du 12 juin 2023, sorti à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants. Il cite notamment la mairie de Bujumbura (centre-ville), le chef-lieu des provinces Gitega et Ngozi.
D’après lui, ces femmes migrantes burundaises, après la fin du travail qu’elles effectuaient dans la riziculture, la construction, etc., ne veulent pas retourner sur leurs collines d’origine. « Elles préfèrent plonger leurs enfants dans la mendicité et le travail forcé pour ainsi avoir de quoi mettre sous la dent ».
Le président de l’ONLCT demande alors au gouvernement de procéder à la vulgarisation du code du travail burundais et prône, en outre, une poursuite en justice de tous les auteurs du travail forcé soumis aux enfants conformément à la loi.
Les enfants burundais travaillent depuis des siècles dans les champs de leurs parents.Africains arrêtez de singer les bazungu.Ayez vos règles sur la base de vos propres traditions.Ne soyez pas d’éternels colonisés,pensez par vous-mêmes!Personne ne vous respecte à cause de votre mentalité de colonisé.Dans un pays sans écoles pour tous car pauvre que doivent faire les enfants?S’asseoir à rien faire toute la journée?Le Burundi traditionnel a des droits humains bien avant les droits des bazungu qui ont détruit l’Africain pour mieux prendre ses terres.
Démagogie quant tu nous tiens! Pourrais-tu nous donner un seul exemple prouvant que toi, le brave, tu t’es déjà affranchi de cette mentalité de colonisé?
« Enfreindre la traditions est aussi une tradition », nico gituma bavuga ko « La tradition est la somme des valeurs vieilles ».
Très humblement je pense que les enfants de « pauvres » comme vous le dites, ont aussi le droit de rêver et d’aspirer à mieux, et tout commence par l’éducation. Cela est valable chez le « colonisateur », tout comme c’est valable chez nous.
Je finirai par dire ( et c’est mon opinion personnelle), que tout les maux que notre pays connaît aujourd’hui, sont des conséquences directes ou indirectes du refus d’accès à l’éducation de générations d’enfants par le passé.
Cordialement