Avec l’introduction de nouveaux gros bus dans la circulation urbaine, les files indiennes d’autrefois s’écourtent de plus en plus. Si les clients se disent satisfaits, il persiste néanmoins plusieurs défis. Reportage.
Un ouf de soulagement. C’est l’émotion partagée par tous les amateurs du transport en commun rencontrés mercredi sur la piste à l’arrêt-bus du centre-ville de Bujumbura.
Dans le grand véhicule Tata de l’agence Mémento transport, Jackson s’assoit confortablement, la tête dans son téléphone. Il part pour Ruziba, dans la commune Muha. Bien que Mémento tarde à se remplir, ce jeune homme ne semble pas préoccupé. «Je ne suis pas du tout pressé », murmurera-t-il à un moment.
Le véhicule sera plein avec plus de 60 passagers. Mais pour l’heure, seuls trois hommes et deux femmes ont déjà pris place. D’autres bus de la même agence font la queue sur le trottoir de l’avenue d’en bas de l’ex-marché central de Bujumbura. Même constat sur l’afflux des passagers.
Dans les parkings habituels, des bus Hiace à perte de vue. Là aussi les passagers ne se bousculent pas à l’entrée. Sauf qu’ici, avec le nombre de places limité à 18 pour la plupart, ces bus se remplissent rapidement et repartent.
Jackson explique : «Ce n’est qu’une question de choix. Soit vous êtes pressés, vous empruntez ces minibus, vous vous asseyez inconfortablement mais partez au plus vite. Soit vous n’êtes pas pressés, vous choisissez d’attendre dans le confort.» Le même constat chez Jeannette, une élève congolaise qui se rend à Kanyosha. Sortie fraîchement de la classe très affamée, elle opte pour le minibus. «Je suis incapable d’attendre». Elle parle d’un choix entre la perte de temps et l’esthétique.
L’étroitesse des routes, un défi
Dans tous les cas, les passagers se disent satisfaits. Au soir, comme dans les heures de pointe, le mouvement est intense. A ce moment-là, les passagers de ces nouveaux bus gagnent aussi en termes de rapidité. «Plus question d’attendre, ils sont plein en un laps de temps et ils sont d’une grande vitesse», confie l’un des clients d’un bus Volvo.
Ce faisant, les files indiennes, à peine formées, disparaissent au plus vite. «Entre 19h30 et 20h, on ne voit plus de file. Avant ces bus, les files pouvaient même aller au-delà de 21h».
Néanmoins, un hic. «Ces véhicules passent beaucoup de temps avant de revenir», déplore un passager. «S’ils pouvaient être de retour en un temps plus court, les files indiennes ne se remarqueraient plus jamais».
Un aide chauffeur des Mémentos donne une explication: «Hormis le temps de faire le plein, nos bus font face à l’embouteillage. Dans d’autres pays, de tels véhicules ont normalement leur propre trajectoire. »
Un constat que partage Jacques, chauffeur d’un minibus : «Depuis l’introduction de ces véhicules, les embouteillages se sont accentués. Comme ils embarquent beaucoup de clients, ils s’arrêtent de temps à autre. Or nos routes sont étroites.»
21 nouveaux bus assurent le transport en commun en mairie de Bujumbura. Six bus Volvo introduits par le Service et visite technique au Burundi (Seviteb) avec 72 places ainsi que 15 de la société Memento transport ayant chacune une capacité d’embarquer 66 personnes.